Test Blu-ray : Elephant Man

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Elephant Man

États-Unis, Royaume-Uni : 1980
Titre original : The Elephant Man
Réalisation : David Lynch
Scénario : Christopher De Vore, Eric Bergren, David Lynch
Acteurs : John Hurt, Anthony Hopkins, Ann Bancroft
Éditeur : StudioCanal
Durée : 2h04
Genre : Fantastique, Drame
Date de sortie cinéma : 8 avril 1981
Date de sortie DVD/BR : 1 avril 2021

Un jeune et brillant chirurgien, Treves, rencontre dans le spectacle d’un cirque victorien un homme si hideusement déformé qu’il est condamné à vivre la vie dégradante de phénomène de foire. Il s’agit de John Merrick, connu des publics de cirque dans tout le pays comme « L’homme éléphant ». Bien que Merrick ne puisse être guéri, Treves se bat pour le délivrer de la misère de son environnement, et pour lui donner une vie digne et confortable…

Le film

[5/5]

Elephant Man est un film à l’impact indéniable, récompensé aux Césars 1982 dans la catégorie meilleur film étranger. Mythique, il a soufflé l’inspiration à d’autres chefs-d’œuvre, comme récemment la Vénus Noire d’Abdlellatif Kechiche, sorti en 2010. Un film à voir, véritable propagande et en même temps documentaire de la nature humaine, dans toutes ses nuances, renforcé par le noir et le blanc qui rendent l’œuvre d’autant plus saisissante.

Une amitié qui fait débat

David Lynch (Eraserhead) reprend le thème du monstre de foire dans Elephant Man. John Merrick, appelé l’homme éléphant, est mis en scène par son propriétaire qui le représente comme un animal, inhumain, un monstre de la nature. La scène de départ évoque les débuts troubles de sa gestation puisque sa mère a été mise à terre par un éléphant fou plein de fureur ! D’après les propos du propriétaire, sa mère serait morte en donnant naissance à John Merrick, ce qu’il explique lorsque le chirurgien, interprété par Anthony Hopkins (Thor, Le rite, Wolfman) vient découvrir cette intrigue de la nature. La rencontre entre ces deux hommes au destin désormais lié, montre un Frédérick Treves extrêmement stupéfait mais en même temps ému, empreint de compassion pour l’être qu’il voit. Dès lors, il décide de le louer pour en faire une étude scientifique.

Dans un premier temps, il se comporte aussi mal que son propriétaire, en l’exhibant physiquement aux autres scientifiques. Il ne prend absolument pas en compte sa capacité à être. Pour lui, l’homme éléphant n’a pas de conscience ou plutôt il est atteint de débilité, voire de dégénérescence mentale, ce qu’il espère puisque dans le cas contraire la conscience de sa vie n’en serait que plus éprouvante ! Finalement, le docteur apprend à le connaître et découvre en lui une personne, qui sait lire, parler, être sensible, mais qui a peur de le montrer. Dès lors, une belle relation s’établit entre les deux hommes, offrant des face à face riches en émotions.

Une satire de la société

On peut réellement parler de satire sociale dans la mesure où David Lynch critique ouvertement notre société de voyeurisme et l’inhumanité qui peut y régner. Dès le départ, il insiste sur la machinisation qui animalise l’homme et qui, comme l’exprime le chirurgien, est inarrêtable. On peut comprendre cette métaphore comme une condamnation de l’emballement populaire qui, à tort ou à raison, est bien compliqué à enrayer et qui peut être déshumanisé.

Alors que l’on déteste facilement le propriétaire de John, on peut dire qu’à bien des égards l’attitude de Frédérick Treves est toute aussi condamnable. En effet, en l’exposant à l’assemblée des scientifiques, dénudé, en parlant de lui comme s’il était absent, on peut réellement parler de viol. Ensuite, même s’il ne veut que son bien, il organise malgré lui, sans doute inconsciemment, le même système de monstration. Il accepte que des gens de la haute société viennent découvrir, rencontrer, l’homme éléphant, se déguisant en homme et adoptant le même comportement. Alors que John était réservé aux couches inférieures de la société, dans les foires, il est désormais l’objet de curiosité de la part des hautes classes de la bourgeoisie. Ainsi, comme semble le raconter ce biopic, chaque couche sociale, donc chaque homme, est condamnable et se rend coupable de désobligeance, de voyeurisme.

