Evil Dead Rise
États-Unis : 2023
Titre original : –
Réalisation : Lee Cronin
Scénario : Lee Cronin
Acteurs : Alyssa Sutherland, Lily Sullivan, Gabrielle Echols
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h36
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 19 avril 2023
Date de sortie DVD/BR : 18 août 2023
Alors que Beth n’a pas vu sa grande soeur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants…
Le film
[5/5]
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Evil Dead Rise s’inscrit de plein pied dans la franchise Evil Dead, initiée par Sam Raimi en 1981, qui connaitrait deux suites centrées sur le personnage de Ash (Bruce Campbell) et réalisées par Sam Raimi (Evil Dead II en 1987, L’Armée des Ténèbres en 1992), ainsi qu’une époustouflante série TV intitulée Ash vs. Evil Dead (2015-2018). Parallèlement aux histoires mettant en scène Ash, la franchise s’était élargie en 2013 avec un excellent remake/reboot mis en scène par Fede Alvarez, et aujourd’hui, avec ce Evil Dead Rise, écrit et réalisé par Lee Cronin, à qui Sam Raimi a confié les clés de la maison le temps d’un film.
Et quel film ! Quel gros kif ! Encore sous le coup de l’émotion extatique qu’a fait naître en nous le film de Lee Cronin, on ne saurait déterminer si Evil Dead Rise peut être considéré comme le meilleur film de la franchise Evil Dead. Cela dit, et puisqu’un des dialogues du film – évoquant de façon détournée la saga des Griffes de la Nuit – fait explicitement référence à l’intégration du film de Lee Cronin au sein d’une vaste franchise, on se doit de souligner qu’à ce jour, la franchise Evil Dead est probablement la seule franchise horrifique à ne compter AUCUN mauvais film. Et si Evil Dead Rise n’est peut-être pas le meilleur d’entre eux, on ne pourra que s’esbaudir devant la qualité d’écriture et de mise en scène du film.
En effet, à une époque où le cinéma d’horreur est malheureusement de plus en plus « uniformisé », et où les audaces et les idées folles ne sont plus à aller chercher que du côté des indépendants et des « petits films » sortis de nulle-part, Evil Dead Rise a pour lui cette qualité rarissime : celle de se donner les moyens de ses ambitions et d’aller – et c’est le moins que l’on puisse dire – au bout de son délire, sans se poser de questions, sans se soucier de ce que pourra penser le public, quitte même à perdre quelques spectateurs en route à force de se vautrer dans les excès les plus « gore » et les idées les plus barrées. On avait déjà ressenti cette sensation à la découverte du Evil Dead de Fede Alvarez en 2013, et dix ans plus tard, on est à la fois content et rassuré de constater que Sam Raimi laisse les coudées franches à ses petits protégés, leur permettant de livrer « leur » version du mythe Evil Dead, et de l’assaisonner comme ils le désirent.
En dépit de ce que laisse penser une introduction des plus « classiques » prenant place dans un chalet au milieu des bois, Evil Dead Rise ne tardera pas à révéler sa véritable nature : celle d’un exercice de style horrifique et claustrophobe baigné de sang et de viscères : un « ride » absolument fou et enthousiasmant, ne se noyant jamais dans le fan-service, mais allant au contraire de l’avant en introduisant dans la saga tout un tas de nouveautés qui en font au final un film à la fois curieusement familier et très nouveau. L’ensemble est d’autant plus réussi que les personnages sont extrêmement attachants, et servis par une brochette d’acteurs toujours convaincants.
Au cœur de Evil Dead Rise ne tardera, le spectateur fera donc la connaissance d’Ellie (Alyssa Sutherland) et de ses trois enfants, les ados Danny (Morgan Davies) et Bridget (Gabrielle Echols), et la petite Kassie (Nell Fisher). Si cet ensemble monoparental n’est pas ce qu’on pourrait appeler « conventionnel », il n’en est pas pour autant tout à fait dysfonctionnel – paradoxalement, l’amour qui unit ce petit cocon familial apporte vite un aspect plutôt réaliste à leurs échanges et à leurs interactions. A ce petit groupe très soudé viendra se greffer la sœur d’Ellie, Beth (Lily Sullivan), une guitariste considérée par tous comme une « groupie », qui vient tout juste d’apprendre qu’elle est enceinte. Une fois les présentations faites, Lee Cronin lâche dans l’immeuble un Necronomicon au design légèrement repensé, et une armée de Deadites cherchant à semer la mort et la destruction autour d’eux.
Prenant place dans un immeuble délabré rappelant l’espace de jeu d’un film tel que The Raid (Gareth Evans, 2011), Evil Dead Rise prend ainsi son temps de sorte que le spectateur s’attache aux différents protagonistes du récit, qui ne pourront en aucun cas être qualifiés de « coquilles vides » comme dans tant d’autres films d’horreur. Une fois le jeu de massacre commencé, le film trouve une tonalité assez unique, à la fois très drôle et oppressante ; en seulement un peu plus d’une heure et demi, le film va clairement à l’essentiel et déroule ses événements horrifiques sur un rythme parfait. A l’exception d’un effet numérique malheureux à base d’œil sautant de son orbite, les effets spéciaux – essentiellement old school – sont extrêmement réussis et contribuent à l’immersion du spectateur dans le film. On ajoutera à cela une photo absolument grandiose signée Dave Garbett (Ash vs. Evil Dead), une musique et un design sonore pour le moins efficaces, pour un film que l’on considérerait bien comme un petit chef d’œuvre dans son genre, et qu’on remettra volontiers régulièrement dans son lecteur pour s’en payer une petite tranche. Une merveille !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Comme on pouvait s’y attendre, le Blu-ray de Evil Dead Rise édité par Metropolitan Vidéo nous propose véritablement une expérience home cinéma au taquet du taquet de la mort qui tue : l’image est tout simplement superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage aux sublimes compositions de plans proposées par le film de Lee Cronin. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (fumée, gerbes de sang, couleurs qui tranchent dans le vif), le master tient la route et nous ravit pleinement les mirettes. Côté son, les deux mixages (VF/VO) sont comme d’habitude avec l’éditeur proposés en Dolby Atmos, et savent en imposer au spectateur, avec des passages littéralement tonitruants et des effets dynamiques de toutes parts. Un superbe boulot technique pour un film extraordinaire !
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un formidable commentaire audio de Lee Cronin (VOST) qui, ne nous voilons pas la face, sera l’occasion parfaite pour revoir le film une deuxième fois une fois le générique de fin terminé. Extrêmement vivant et informatif, le commentaire assuré par le scénariste / réalisateur parvient dans la bonne humeur à faire passer beaucoup d’informations très intéressantes, notamment en ce qui concerne le production design et la mise en boite de certaines séquences. L’éditeur nous propose ensuite de découvrir une (amusante) présentation du film par Sam Raimi et Bruce Campbell, suivie d’une présentation du film par Lee Cronin (1 minute). On terminera ensuite avec les bandes-annonces d’Evil Dead, Evil Dead II, Evil Dead III – L’Armée des Ténèbres, Evil Dead (2013) et Evil Dead Rise.
On notera par ailleurs qu’Evil Dead Rise est également disponible au format Blu-ray 4K Ultra HD ; étant donné que le film a été tourné en 4.5K (Arri Alexa Mini LF) et a bénéficié d’un master Digital Intermédiaire 4K, on suppose que le rendu UHD doit être ébouriffant, surtout si l’on considère ses partis pris esthétiques forts. On ne saurait trop vous conseiller d’opter pour la galette 4K !