En route pour la gloire
États-Unis : 1976
Titre original : Bound for glory
Réalisation : Hal Ashby
Scénario : Robert Getchell
Acteurs : David Carradine, Ronny Cox, Melinda Dillon
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 2h27
Genre : Biographie, Drame
Date de sortie cinéma : 25 mai 1977
Date de sortie DVD/BR : 7 août 2018
1936. La grande dépression oblige des milliers d’américains à quitter leur foyer pour rejoindre la Californie dans l’espoir d’une vie meilleure. Woody Guthrie, peintre, guérisseur, guitariste, est l’un d’eux. Pendant sa quête, Woody découvre alors le fabuleux pouvoir de la musique et sa capacité à véhiculer la révolte et l’espoir des plus démunis. L’autobiographie filmée de l’un des plus grands compositeurs américains…
Le film
[4/5]
Pour ceux qui l’ignoreraient, En route pour la gloire est l’adaptation cinématographique de l’autobiographie de Woody Guthrie, légende de la folk américaine. En réalité, le film de Hal Ashby ne retrace que quatre ans de la vie de Guthrie, mais il s’agit d’années décisives qui le mènent de Pampa, sa petite ville du Texas, à la Californie de la Grande Dépression, celle des Raisins de la colère de John Steinbeck puis de John Ford, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. C’est au cours de cet itinéraire imprévu et pour le moins rugueux que Guthrie affirmera son attachement aux laissés pour compte de la société US, à ceux qui luttent pour leur survie quotidienne, victimes des retombées d’un système corrompu. A sa façon bien sûr, En route pour la gloire est également, à travers le personnage de Woody Guthrie, une apologie du légendaire « individualisme » américain, mais d’un individualisme toujours confronté à une idée de « fraternité sociale ». Et par-delà le personnage de Guthrie, c’est tout un pan du peuple américain qui se révèle, oublié dans la représentation Hollywoodienne traditionnelle – même si bien sûr, le film de Hal Ashby doit beaucoup à son décor social, qui s’avère lui-même un reflet du cinéma Hollywoodien des années de la Grande Dépression, qui a largement contribué à ancrer cette période dans la mémoire collective des cinéphiles.
Tout comme O’ Brother le ferait trente ans plus tard, En route pour la gloire s’inspirait donc, à travers ses décors et sa photo, d’une réalité en quelque sorte déjà « mythifiée » par le cinéma des années 40, afin de trouver un maximum d’écho (et d’efficacité) dans l’esprit du spectateur. Il est donc somme toute logique d’y retrouver tout un ensemble de décors familiers, allant des trains de marchandises bourrés de voyageurs clandestins aux camps de chômeurs en passant, bien sûr, par les studios de radio où les enregistrements se faisaient dans les conditions les plus rudimentaires qui soient. Mais bien sûr, le film d’Ashby ne se résume pas à la simple « évocation » de cette période historique : le film est également porté par la prestation de David Carradine, qui porte le film sur ses épaules de bout en bout. Son itinéraire, du peintre en bâtiment au guitariste contestataire résume à lui seul l’évolution sociale des Etats-Unis, alors que les clivages s’accentuaient et que tout ce qui était syndicat, chanteur de folk ou même chômeur était plus ou moins automatiquement assimilé à la psychose anti-communiste qui triompherait après-guerre.
Adaptant habilement son rythme et sa durée (assez longue) au tempo même des chansons de Woody Guthrie, En route pour la gloire ose emprunter une forme ouvertement romanesque, au cœur de laquelle les séquences d’action alternent avec des séquences plus calmes, tout en prenant bien soin, en filigrane, d’imposer la légende du folk comme le père spirituel des grandes figures de la contre-culture des années 70, allant de Jack Kerouac à Bob Dylan. De fait, le film de Hal Ashby s’avère un excellent exemple de ce dont étaient capables les fers de lance du « Nouvel Hollywood » : ici de mélanger un esprit très 70’s, volontiers contestataire vis-à-vis de la politique sociale US, à une narration directement héritée du cinéma Hollywoodien traditionnel.
Le Blu-ray
[4/5]
Grâces soient rendues à ESC Editions, éditeur touche à tout français qui nous permet de découvrir dans l’hexagone et sur galettes Haute Définition autant de pépites dégénérées du cinéma d’horreur que de grands classiques oubliés, notamment au sein de sa très riche collection « Hollywood Legends ». En cette période estivale, l’éditeur nous propose donc de redécouvrir En route pour la gloire au format Blu-ray.
Côté master, la copie d’En route pour la gloire est de très bonne tenue, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. La restauration a fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image relativement stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences. Côté son, l’éditeur nous propose une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, on appréciera la VF d’époque un brin surannée et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.
Dans la section suppléments, on trouvera outre la traditionnelle bande-annonce du film, une présentation du film et de la carrière de Woody Guthrie par Jacques Vassal, journaliste et écrivain français spécialiste de la folk US, et auteur d’une biographie sur le chanteur. Même si le sujet est un peu long (32 minutes), la passion de l’auteur transparaît à tous les instants, et le tout s’avère assez passionnant.