Test Blu-ray : Galveston

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Galveston

 
États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Mélanie Laurent
Scénario : Nic Pizzolatto, Jim Hammet
Acteurs : Ben Foster, Elle Fanning, Lili Reinhart
Éditeur : The Jokers
Durée : 1h34
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 10 octobre 2018
Date de sortie DVD/BR : 20 mars 2019

 

1988. Les temps sont durs pour Roy, petit gangster de la Nouvelle-Orléans. La maladie le ronge. Son boss lui tend un guet-apens auquel il échappe de justesse. Une seule issue : la fuite, en compagnie de Rocky, une jeune prostituée. Deux êtres que la vie n’a pas épargnés. En cavale vers la ville de Galveston, ils n’ont plus rien à perdre…

 


 

Le film

[4/5]

Le cinéma nous réserve parfois de sacrées surprises. Ainsi, si suite au carton international de True detective, il n’était absolument pas étonnant que Galveston, roman écrit par Nic Pizzolatto en 2010, finisse par se voir adapté au cinéma. On ne sera pas non plus forcément surpris de retrouver Ben Foster au casting du film, dans le sens où le romancier plongeait vraiment son lecteur au cœur d’un récit sombre, violent et désespéré, porté par un personnage borderline et impulsif, qui pourra rappeler un des derniers personnages marquants incarnés à l’écran par Ben Foster, dans le très réussi Comancheria de David McKenzie (2016).

En revanche, s’il y a bien une cinéaste que l’on ne s’attendait vraiment pas à voir débarquer aux commandes de cette version cinéma de Galveston, c’est bien Mélanie Laurent. Oui, vous avez bien lu. Mélanie Laurent, l’actrice révélée par Dikkenek en 2006, qui exploserait d’ailleurs la même année avec le succès de Je vais bien, ne t’en fais pas, et qui s’était découvert des velléités de réalisatrice quelques années plus tard. En France, Mélanie Laurent cinéaste, cela donnerait trois films, Les adoptés en 2011 (174.000 entrées), Respire en 2014 (213.000 entrées), et Plonger en 2017 (34.000 entrées). Des films qui, immanquablement, font grincer des dents tous les opposants au système d’avance sur recettes, mais qui contribuent grandement à la diversité du cinéma français contemporain, et à son rayonnement à travers le monde.

Parce qu’il faut croire que si personne en France n’a vu Plonger, une poignée de producteurs américains en revanche ont sans doute eu la chance de le découvrir, et, d’une façon incompréhensible, en ont déduit que cette petite frenchie était faite pour réaliser un polar, un bon vieux road movie / thriller bien poisseux et phallocrate, avec son personnage central violent, alcoolique et taciturne, son sempiternel personnage de pute au grand cœur, ses guns, ses affrontements musclés et son inévitable final désespéré l’imposant comme un fier représentant du « feel bad movie », ces films qui, une fois terminés, vous donnent envie de vous allonger sur une poubelle en attendant la mort.

Et le pire, à la découverte de Galveston, c’est bien que tout cela fonctionne au final parfaitement bien. Parce que Mélanie Laurent, qui affirme à chaque coin d’interview qu’elle n’aime ni la violence ni le cinéma de genre, parvient finalement, par ses réticences à prendre le genre à bras le corps, à créer un polar assez unique, dont la beauté vient essentiellement des moments de « flou » dans sa narration, qui s’imposent comme autant de petits moments de vérité : on pense par exemple aux séquences mettant en scène Elle Fanning et sa « petite sœur », celles tournant autour de son rapprochement avec Ben Foster… Des digressions tantôt poétiques tantôt naturalistes, qui au final donnent au film un cachet étonnant, singulier, et bien plus attachant au final que s’il avait été réalisé par un « yes man » Hollywoodien venu du clip ou de la série TV.

A la découverte de Galveston, il conviendra donc pour le spectateur de mettre de côté tous les « à priori » qu’il peut avoir concernant Mélanie Laurent, et de se laisser porter par le charme, l’intensité et même l’émotion que la cinéaste parvient à insuffler au cœur de son exercice de style américain. On en viendrait même à souhaiter qu’elle réitère son expérience américaine en abordant d’autres genres ne lui étant pas familiers… Juste pour voir quelle sensibilité elle pourrait amener à d’autres genres très codés, tels que le western ou le film d’horreur !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Autant être clair d’entrée de jeu : le Blu-ray de Galveston édité par The Jokers est tout simplement superbe, et rend un vibrant hommage à la qualité des images tournées par Mélanie Laurent, littéralement sublimées par la photographie du film, signée par son complice Arnaud Potier. Le spectateur est happé d’entrée de jeu, la définition, le piqué, les contrastes et surtout les couleurs sont réellement de toute beauté, malgré le fait que le film soit, durant son premier tiers, le plus souvent plongé dans l’obscurité. Le niveau de détail, même dans les arrière-plans, ne sont jamais pris en défaut, les scènes plus sombres ne faiblissent jamais, bref, il s’agit là d’un Blu-ray superbe : tout juste pourra-t-on regretter un léger effet de « banding » horizontal, surtout perceptible sur le générique de fin. Côté son, le spectateur ne sera pas en reste non plus puisque le film est mixé dans un DTS-HD Master Audio 5.1 à la fois en VF et VO : la spatialisation est ample et généreuse, d’un dynamisme total, explosant réellement durant les séquences d’action, couvrant tout le spectre audio avec une finesse absolument épatante, et sur celles nous permettant d’écouter la musique de Marc Chouarain, littéralement envoûtante.

Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, l’éditeur nous propose de nous plonger dans un long entretien avec Mélanie Laurent, entrecoupé d’images du tournage. Elle y reviendra sans langue de bois sur son rapport au genre, sur les avantages et les inconvénients de tourner aux États-Unis, bref les hauts et les bas de son expérience américaine… On aura également droit à une intervention rapide de Ben Foster, partageant avec la réalisatrice de façon plutôt détendue. L’ensemble, d’une durée d’un peu plus de 30 minutes, s’avère assez passionnant et suffisamment rythmé pour ne jamais provoquer l’ennui.

 

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