Test Blu-ray : Grosse fatigue

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Grosse fatigue

France : 1994
Titre original : –
Réalisation : Michel Blanc
Scénario : Michel Blanc, Betrand Blier
Acteurs : Michel Blanc, Carole Bouquet, Philippe Noiret
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h24
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 18 mai 1994
Date de sortie DVD/BR : 26 février 2020

Michel Blanc écrit le scénario de son prochain film, dont l’interprète doit être Carole Bouquet. Un matin, la police débarque chez lui : Josiane Balasko a porté plainte contre lui pour viol et ça n’a pas l’air d’être une plaisanterie…

Le film

[3,5/5]

Dans le court entretien faisant office de making of sur le DVD Collector de Grosse fatigue sorti en 2002, Michel Blanc évoquait, quelques années après le tournage du film, son admiration pour Woody Allen, et expliquait la façon dont il avait « co-écrit » la première mouture du scénario avec Bertrand Blier. Avouant lui-même qu’il se rendait aux séances de travail en simple « spectateur » de l’imagination de Blier, il avait finalement du remanier un scénario trop fou, nous proposant par exemple un final mettant en scène une quarantaine de clones de Michel Blanc, afin de lui remettre un pied dans le réel en quelque sorte. C’est amusant au final, car ces influences manifestes reflètent exactement les défauts et les qualités du film.

En l’état, Grosse fatigue ne laisse effectivement aucun doute quant à la volonté du comédien de faire rire avec les mêmes gimmicks que Woody Allen : hypocondrie, cynisme, couardise… Cela dit, si les dialogues sont soignés et s’avèrent parfois vraiment savoureux, Blanc ne parviendra que très rarement à faire mouche dans les scènes le mettant en scène, laissant en bon clown blanc le soin à ses camarades de briller : Carole Bouquet, Philippe Noiret, la bande du Splendid, les seconds-rôles tels que Philippe du Janerand ou encore Jean-Louis Richard. La « rationalisation » de l’intrigue par Michel Blanc se retrouvera dans le déroulement du récit, qui reste sur les rails du « plausible » et n’exploite finalement que bien peu les possibilités énormes que permettait l’intrigue à base de sosies.

Cependant, il ne fallait pas être sorti de Saint-Cyr pour reconnaître la patte de Bertrand Blier dans Grosse fatigue, et les nombreuses séquences issues du scénario d’origine sont clairement repérables, d’autant qu’elles changent parfois de façon brusque – mais efficace et ô combien énergique – la tonalité de l’ensemble. Généreux, et toujours enclin à partager un peu de son génie avec d’autres, Blier y recyclait par moments certaines séquences de ses propres films pour les y recoller presque à l’identique (la scène du commissariat). De même, la séquence de la garde à vue (« Nominé ! »), celle du miracle dans le village (« Je marche… et je bande ») ou encore toute la fin du film, à partir de l’apparition de Philippe Noiret, semblent tout droit sorties d’un film de Blier. On peut par ailleurs supposer que quelques-unes des « chutes » et autres séquences non-utilisées pour Grosse fatigue seront recyclées par Bertrand Blier lui-même sur son film Les acteurs (2000).

Mais paradoxalement, si le film de Michel Blanc donne parfois l’impression d’être un étrange mélange de sous-Woody Allen et de sous-Bertrand Blier, la recette Grosse fatigue parvient tout de même à prendre, grâce à une poignée de séquences mémorables et à un rythme bien géré, ne permettant jamais au spectateur de trouver le temps long (la courte durée du film y est probablement pour quelque-chose également). Le ressenti est donc au final plutôt positif, d’autant que le film traverse les années sans trop de difficultés, supportant sans problème des visionnages répétés – à titre personnel, je l’ai vu à trois reprises en l’espace de 25 ans, sans aucun sentiment de lassitude.

Le Blu-ray

[4/5]

Disponible chez Gaumont au sein de la trente-et-unième vague de sa collection Blu-ray Découverte (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray), Grosse fatigue s’offre donc, un peu plus de 25 ans après sa sortie dans les salles, un lifting Haute-Définition très attendu par les amateurs de comédie, et plus particulièrement par les amoureux de la troupe du Splendid et de leurs œuvres en solo.

Présenté au format 1.85 respecté et en 1080p, Grosse fatigue bénéficie donc de l’expertise de Gaumont en termes de restauration, et s’offre de fait une petite cure de jouvence. La définition en ressort accrue, les couleurs sont belles, et le grain cinéma a été parfaitement préservé. L’ensemble s’avère d’une finesse remarquable, et s’il ne s’agit pas d’une totale redécouverte, on salue tout de même l’excellent travail technique de l’éditeur sur ce titre. Côté son, le film de Michel Blanc est mixé en DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo d’origine : les dialogues sont clairs, nets et parfaitement découpés, on ne déplore aucun souffle disgracieux… Du beau travail acoustique qui vient comme la cerise sur le gâteau d’une présentation vidéo optimale.

Du côté des bonus, l’éditeur reprend une partie des suppléments déjà disponibles sur le DVD du film (et en SD). On retrouvera donc avec plaisir le commentaire audio du réalisateur Michel Blanc, qui s’accompagnera d’un passionnant entretien avec Michel Blanc (22 minutes), qui joue cartes sur table avec une sincérité vraiment étonnante et de nombreuses anecdotes liées à l’écriture du film (il a épuisé Jacques Audiard et Bertrand Blier) mais également à sa carrière en général, ou à son rapport à la célébrité. C’est intéressant, enlevé, souvent drôle, bref, le complément de programme idéal. Une bande-annonce ferme la section.

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