Eraserhead
États-Unis : 1977
Titre original : –
Réalisateur : David Lynch
Scénario : David Lynch
Acteurs : Jack Nance, Charlotte Stewart, Allen Joseph
Éditeur : Potemkine Films
Durée : 1h29
Genre : Fantastique, Thriller
Date de sortie cinéma : 17 décembre 1980
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2017
Un homme est abandonné par son amie qui lui laisse la charge d’un enfant prématuré, fruit de leur union. Il s’enfonce dans un univers fantasmatique pour fuir cette cruelle réalité…
Le film
[4/5]
« Eraserhead est le premier film de David Lynch. Le titre qui est plutôt étrange (comme le film d’ailleurs) signifie « tête effaceuse »… comprendra qui verra le film. Avec un budget minime de 100.000 dollars et une distribution dérisoire dans quelques salles de petite taille, le film ne connaît pas une renommée instantanée mais progressive, grâce à sa sortie en VHS et sa diffusion à la télévision.
Eraserhead est plus un essai qu’un film, en effet il est inutile de chercher à tout comprendre tant il est personnel et déstructuré. Ne cherchez pas la cohérence, elle est absente. David Lynch, qui endosse ici le rôle de réalisateur et scénariste, nous entraîne dans un univers sombre, dans lequel tout est étrange : les personnages semblent fous, leur apparence est inquiétante, les décors sont oppressants, bref tout ici est angoissant. Et c’est dans cet univers glauque que l’on suit un passage de la vie de Henry Spencer, un jeune homme qui fuit sa vie morne et désespérante par le rêve et le délire.
Dans cet univers où les bébés ont une tête d’extraterrestre croisée avec un verre de terre, et dans lequel les personnages ont des réactions et des dialogues illogiques, David Lynch ajoute des passages d’hallucination où l’on découvre un homme défiguré. Il vit sur une petite planète et tire des leviers : parallèle d’un dieu fantasque ou métaphore de la fécondation, on ne sait pas vraiment. Nombre d’images montrées dans ce film resteront sans réponse, mais c’est ce qui fait le charme de l’œuvre, poser plus de questions qu’y apporter des réponses. Eraserhead est issu d’un scénario de seulement 22 pages, qualifié par David Lynch de « poème ». Cela explique sans doute la bizarrerie du long métrage. (…)
Eraserhead est un film culte du maître David Lynch, une œuvre impressionnante de par sa singularité et sa qualité. Pour un premier film David Lynch frappe un grand coup et ne décevra pas ses fans pour la suite de sa carrière. »
Extrait de la critique de notre chroniqueur Julien Mathon. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.
Le Blu-ray
[5/5]
Pour les cinéphiles âgés de 30 à 40 ans, qui ont probablement découvert Eraserhead sur support VHS à la fin des années 80 ou au début des années 90, la découverte de l’édition Blu-ray aujourd’hui proposée par Potemkine Films risque de se révéler un choc sans précédent. Vous vous souveniez d’un film tout noir et tremblant, frisant l’amateurisme ? La restauration a fait son office, et Eraserhead retrouve son âme en Haute-Définition : le spectateur n’ayant pas vu le film depuis 30 ans découvrira à coup sûr un tout nouveau film, doté d’une photo superbe et de compositions de plans littéralement époustouflantes. Le master a littéralement fait peau neuve, et nous propose un joli piqué tout en conservant le grain d’origine et les contrastes affirmés du métrage. Une excellente surprise qui nous fera fermer les yeux sur la légère pixellisation remarquée dans les noirs à l’occasion de quelques plans. Du côté des enceintes, seule la VO anglaise nous est proposée, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Parfaitement claire et propre, elle permet d’apprécier à sa juste valeur le boulot effectué par Lynch sur le son du film, aux textures très industrielles.
Du côté du suppléments, on trouvera, outre la traditionnelle bande-annonce du film, une riche présentation du film par Pacôme Thiellement, spécialiste de David Lynch et véritablement passionné par ce qu’il nous raconte. Last but not least, on trouvera également le documentaire de 2001 intitulé Eraserhead stories, long et passionnant témoignage sur la production et le tournage du film, réalisé par David Lynch lui-même.