Embattled
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : Nick Sarkisov
Scénario : David McKenna
Acteurs : Stephen Dorff, Darren Mann, Karrueche Tran
Éditeur : Universal Pictures France
Genre : Drame, Sport
Durée : 1h57
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2021
Un lycéen prodige du judo fait son entrée dans une cage du MMA pour affronter son rival ultime dans un combat pour la reconnaissance. Ce dernier n’est autre que son propre père…
Le film
[4/5]
Vous vous attendiez à un énième récit de « challenger » improbable reprenant les motifs du film sportif et du underdog movie ? Monumentale erreur : Embattled est surtout le drame poignant d’une famille déchirée par la haine et le ressentiment, pour laquelle un match père / fils représente une thérapie et un chemin vers la rédemption. Aussi puissant qu’authentiquement émouvant, Embattled est également un film ayant permis deux véritables « résurrections artistiques ».
La première résurrection, c’est celle de David McKenna, le scénariste du film. Auteur du script de American History X en 1998, il s’était par la suite fait remarquer avec son scénario de Blow en 2001, puis de S.W.A.T en 2003, avant de disparaître des écrans radar. On comprend aujourd’hui que McKenna, qui avait toujours mis la notion de « famille » au cœur de son œuvre, avait préféré prendre ses distances avec Hollywood à la naissance de son fils Colin, qui souffre du syndrome de Williams et qui incarne un rôle important – voire même capital – au cœur de l’histoire d’Embattled. Colin McKenna est une des révélations du film de Nick Sarkisov ; son histoire personnelle lui permet de plus d’apporter une humanité presque tangible au film, ainsi qu’une sacrée dose d’émotion. C’est à travers cet attachement à la famille que David McKenna parvient réellement à transcender le récit, et de l’amener ailleurs – là où on ne l’attendait pas. Joli tour de force.
La deuxième résurrection artistique que nous donne à voir Embattled est, évidemment, celle de Stephen Dorff, qui s’avère absolument épatant, et n’avait probablement pas livré une telle performance d’acteur depuis de très longues années. Présenté comme un jeune premier prometteur dans les années 90, il lâcherait peu à peu l’affaire pour se complaire dans des films de série B sans trop forcer son talent ; il était par conséquent quasi-invisible au cinéma depuis le tournant des années 2000. Sa performance dans Embattled n’en est que plus forte et étonnante : sa transformation physique est impressionnante, et sa prestation parvient à éviter les clichés. Il « est » littéralement à l’écran ce combattant de MMA chevronné luttant avec son ego et sa colère, et prenant conscience au fur et à mesure du vide de sa vie. La séquence durant laquelle il quitte le ring sous les huées du public à la fin du film est probablement la plus intense de toute sa carrière : il donne chair au personnage et permet à Embattled d’atteindre des sommets d’émotion dans sa dernière bobine.
Les amateurs de MMA auront tôt fait de comprendre que le personnage qu’il incarne, Cash Boykins, est inspiré de Conor McGregor, légende du combat libre ayant autant fait parler de lui grâce à son talent sur le ring qu’à cause des frasques de sa vie privée. Belle réflexion sur la famille et la notion de « transmission », Embattled atteint son but en plaçant dans la balance pas mal de négligence et de masculinité exacerbée. L’âme des personnages est largement passée au crible, sans manichéisme. Ainsi, le personnage de Cash sera également montré comme un homme ayant une conscience sociale forte, et essayant notamment de créer un « syndicat » au sein de la MMA, afin d’obtenir des organisateurs un meilleur partage des bénéfices.
Derrière la caméra, le réalisateur Nick Sarkisov met en scène les scènes de la vie quotidienne comme les scènes de combats avec la même tension palpable, et sa réalisation habile met en valeur l’histoire imaginée par David McKenna. Cette dernière met sur un pied d’égalité d’un côté les frasques et la violence de Cash et de l’autre la frustration et à la douleur de son fils Jett (Darren Mann, excellent), qui lutte également tous les jours pour s’occuper de sa famille, à savoir de son frère Quinn (Colin McKenna) et de sa mère Susan (Elizabeth Reaser). Sarkisov et McKenna équilibrent habilement les deux facettes de la vie des Boykins père / fils, et laissent le temps aux personnages d’exister à l’écran, alors même qu’un incident traumatique du passé reviendra tout doucement vers la surface par le biais de flashbacks. Bref, autant dire qu’en ne se plaçant jamais réellement où on l’attendait, Embattled s’impose comme une excellente surprise, doublée d’un excellent moment de cinéma.
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Embattled édité par Universal Pictures nous propose une expérience visuelle et sonore plus que jamais recommandable, qui permettra au public français de découvrir dans les meilleurs conditions possibles ce drame familial sur fond de MMA. Définition au taquet, piqué précis, couleurs et contrastes superbement gérés, l’image s’avère globalement très enthousiasmante. Côté son, et comme d’hab avec Universal, seule la VO est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 immersif et extrêmement dynamique, tandis que la VF doit se contenter d’un « simple » encodage en DTS 5.1, certes ample et efficace, mais ne pouvant tenir la comparaison avec son aîné en HD. Pour autant, le doublage est soigné et les scènes de combat qui émaillent le métrage sont vraiment pleines de punch.
Dans la section suppléments, la galette d’Embattled éditée par Universal Pictures nous propose un intéressant making of (17 minutes), qui mettra en avant non seulement l’entraînement intensif de Stephen Dorff et Darren Mann, mais également la dimension « familiale » du film, avec notamment un focus tout particulier sur Colin McKenna et sur le syndrome de Williams.