De plus, on plaint davantage les agresseurs, ceux qui viennent voir, que l’agressé lui-même. C’est d’autant plus vrai au début du film quand cela concerne tout le monde, qu’à la fin lorsqu’on plaint, on met en garde les jeunes femmes des horreurs qu’elles vont vivre. On peut dire que c’est l’histoire d’un monstre qui vit parmi les hommes, au début du film, puis finalement, que c’est l’histoire d’un homme vivant parmi les monstres. (…)

Un film d’anthologie

David Lynch signe avec Elephant Man un film qui fera date dans l’histoire du cinéma. On peut parler de film coup de poing qui marque obligatoirement chaque spectateur, d’une manière ou d’une autre. John Hurt porte formidablement bien le rôle de Merrick, et Anthony Hopkins ne trahit pas sa réputation de grand acteur. Le noir et blanc est un choix audacieux qui s’avère payant ! Il sublime le film, tout a plus d’importance. On pourra regretter une bande son assez classique, mais qui ne porte néanmoins pas préjudice au film, ainsi que quelques longueurs, mais qui permettent au film de s’installer et de nous exploser au cœur. On peut également dire qu’il est finalement une note d’espoir puisque la différence semble être acceptée et triomphe donc de la déchéance et de la perversion humaine…

Certaines scènes sont souvent citées en exemple par les professionnels du cinéma, elles sont qualifiées d’anthologiques. Elles s’impriment, et sur la pellicule, et sur la mémoire collective. Elephant Man est l’un des grands films du cinéma, réalisé par David Lynch au meilleur de sa forme, porté par des acteurs talentueux pour une histoire coup poing, qui remue et ne laisse pas indifférent.

Extrait de la critique de notre rédactrice Oriane De Postdam. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le Blu-ray

[4/5]

Après une sortie remarquée en Blu-ray 4K Ultra HD l’année dernière, Elephant Man débarque (à nouveau) au format Blu-ray chez StudioCanal, mais bénéficie aujourd’hui d’une remasterisation 4K.

Et force est de constater que le rendu vidéo Haute-Définition du film de David Lynch est tout simplement admirable. On ne peut s’empêcher d’être impressionné par ce master immaculé, d’une beauté resplendissante, qui rend vraiment un vibrant hommage à la photo du film, signée par le mythique Freddie Francis. L’encodage est très soigné, le rendu HD est souvent bluffant de précision et de profondeur de champ, et présente un piqué plus qu’appréciable. Côté son, le film est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 tout aussi impressionnant en VO qu’en VF. Equilibrées et toujours parfaitement intelligibles, les deux versions audio ne présentent pas le moindre souci à l’horizon. Une présentation son et image absolument imparable.

Du côté des suppléments, StudioCanal nous a réservé deux entretiens inédits et assez passionnants. On commencera par un entretien avec Frank Connor, photographe de plateau (25 minutes), qui évoquera son travail sur le film de David Lynch ainsi que l’évolution de son métier, avec quelques commentaires aussi intéressants que sincères sur le « bon vieux temps » et les méthodes de travail à une époque où le cinéma était différent. On terminera ensuite avec une session de questions / réponses avec Jonathan Sanger, producteur (24 minutes). Filmé au British Film Institute en 2018, le producteur reviendra sur la drôle de genèse d’Elephant Man et la façon inhabituelle dont il a hérité du scénario. Il reviendra également sur le style visuel du film (notamment sur la décision de tourner en noir et blanc), et la valeur ajoutée qu’a pu amener David Lynch en s’attelant au projet.

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