Gringo
États-Unis, Australie : 2018
Titre original : –
Réalisation : Nash Edgerton
Scénario : Anthony Tambakis, Matthew Stone
Acteurs : Joel Edgerton, Charlize Theron, David Oyelowo
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h51
Genre : Thriller, Comédie
Date de sortie cinéma : 9 mai 2018
Date de sortie DVD/BR : 10 septembre 2018
Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils se rendent au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Sur place, Harold apprend non seulement que ses patrons prévoient de le licencier, mais également que sa femme le quitte. Désespéré et ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle décide de simuler son propre enlèvement afin d’extorquer une rançon de cinq millions de dollars à Elaine et Richard…
Le film
[4,5/5]
Au milieu des années 90, sous les impulsions croisées de Quentin Tarantino (Pulp fiction) et des frères Coen (Fargo) était né un genre de polar un peu à part, que l’on pourrait appeler polar « de pieds nickelés ». Mettant en scène, le plus souvent sur une intrigue assez complexe et foisonnante de personnages, des truands improbables -voire franchement idiots- embarqués dans des histoires qui les dépassent complètement, et ayant des réactions parfois franchement irrationnelles, le polar « de pieds nickelés » a immédiatement engendré toute une vague de films du même genre. Parmi les cinéastes ayant contribué à donner au genre ses lettres de noblesse, derrière les frères Coen qui s’en sont fait une véritable marque de fabrique, on pourra naturellement citer quelques noms prestigieux tels que John Dahl, Danny Boyle ou encore Joe Carnahan, qui lui a offert son « chant du cygne » avec Mise à prix en 2006. De fait, depuis le tournant des années 2010, les fiers représentants du polar « de pieds nickelés » se sont d’avantage espacés dans le temps, comme si le genre, irrémédiablement assimilé au cinéma des frères Coen, était un vestige des années 90 qui avait bel et bien fait son temps.
Mais ni le genre ni les frères Coen n’ont dit leur dernier mot, et sont tous deux (tous trois) encore bien capables de nous livrer de véritables petits chefs d’œuvres. Le polar de pieds nickelés n’est pas mort, il bande encore ! Et sous l’impulsion de Nash Edgerton, on peut même sérieusement dire qu’il bande dur. Nash Edgerton, bien sûr, les cinéphiles le connaissent, déjà un peu parce qu’il s’agit du frère de l’acteur Joel Edgerton, mais aussi et surtout parce qu’il était le réalisateur du brillant polar The square en 2008 (co-écrit avec son frère Joel), « Film Noir » dans la plus pure tradition du genre, dont le scénario complexe mêlait avec habileté histoire d’adultère, petites arnaques, valise remplie de biftons et mari violent. Et dix ans après ce coup d’essai qui s’imposait pour les frères Edgerton comme l’équivalent de leur Blood Simple à eux, Nash se décide enfin à repasser derrière la caméra pour réaliser son deuxième long-métrage, Gringo, qui s’imposera forcément dans l’esprit du spectateur comme son Fargo à lui, dans le sens où Edgerton abandonne la noirceur absolue de son film précédent pour aborder une nouvelle histoire de machination qui part en couille, mais avec une distance et un humour à froid qui rappellent évidemment à nouveau les frangins Coen.
Croisant une foule de personnages au cœur d’une intrigue complexe dont la particularité est de se dérouler d’une façon absolument limpide pour le spectateur, Gringo jongle avec une intrigue à effet « boule de neige » et d’excellentes idées de mise en scène, jouant autant avec les nerfs du spectateur qu’avec ses zygomatiques grâce à un humour très noir et à un scénario vraiment brillant, co-signé par Matthew Stone (collaborateur des frères Coen sur Intolérable cruauté) et Anthony Tambakis (qui connaît bien la fratrie Edgerton pour avoir bossé sur les scénarii de Warrior et Jane got a gun aux côtés de Joel). Pour ne rien gâcher, les acteurs sont tous excellents (mention spéciale à Sharlto Copley et à Amanda Seyfried, tous deux formidables et très touchants), et l’intrigue est aussi jouissive que dégraissée : chaque élément narratif, chaque petite ligne de dialogue sert à quelque chose à un moment dans le film – sans pour autant en attraper pour autant le côté « mécanique » que l’on pourrait craindre. En deux mots comme en cent, Gringo s’avère une formidable surprise, un spectacle intense et souvent très drôle ; bref, un polar de pied nickelés de toute première bourre…
Le Blu-ray
[4/5]
C’est chez Metropolitan Vidéo que vient de débarquer Gringo sur support Blu-ray et DVD. On en profite d’ailleurs pour faire un « Big up » à Metro, qui s’avère un des éditeurs français ayant le catalogue le plus diversifié que l’on puisse imaginer et continue, contre vents et marées, à proposer au consommateur français sur support physique non seulement les films distribués en salles par Metropolitan Filmexport, mais également un grand nombre de DTV ou « Direct To Video » qui font régulièrement le bonheur des cinéphiles. Côté Blu-ray, Gringo est évidemment proposé en 1080p, l’image est d’une précision remarquable, la profondeur de champ a été soignée, les couleurs sont au taquet (très froides sur les séquences américaines, très chaudes sur les séquences mexicaines), les contrastes sont très accentués, tendant à vaguement boucher les noirs par moments. Côté son, le spectacle est assuré à 100%, avec deux encodages DTS-HD Master Audio 5.1, en VF ou en VO. Du très beau travail !
Du côté des suppléments, Metropolitan Vidéo nous propose, outre les traditionnelles bandes-annonces, de découvrir un making of d’une dizaine de minutes (superficiel mais traitant de plusieurs aspects de la production et donnant à entendre quelques propos de -entre autres- Nash et Joel Edgerton), décliné sous la forme de trois featurettes thématiques, s’attardant sur le personnage d’Harold, le tournage au Mexique ainsi que sur les cascades du film.