Hacker
États-Unis : 2015
Titre original : Blackhat
Réalisateur : Michael Mann
Scénario : Morgan Davis Foehl
Acteurs : Chris Hemsworth, Tang Wei, Leehom Wang
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 2h13
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 18 mars 2015
Date de sortie Blu-ray : 28 juillet 2015
À Hong Kong, la centrale nucléaire de Chai Wan a été hackée. Un logiciel malveillant, sous la forme d’un outil d’administration à distance ou RAT (Remote Access Tool), a ouvert la porte à un autre malware plus puissant qui a détruit le système de refroidissement de la centrale, provoquant la fissure d’un caisson de confinement et la fusion de son coeur. Aucune tentative d’extorsion de fonds ou de revendication politique n’a été faite. Ce qui a motivé cet acte criminel reste un mystère. Un groupe de hauts gradés de l’APL (Armée populaire de libération chinoise) charge le capitaine Dawai Chen, spécialiste de la défense contre les cyberattaques, de retrouver et de neutraliser l’auteur de ce crime. À Chicago, le Mercantile Trade Exchange (CME) est hacké, provoquant l’inflation soudaine des prix du soja. Carol Barrett, une agente chevronnée du FBI, encourage ses supérieurs à associer leurs efforts à ceux de la Chine. Mais le capitaine Chen est loin de l’idée qu’elle s’en était faite. Formé au MIT, avec une parfaite maîtrise de l’anglais, l’officier chinois insiste pour que ses homologues américains libèrent sur le champ un célèbre hacker détenu en prison : Nicholas Hathaway. Pour Hathaway, rompu à la dureté de la vie carcérale et farouchement insubordonné, c’est peut-être la dernière chance de retrouver une vie normale. Pour ce, il va devoir démasquer l’auteur du logiciel malveillant, le localiser et l’appréhender…
Le film
[3/5]
Il ne s’agira d’un scoop pour personne : le cinéma de Michael Mann a toujours été d’une froideur qui maintient désespérément une partie du public à la porte de son Cinéma. Bien plus profond et philosophique qu’il n’y paraît à première vue, le cinéma de Mann évolue avec une lenteur calculée, que d’aucuns qualifieraient de prétentieuse et/ou interminable. En effet, à de rares exceptions près, Mann met sa caméra au diapason de ses personnages, qui sont le plus souvent des solitaires enclins à l’introspection évoluant dans des environnements urbains tentaculaires qui les fascinent, mais au cœur desquels ils sont conscients de n’être que des pions, des rouages insignifiants. Le solitaire made in Michael Mann est un simple pion au sein d’un univers anxiogène, étouffant, plus grand que lui, au propre comme au figuré.
Depuis presque dix ans, Michael Mann n’avait pas abordé de front le polar « contemporain ». Il n’est point étonnant de le voir s’attaquer avec Hacker à la cybercriminalité, la menace technologique, invisible pendant les trois quarts du film, qui transforme non plus simplement la ville mais le monde entier en une menace potentielle – l’intrigue nous mène en effet de Washington à Djakarta, en passant par Hong-Kong ; d’une simple pression sur une touche « enter » (plan que le cinéaste nous ressert plusieurs fois pendant Hacker), Mann filme ces anonymes qui créent autant d’effets papillons. D’une simple pression sur une touche, combien de cracks boursiers, combien de morts, combien de vies broyées ? Polar post-11 septembre aussi désabusé que réaliste, Hacker sera aussi l’occasion de retrouver deux séquences de fusillade littéralement époustouflantes, de celles dont Michael Mann a le secret et qui mettent tout le monde d’accord (même les détracteurs aux « lenteurs » propres à son cinéma).
Bref, il y a peu de chances pour que Hacker fasse bouger les lignes des pro et anti-Michael Mann. Ceux qui s’ennuyaient déjà poliment devant Heat il y a vingt ans ne changeront pas leur fusil d’épaule, tandis que les amateurs éclairés du cinéaste (dont le talentueux Jean-Baptiste Thoret) continueront à crier au génie. Et au milieu de tous ceux-ci, il y a Tobias Dunschen et moi, qui ne savons pas nous décider…
Le Blu-ray
[4,5/5]
Hacker arrive sur galette Blu-ray sous les couleurs de Universal Pictures. Comme à son habitude depuis Collateral, Michael Mann expérimente beaucoup en numérique, et l’image fluctue donc légèrement selon les séquences ; mais la fidélité au matériau d’origine est au rendez-vous, le piqué est précis, les couleurs explosent, les contrastes sont magnifiques et l’encodage s’en sort haut la main. Niveau son, comme à son habitude, l’éditeur nous proposera une VF en DTS 5.1 mi débit très honnête, mais c’est vraiment sur la version originale mixée en DTS-HD Master Audio 5.1 que le spectacle et l’immersion seront totaux : dynamique, basses, scène arrière, précision… Tout est au taquet, c’est une véritable merveille, en particulier sur les scènes d’action -tonitruantes- et les scènes musicales d’introspection.
Niveau bonus, les suppléments sont divisés en trois featurettes, intitulées « La cyber menace », « Sur les lieux de tournage, autour du monde » et « Créer la réalité ». En quarante minutes, on entendra donc les propos de Michael Mann, et certaines anecdotes valent réellement le détour (saviez vous que beaucoup d’enseignants du MIT ont séjourné en prison ?). Intéressant !
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