Flic et rebelle
États-Unis : 1989
Titre original : Renegades
Réalisation : Jack Sholder
Scénario : David Rich
Acteurs : Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips, Jami Gertz
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h45
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 25 avril 1990
Date de sortie DVD/BR : 6 mars 2024
Buster McHenry travaille comme agent infiltré dans la police locale. En temps normal, il enquête sur les affaires de corruption. Mais cette fois-ci, il va enfreindre la loi en participant à un cambriolage…
Le film
[3,5/5]
Sorti sur les écrans français au printemps 1990, Flic et rebelle est un buddy movie d’action simple mais efficace, dont la sortie dans l’hexagone fut un peu éclipsée à l’époque par le succès de Blue Steel. Il est certain que le film ne tient objectivement pas la comparaison avec le film de Kathryn Bigelow, et qu’il ne réservera aucune réelle surprise aux amateurs de polars musclés des années 80, aussi bien dans sa construction narrative que dans la mise en place de ses deux personnages principaux. Pour autant, avec le recul, il s’agit assurément d’un film d’action très solide : son impact franc et direct et les efforts déployés par Jack Sholder derrière la caméra en font un spectacle plus attachant et mémorable que beaucoup d’autres tournés dans la deuxième moitié des années 80.
On ne va pas se voiler la face : la vraie valeur ajoutée de Flic et rebelle se situe dans sa réalisation, signée Jack Sholder. S’il s’agit là d’un nom que – rengaine connue – les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, les cinéphiles de plus de quarante ans se remémoreront avec une certaine nostalgie la carrière de ce fier artisan de la série B. Pour ces Boomers, détenteurs de cartes vermeil et/ou résidant en Ehpad, le nom de Jack Sholder sera à ranger aux côtés de Anthony Hickox, Tibor Takács ou Steve Miner (et une poignée d’autres), dans la catégorie de ceux qui parvenaient à transcender les maigres budgets dont ils disposaient pour signer des œuvres généreuses et attachantes.
Comme beaucoup des cinéastes que l’on vient de citer, Jack Sholder s’est surtout exprimé dans le genre fantastique, avec des films tels que La Revanche de Freddy (1985), Hidden (1987) ou encore Wishmaster 2 (1999), mais la maestria technique dont il fait preuve au cœur de Flic et rebelle s’avère également tout à fait remarquable. Ainsi, rien que pour la longue scène de poursuite en voiture qui marque la rencontre entre les deux personnages principaux du film (et qui mêle tôle froissée, carambolages homériques et cascades aériennes), le film de Jack Sholder s’impose comme le représentant d’un cinéma direct, rentre-dedans, qui frappe vite et fort. Cette approche bourrine et pleine d’énergie des scènes d’action aurait probablement été impossible si le film avait été un gros blockbuster de studio, et elle fait au final ici véritablement la différence, cette scène à elle-seule valant sans le moindre problème le visionnage de Flic et rebelle.
Pour le reste, l’intrigue imaginée par le scénariste David Rich pour Flic et rebelle ne sort pas réellement des sentiers battus du genre, et met en scène la rencontre entre Buster (Kiefer Sutherland), un flic/voyou constamment sur la brèche, et Hank (Lou Diamond Phillips), un indien mystique cherchant à retrouver un artefact sacré dérobé par une bande de braqueurs dans laquelle Buster était infiltré. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne très bien, et s’avère d’autant plus palpable que Kiefer Sutherland et Lou Diamond Phillips étaient véritablement amis dans la vie : ils s’étaient rencontrés sur le tournage de l’excellent Young Guns l’année précédente, et on les reverrait par la suite régulièrement ensemble à l’écran, comme par exemple sur la première saison de 24 heures chrono en 2001.
Et si l’association des deux personnages fonctionne aussi bien dans Flic et rebelle, c’est qu’elle transcende les notions de bien et de mal : les deux hommes ont leurs propres valeurs, ainsi que leur propre sens moral, mais ne versent jamais dans le manichéisme primaire. En revanche, Marino, le « bad guy » du film, incarné à l’écran par Robert Knepper, est quant à lui une véritable ordure, agissant sans le moindre sens de l’honneur. En dépit de leurs différences, Buster et Hank trouveront donc un terrain d’entente quand il s’agira de mettre un terme aux agissements de ce chef mafieux sans scrupules, à la différence près que Hank est bien déterminé à tuer le mafieux, tandis que Buster aimerait « juste » le coffrer afin de le mettre sous les verrous. On notera également la présence au casting de Jami Gertz, qui avait déjà partagé l’affiche de Génération perdue avec Kiefer Sutherland en 1987. On la verrait par la suite dans le rôle de la petite amie éconduite de Bill Paxton dans Twister (1996), ainsi que dans les séries Urgences, Ally McBeal, Une famille presque parfaite et Entourage.
Malheureusement, l’échec de Flic et rebelle au box-office ne permit pas à Jack Sholder de prolonger les aventures de Buster et Hank sur grand écran, et le força à se recycler durant quelques années dans la fiction TV, en réalisant une poignée de téléfilms et d’épisodes de séries. C’est dommage, car avec une trentaine d’années de recul, on aurait aimé voir se reformer le duo Kiefer Sutherland / Lou Diamond Phillips dans un film d’action se déroulant, par exemple, dans une réserve indienne…
Le Blu-ray
[4/5]
Jusqu’ici totalement inédit en DVD en France, Flic et rebelle arrive ce mois-ci dans un Combo Blu-ray / DVD aux couleurs d’ESC Éditions, qui devrait permettre aux vieux croûtons l’ayant découvert en salles il y a un peu plus de trente ans de se plonger dans une petite séance de nostalgie 80’s. Et côté galette Haute Définition, le film s’offre une belle présentation, à la colorimétrie absolument superbe ; si le piqué s’avère certes un peu doux, le grain cinéma a été préservé, et l’ensemble nous propose au final un rendu HD assez enthousiasmant. Côté son, VO et VF d’origine nous sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0. Dans les deux cas, le rendu acoustique est clair et propre, respectant parfaitement la patine old school du film.
Du côté des suppléments, l’éditeur ESC Éditions nous propose tout d’abord une présentation du film par Christophe Lemaire (20 minutes). Comme à son habitude, le journaliste que l’on avait le plaisir de lire dans Starfix, Impact ou Ciné-News s’avère tout à fait passionnant, abordant son sujet de façon détendue et souvent amusante. Il reviendra donc de façon très nostalgique sur la carrière de Jack Sholder, ainsi que sur le film Flic et rebelle en lui-même. En dépit de quelques petites approximations sans réelle importance (notamment concernant le film Twister, alias La famille Cleveland, ou sur la date de sortie de La Bamba), il s’agit d’une intervention tout à fait enthousiasmante. Le reste des bonus sera composé, en plus de la traditionnelle bande-annonce, de trois featurettes d’époque. La première fera office de court making of (5 minutes), et les deux autres reviennent sur les acteurs Kiefer Sutherland (2 minutes) et Lou Diamond Phillips (2 minutes). Malheureusement, on pourra noter quelques fautes d’orthographe sur les sous-titres de ces trois courts sujets, ainsi qu’une petite erreur de traduction. Ainsi, quand Kiefer Sutherland demande à la vieille dame si un indien n’est pas en train de le suivre, elle répond « Yes, a whole tribe » (Oui, toute une tribu), alors que les sous-titres indiquent « Oui, je vais essayer » (Yes, I will try). Voilà qui vous permettra de réviser votre anglais !