Les carrefours de la ville
États-Unis : 1931
Titre original : City streets
Réalisation : Rouben Mamoulian
Scénario : Oliver H.P. Garrett, d’après l’adaptation par Max Marcin d’une histoire de Dashiell Hammett
Interprètes : Sylvia Sidney, Gary Cooper, Paul Lukas
Editeur : Rimini Éditions
Durée : 1h23
Genre : Film noir
Date de sortie cinéma : 28 octobre 2009
Date de sortie Blu-ray + DVD : 10 décembre 2019
Les Etats-Unis, durant la Prohibition. Afin de développer son trafic d’alcool, le gangster Maskal n’hésite pas à tuer pour s’approprier de nouvelles brasseries. Il est épaulé par Pop Cooley, son fidèle et redoutable homme de main. Nan, la fille de Cooley, est amoureuse du Kid, qui travaille dans un stand de tir forain. Elle aimerait qu’il rejoigne le gang, mais il s’y refuse. Jusqu’au jour où Nan est emprisonnée…
Le film
[3.5/5]
Début des années 30 : la prohibition bat son plein. Très vite, le film nous fait rencontrer un couple improbable. Elle, Nan, est la fille de Pop Cooley, un des bras droits de Maskal, un gangster qui « fait » dans le business de la bière. Lui, The Kid, est un brave garçon venu de la campagne qui travaille dans un stand de tir forain. Honnête et pas vraiment intéressé par l’argent, il refuse la proposition de Nan : intégrer le gang de Maskal, ce qui lui serait très facile au vu des grandes disposition qu’il a pour le tir. Pourtant, pour Nan, ce nouveau « métier » lui permettrait de garder le train de vie auquel elle est habituée si d’aventure sa relation avec The Kid se traduisait par un mariage. Les positions vont s’inverser lorsque Nan va se retrouver en prison pour un meurtre qu’elle n’a pas commis. Un événement qui va lui faire prendre conscience que ce milieu de la pègre dans lequel elle a été élevée est un monde de lâcheté dans lequel on abandonne facilement celui ou celle qui s’est fait prendre. De son côté, The Kid, lui veut à tout prix trouver de l’argent pour la sortir de prison, d’où un gros bémol concernant ses scrupules !
On situe généralement de 1940 à 1960 la grande période du « film noir ». Toutefois, Toutefois, un film de gangsters comme Les carrefours de la ville, sorti en 1931, doit être considéré comme étant un précurseur de ce genre. Dans ce film qui se déroule dans un milieu très masculin, le personnage central est une femme. Une femme qui doit se battre bec et ongles pour parvenir à ses fins. Dans le couple qu’elle forme avec The Kid, c’est elle qui mène la barque, celui qu’elle aime se rangeant à ses vues avec plus ou moins de retard. Face à elle, Maskal est un homme sans scrupule, adepte du droit de cuissage, un homme qui n’hésite pas à mettre à la rue sa maîtresse du moment lorsqu’il tombe sous le charme d’une autre femme. Comme lui dit Agnès, cette maîtresse du moment, « tu penses pouvoir tout faire en un soir : me mettre à la porte, tomber la fille du Kid et et le descendre ». Les autre hommes ? Des êtres veules, capables d’abandonner leurs compagnes en pleine nuit, sans moyen de locomotion à la sortie d’un night-club, lorsqu’ils sont appelés à intervenir à l’autre bout de la ville.
Sylvia Sidney, l’interprète de Nan, et Gary Cooper, qui joue The Kid, forment un beau couple de cinéma, c’est-à-dire un couple qui fait dire au spectateur qu’ils ne sont pas fait l’un pour l’autre. Au milieu des scènes de violence, les scènes qui réunissent ce couple amoureux sont parmi les plus belles du film. Un film dont la philosophie semble être « No hard feelings », sans rancune.
Le DVD
[4.5/5]
C’est sous forme d’un combo Blu-ray + DVD qu’est proposé ce film méconnu, Les carrefours de la ville. Le travail effectué par Rimini Editions s’avère vraiment remarquable ! Grace à l’efficacité de son laboratoire, ce film, sorti il y a 88 ans, retrouve une fraîcheur étonnante. Le master utilisé, issu directement des éléments films, présentait, parait-il, un certain nombre de défauts liés à son âge, tels que des rayures et des taches. On ne s’en aperçoit pas ! La définition est excellente, l’image obtenue grâce à ce nouveau master HD est bien contrastée et, même dans les scènes nocturnes, s’avère parfaitement lisible. Quant au son, en anglais mono sous-titré en français, on aimerait que tous les films sortant à l’heure actuelle aient une qualité au moins égale.
Un seul supplément est proposé avec le film, mais il est de grande qualité. Il s’agit d’une interview d’une durée de 16 minutes d’Alexandre Clément, écrivain et essayiste, spécialiste très reconnu du film noir et du roman noir. Dans cette interview, Alexandre Clément positionne Les carrefours de la ville dans l’histoire des films noirs, nous renseigne sur Rouben Mamoulian, un réalisateur qui s’attache plus au mouvement qu’à l’image, et insiste sur le rôle moteur des femmes dans ce film.