Galia
France, Italie : 1966
Titre original : –
Réalisation : Georges Lautner
Scénario : Vahé Katcha, Georges Lautner
Acteurs : Mireille Darc, Venantino Venantini, Françoise Prévost
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h44
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 26 janvier 1966
Date de sortie DVD/BR : 26 septembre 2018
Galia, une jeune fille indépendante, sauve de la noyade Nicole qui veut mourir car elle ne supporte plus les infidélités de son mari, Greg. Galia l’héberge et lui propose de surveiller la réaction de Greg face à son absence. Elle s’arrange alors pour faire sa connaissance. Tout d’abord excédée par l’indifférence de Greg, Galia finit par tomber amoureuse de lui et devient vite sa maîtresse…
Le film
[4,5/5]
Dans l’esprit du spectateur contemporain, la carrière de Georges Lautner au cinéma est souvent réduite à ses collaborations, très fructueuses il est vrai, avec le scénariste / dialoguiste Michel Audiard. Cependant, l’œuvre de Georges Lautner ne se limite pas à la série de films qu’il a tournés en suivant la musicalité des mots d’Audiard, de Jean-Marie Poiré ou de Francis Veber, avec qui il a également travaillé à plusieurs reprises. Au contraire, on serait même tenté d’affirmer que c’est bel et bien le talent de metteur en scène de Lautner qui a permis de véritablement « transcender » à l’écran les histoires imaginées par ses scénaristes, de les faire exploser et atteindre leur niveau d’excellence, cette harmonie parfaite du fond et de la forme.
Sorti sur les écrans français en 1966, Galia est la parfaite illustration de cet état de fait. Au départ, il y a donc un scénario de Vahé Katcha adapté de son propre roman ; Galia nous propose donc de suivre une histoire d’amour tortueuse, aussi tragique que tristement banale et contemporaine. La liberté de ton employée, de même que le regard tendre porté sur ses personnages, qu’il ne « juge » jamais, rappelle par bien des aspects un film comme Jules et Jim (1962). Mais le tour de force de Georges Lautner est de parvenir à « dépasser » ce récit, de l’emmener par le biais de la mise en scène au-delà de la simple histoire d’amour contrariée. De fait, le cinéaste tente beaucoup de choses avec sa caméra, expérimente à foison des formes nouvelles, pense ses axes de prise de vue avec malice, et s’avère encore étonnant de nos jours, cinquante ans plus tard, dans ses multiples audaces formelles.
Cette histoire finalement typique d’un certain état esprit, d’une libération des mœurs et de la parole annonçant les événements à venir de mai 68, Lautner la transforme finalement en un véritable manifeste esthétique, un terrain d’expérimentations formelles lui permettant d’explorer les genres, de contourner et revisiter tous les codes et de tenter avec l’aide de ses opérateurs des effets novateurs et parfois déstabilisants. En résulte au final un formidable portrait de femme, porté bien sûr par l’interprétation toujours parfaite de Mireille Darc, et par une maitrise formelle littéralement époustouflante. S’il ne souffrait pas d’un léger manque de rythme –dus peut-être aux atermoiements sentimentaux qui s’éternisent un poil trop dans la première partie du film- on aurait devant les yeux un véritable chef d’œuvre. En l’état, Galia demeure tout de même un « petit » chef d’œuvre dans son genre et l’un des films les plus méconnus de Georges Lautner, à redécouvrir de toute urgence.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible au sein de la vingt-quatrième vague de la collection Blu-ray Découverte éditée par Gaumont, Galia s’offre donc un lifting Haute Définition qui lui permet de retrouver tout l’éclat de sa présentation d’origine. Le film est présenté au format 1.66 respecté, en 1080p, l’image restaurée est de toute beauté, affichant un noir et blanc littéralement superbe : les contrastes sont fins et affirmés (une volonté du directeur photo Maurice Fellous), le grain argentique d’origine est scrupuleusement respecté et le master semble débarrassé de tous les dégâts infligés par le temps (poussières, taches ou autres griffes…). Certains plans « à effets » (fondus enchainés, mentions écrites) sont certes plus doux que d’autres, mais l’ensemble est bien tenu : la restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine. Les dialogues sont clairs et bien découpés, et la musique de Michel Magne (notamment la fameuse adaptation de Bach par Christiane Legrand et les Swingle Singers) est parfaitement mise en avant.
Rayon suppléments, l’éditeur nous propose une présentation du film par Sylvain Perret, spécialiste de Georges Lautner. Ce dernier remet le film dans son contexte historique avec un certain talent, soulignant notamment, outre le fait que l’œuvre de Georges Lautner mériterait d’être réévaluée, que Mireille Darc était vraiment tout particulièrement attachée à Galia et à son personnage. On poursuivra avec un très intéressant entretien avec Venantino Venantini, acteur peu connu mais qui explosait littéralement dans le film de Lautner. Il y évoque ses souvenirs de tournage avec un humour irrésistible… et un très fort accent italien. Outre la traditionnelle bande-annonce, le Blu-ray édité par Gaumont nous proposera également de découvrir un sujet sur la restauration du film, sur le mode toujours efficace du « avant / après ».