Test Blu-ray : Ghoulies

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Ghoulies

États-Unis : 1985
Titre original : –
Réalisation : Luca Bercovici
Scénario : Luca Bercovici, Jefery Levy
Acteurs : Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael Des Barres
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h21
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 21 novembre 2023

Lorsque son père meurt, Jonathan et sa petite amie s’installent dans le manoir reçu en héritage. En y découvrant des grimoires, le jeune homme est poussé à s’en servir pour se livrer à d’étranges cérémonies. Pendant l’un des rituels, des créatures démoniaques, les Ghoulies, arrivent pour semer la terreur…

Le film

[3,5/5]

Ghoulies est un fruit de l’époque bénie du vidéoclub triomphant. Exploité en VHS dans la deuxième moitié des années 80, sous la bannière de Vestron Vidéo ET avec une jaquette signée Melki, le film de Luca Bercovici fait partie de ces films qui cartonnaient sur les étagères des vidéoclubs. Son succès était probablement d’autant plus spectaculaire qu’il a permis, grâce à sa filiation de marketing avec des films tels que Gremlins (Joe Dante, 1984) ou Critters (Stephen Herek, 1986), à une génération de jeunes cinéphiles à flirter avec l’interdit, le « fruit défendu » que représentait le rayon Horreur du vidéoclub. En effet, la présence des petites créatures sur la jaquette et dans le résumé du film rassurait les grands-parents, qui ont de fait permis en masse à leurs petits-enfants de louer Ghoulies, ouvrant à une nouvelle génération les portes non pas de l’enfer mais de la série B made in Charles Band.

Pour autant, il y a un grand malentendu autour de Ghoulies : malgré ce que l’on pourrait penser, le film n’est pas – contrairement à Critters – un film familial dérivé de Gremlins. En effet, le projet Ghoulies, initialement intitulé Beasties, remonte à l’année 1983 : après cinq mois de préparation, le tournage du film a commencé en janvier 1984, et était donc en chantier en même temps que le film de Joe Dante. Les studios Warner ont d’ailleurs intenté un procès à Charles Band et Ghoulies Productions pour tenter de les empêcher d’utiliser le titre Ghoulies, mais ils ont perdu. La raison qui explique que Gremlins est finalement sorti en premier est simple : en plein milieu du tournage de Ghoulies, Charles Band et la production se sont retrouvés à court d’argent, ce qui a interrompu le tournage du film pendant plusieurs mois…

Mais si le projet Ghoulies n’est pas directement inspiré du film de Joe Dante, pourquoi, quarante ans après sa sortie, Ghoulies est-il encore régulièrement considéré comme une espèce de sous-Gremlins fauché ? Il y a deux éléments de réponses à apporter à cette interrogation légitime. La première est liée au fait que Ghoulies est finalement sorti après le carton international de Gremlins ; de fait, pour surfer sur le succès du film de Joe Dante, tout le marketing de Ghoulies a été recentré par Charles Band sur les petites créatures dégueulasses, même si ces dernières ne constituaient pas un élément central de l’intrigue du film de Luca Bercovici. En d’autres termes, c’est le succès de Gremlins qui a contribué à créer la fameuse affiche avec le Ghoulie qui sort des chiottes, d’ailleurs reprise par Elephant Films pour cette édition. La deuxième raison est liée aux suites de Ghoulies produites par Charles Band dans les années qui suivraient : Ghoulies II (Albert Band, 1987), Ghoulies III (John Carl Buechler, 1991) et Ghoulies IV (Jim Wynorski, 1994) seraient en effet beaucoup plus centrés sur les créatures, ainsi que sur l’humour en général, ce qui tend à donner une image erronée de l’atmosphère du film original.

Parce que si ce Ghoulies premier du nom comporte quelques petites pointes d’humour, l’ensemble s’avère pourtant assez éloigné de la franche comédie, et développe même une certaine noirceur, mêlée à une tonalité globalement assez « adulte ». D’ailleurs, les deux héros du film, incarnés par Peter Liapis et Lisa Pelikan, ne sont pas des ados ; certes, ils sont présentés comme des étudiants, mais ils étaient respectivement âgés de 36 et 31 ans au moment du tournage – autant dire que Ghoulies nécessite d’entrée de jeu une sacrée suspension de l’incrédulité de la part du spectateur ! Pour le reste, le film de Luca Bercovici est centré sur la magie noire, avec un grand sorcier maléfique revenu d’entre les morts, de méchantes créatures et l’invocation de deux nains, Grizzel et Greedigut. A ce sujet, au fil de sa carrière de producteur, Charles Band a énormément fait tourner de nains : on se souvient notamment de The Creeps en 1997, dans lequel un savant fou ramenait à la vie les grands monstres du bestiaire fantastique de la Universal (Dracula, Frankenstein, la momie, le loup-garou…) sous la forme de nains.

Avec le recul, et en dépit des défauts évidents du film, il va sans dire que les cinéphiles ayant découvert Ghoulies en vidéo il y a presque quarante ans ne pourront que ressentir une certaine tendresse à l’égard du film de Luca Bercovici. Objectivement, il n’offre certes guère réellement plus qu’une poignée d’effets spéciaux réussis, mais son rythme est bon, et les rebondissements sont suffisamment nombreux pour ne jamais provoquer le moindre ennui. De plus, il s’impose comme le reflet d’une époque où les films fantastiques de série B étaient mis en boite par des artisans passionnés qui insufflaient une âme au cœur de leurs films, même quand ils devaient travailler, comme ici, avec des budgets restreints.

Le Blu-ray

[4/5]

Pour notre plus grand plaisir, les éditeurs français continuent d’explorer les recoins les plus sombres du cinéma fantastique des années 80 et en débusquent par moments une poignée d’inédits que l’on n’osait plus espérer voir débarquer un jour en Haute-Définition : en attendant de revoir les Critters en HD (on touche du bois), Elephant Films nous propose ce mois-ci de revoir le premier Ghoulies au format Blu-ray. Tant qu’à faire, gentil Elephant, tu ne pourrais pas explorer encore un peu la cave de Charles Band et nous en ramener Puppet Master et Shadowzone ?

Côté Blu-ray, le rendu « old school » de Ghoulies s’avère tout à fait excellent. Encodée avec soin, la sublime photo ténébreuse du film, signée Mac Ahlberg (Re-Animator), retrouve tout son éclat, avec un excellent niveau de détail et des contrastes ciselés évitant les noirs bouchés. L’image est parfaitement stable et propre, et ne semble avoir subi aucun filtrage numérique : le film conserve un grain argentique très agréable, respectueux du matériel d’origine. Le résultat est donc littéralement impeccable côté image, et côté son, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 imposeront un rendu acoustique clair, net et relativement ouvert, que cela voit en VO ou en VF. Les dialogues sont parfaitement intelligibles, la musique de Richard Band et Shirley Walker perce sans difficulté ni saturation, et l’ensemble est très propre. Du très beau travail.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord les traditionnelles bandes-annonces éditeur (Videodrome, Le Village des damnés, La Ferme de la terreur, Enfer mécanique, La Nurse…). Celles-ci s’accompagneront cela dit d’une présentation du film par Caroline Vié (7 minutes), qui permettra à la brillante journaliste de replacer le film dans son contexte de tournage et de mettre en avant certains de ses points forts, le tout dans une bonne humeur assez communicative.

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