Dual
États-Unis : 2022
Titre original : –
Réalisation : Riley Stearns
Scénario : Riley Stearns
Acteurs : Karen Gillan, Aaron Paul, Beulah Koale
Éditeur : ACE Entertainment
Durée : 1h34
Genre : Science-fiction, Comédie, Thriller
Date de sortie DVD/BR : 7 décembre 2022
Apprenant qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre, Sarah décide d’être clonée afin d’éviter à ses proches la douleur de sa perte. Mais deux ans après, la voici en rémission, avec une réplique qui lui a volé sa vie et ne compte pas la lui rendre. La loi n’autorisant pas la coexistence de l’originale et de la copie, Sarah commence à s’entraîner pour le jour du duel mortel, bien décidée à remporter la victoire…
Le film
[3,5/5]
Le scénariste / réalisateur de Dual, Riley Stearns, est quasiment inconnu en France. Les cinéphiles les plus éclairés avaient néanmoins pu le découvrir par le biais d’un long-métrage intitulé The Art of Self-Defense (disponible en VOD), une comédie noire et sèche comme un bout de charbon. Dual possède également cette tonalité pince-sans-rire, amplifiée par sa direction d’acteurs ainsi que par le postulat de départ du film, qui se déroule dans un univers de science-fiction où les personnes condamnées par une maladie incurable peuvent choisir de se faire « remplacer » par un clone qui va peu à peu prendre sa place auprès de leurs proches et de leurs familles.
La science-fiction telle qu’elle est abordée par Riley Stearns dans Dual n’a rien de spectaculaire, et ne sera jamais le prétexte à un déluge d’effets spéciaux ou à la mise en place d’un univers futuriste. Le monde dans lequel évoluent Sarah et « Double de Sarah » (Karen Gillan) est en tous points comparable au notre, à un détail près : des clones y remplacent donc certaines personnes décédées. Dans le cas d’un vice de procédure, telle que la rémission du patient originellement condamné par la science, un duel est organisé entre l’original et sa copie, et le survivant reprend sa place parmi les siens. Ce processus de duel sert d’ailleurs d’introduction à l’histoire : on y découvrira Robert (Theo James) affronter son double, devant les caméras et un public en direct.
Riley Stearns ne tardera cependant pas à expliciter les détails se cachant derrière cette séquence d’ouverture, par l’intermédiaire de l’histoire de Sarah, la compagne délaissée de Peter (Beulah Koale), qui semble toujours être en déplacement professionnel. Dans les premières minutes de Dual, Sarah nous est présentée comme vivant essentiellement de junk-food, d’alcool et de porno, son existence étant rythmée par les discussions qu’elle a avec sa mère (Maija Paunio) ainsi qu’avec Peter, en vidéoconférence. Diagnostiquée atteinte d’une maladie incurable suite à une visite à l’hôpital, elle se tournera vers la solution du clonage afin d’épargner à ses proches la douleur de sa disparition.
« Double de Sarah » se lance donc dans une période d’apprentissage, en commençant par se renseigner sur la nourriture, la musique et les préférences sexuelles de Sarah. Sa motivation, sa concentration et son envie de bien faire lui permettront peu à peu de devenir une meilleure Sarah que la Sarah d’origine, en particulier auprès de Peter et de sa mère. Mais lorsque Sarah est devenue obsolète, remplacée par une Sarah 2.0, elle apprend que son diagnostic vital n’est plus engagé : la seule façon de se débarrasser de son double est donc de le combattre. Conscient des atermoiements de la machine judiciaire américaine, Dual laissera à son héroïne grosso modo un an pour se préparer à ce combat à mort : Sarah fera donc appel à Trent (Aaron Paul), un coach de combat, afin d’apprendre à se battre.
Fable morale à tendance absurde (difficile de ne pas rire franchement devant les rebondissements successifs qui rythment le dernier quart d’heure du film), Dual lance au spectateur une poignée de pistes de réflexion sur divers sujets ayant trait à la condition humaine, tels que le manque d’estime de soi, le clonage, l’identité ou encore le conditionnement au combat. Car au fur et à mesure que Sarah apprend à se servir d’armes ainsi que les bases de « l’Art de la guerre », elle se désensibilise de plus en plus à la mort ; autrement dit, ce qu’elle gagne en force, elle le perd en humanité. Et si le dernier acte du film n’emmènera pas réellement le spectateur où il s’attendait à aller, c’est bel et bien parce que Riley Stearns refuse de verser dans le spectacle purement « viscéral » : son but est de prendre de la distance afin de susciter la réflexion, même si cette dernière intervient par le biais de mécanismes comiques très noirs.
De ce fait, Dual maintiendra l’attention du spectateur en éveil tout au long de son récit, et jusque dans sa conclusion, à la fois intelligente et drôle. Dans son double-rôle, Karen Gillan s’avère tout à fait convaincante, surtout dans la manière subtile avec laquelle elle parvient à créer des différences de personnalité entre les deux occurrences d’elle-même, qui ne se démarquent par conséquent pas uniquement par la couleur de leurs yeux. Une excellente surprise !
Le Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, la galette de Dual éditée par ACE Entertainment nous propose un transfert soigné en 1080p, au piqué précis et aux couleurs naturelles – pas de soucis non plus du côté des contrastes, bien gérés même durant les scènes les plus sombres. L’image est donc globalement très belle, même si on pourra repérer quelques effets de pixellisation sur les surfaces sombres ou certains arrière-plans unis. Côté son, le film de Riley Stearns s’offre également une belle présentation sonore, avec deux puissants mixages encodés en DTS-HD Master Audio 5.1 (VF / VO) : les effets d’ambiance et de spatialisation sont bien placés, la scène arrière contribue pleinement à l’immersion au cœur du film et le caisson de basses régulièrement mis à contribution : du très beau travail côté image comme côté son. Pas de suppléments.