Double Impact
États-Unis : 1991
Titre original : –
Réalisation : Sheldon Lettich
Scénario : Sheldon Lettich, Jean-Claude Van Damme
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Geoffrey Lewis, Alonna Shaw
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h49
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 31 juillet 1991
Date de sortie DVD/BR : 2 septembre 2020
Des jumeaux sont séparés enfants par une attaque de la mafia chinoise à Hong-Kong. Leurs parents sont tués et l’un est élevé à Los Angeles tandis que l’autre est recueilli dans un orphelinat chinois. Vingt-cinq ans plus tard, ils se retrouvent, connaissant le nom du meurtrier et décidés à venger leurs parents…
Le film
[3,5/5]
L’âge d’or de Jean-Claude Van Damme
Comment situer l’âge d’or de la carrière de Jean-Claude Van Damme ? La question est complexe, mérite réflexion et aura probablement matière à être discutée dans les écoles de cinéma au vingt-troisième siècle. Néanmoins, en tant qu’admirateurs de longue date du karatéka belge, on prend le risque de s’affirmer, et figurez-vous qu’on serait bien tentés de la placer dans un créneau allant grosso modo de Full contact en 1990 à Replicant en 2001.
De Full contact…
Pourquoi Full contact plutôt qu’un autre, me demanderez-vous ? Hé bien tout simplement parce qu’après Bloodsport – Tous les coups sont permis (1988) et Kickboxer (1989), c’était le premier film d’action dans lequel Van Damme abandonnait le schéma narratif du film « de tournoi ». Full contact est également important dans le sens où c’est la première fois où un film de Jean-Claude Van Damme dépassait le million d’entrées en France. La barre du million est cela dit purement symbolique, puisque Bloodsport et Kickboxer avaient tous deux dépassé les 900.000 entrées dans l’hexagone, mais un million, c’est un million. Et un million, ça commence à peser…
Pour être tout à fait honnête, après Street fighter en 1995, les chiffres réalisés au box-office par les films de Van Damme commenceraient à chuter de façon extrêmement spectaculaire, victimes collatérales des frasques « people » de l’acteur belge et, il faut également l’avouer, d’un certain acharnement critique visant à faire passer son cinéma pour « intellectuellement incorrect ».
… A Replicant
Si l’on situe la fin de l’âge d’or à Replicant en 2001, c’est tout simplement parce qu’à partir de cette période, Jean-Claude Van Damme n’a quasiment plus tourné que pour des films destinés au marché de la vidéo, puis de la VOD – ou du moins s’étant retrouvés chez nous exploités uniquement par ce biais. Pour autant, le reste de sa carrière n’est pas à reléguer aux oubliettes – il tournerait en effet encore pas mal d’excellents films après sa première collaboration avec Ringo Lam. On pense évidemment à In Hell (2003), que l’on peut tout à fait envisager comme une suite non officielle à Replicant : on vous invite à lire notre article consacré aux deux films pour vous en laisser convaincre.
Il serait également criminel de faire l’impasse sur Universal Soldier : Régénération (2009) et Universal Soldier : Le Jour du jugement (2012). En effet, si Le Jour du jugement permet à Van Damme et Dolph Lundgren d’organiser un véritable « passage de relais » vis-à-vis de Scott Adkins, le film de John Hyams s’avère surtout un des films d’action les plus impressionnants, les plus barrés et les plus trash des années 2010. On n’oublie pas non plus l’excellente surprise constituée par Lukas en 2018, qui montrait un athlète assumant de belle manière son vieillissement en tant qu’icône du cinéma d’action. Parallèlement, Jean-Claude Van Damme a également su s’amuser de l’image qu’il renvoyait de lui-même, avec des films tels que Narco (2004) ou JCVD (2008), et la fameuse série Jean-Claude Van Johnson (2016-2017).
… En passant par Double impact
Et au début de l’âge d’or que nous venons de déterminer, il y a donc Double impact, qui vient tout juste de débarquer au format Blu-ray chez ESC Éditions. Tourné entre Coups pour coups et Universal Soldier, il précède l’accession de l’acteur à des films de « Majors » et par conséquent à des budgets beaucoup plus confortables. Cela serait mentir d’affirmer qu’il y a beaucoup à dire, d’un point de vue strictement analytique, sur Double impact. Cependant, il s’agit d’un excellent divertissement, doublé d’un film très important dans l’évolution de la carrière du karatéka belge.
Tourné aux côtés de son complice de toujours le scénariste / réalisateur Sheldon Lettich (avec qui il tournerait également le formidable Légionnaire en 1998), Double impact est le premier film au cœur duquel JCVD explorerait la notion de double et/ou de gémellité, que l’on retrouverait par la suite à de nombreuses reprises dans sa carrière : dans la saga Universal Soldier bien sûr, mais également dans Risque maximum (1996) et évidemment dans Replicant (2001).
Double impact est également le tout premier film de Jean-Claude Van Damme que l’on pourra qualifier de « post-John Woo » : on entend par là que le film de Sheldon Lettich alterne les scènes de combats à mains nues et les scènes de fusillades ou gunfights, jusqu’ici absentes de son cinéma, et qui en deviendraient par la suite une des marques de fabrique. Bien entendu, Lettich n’est pas John Woo et les scènes de gunfights de Double impact s’avèrent encore assez maladroites. Pour remédier à cet écueil dont il semble absolument conscient, Jean-Claude Van Damme se tournera par la suite vers certains des plus grands artisans de l’action made in Hong Kong : Ringo Lam, John Woo et Tsui Hark. Trois cinéastes de légende qui lui offriront quelques-uns de ses plus grands films d’action.
Un Blu-ray en mode VHS
Si indéniablement, Double impact s’impose comme l’un des derniers blockbusters de l’ère de la VHS, on serait bien tentés de dresser un parallèle entre l’âge d’or de la carrière de Jean-Claude Van Damme et celui de l’époque des vidéo-clubs triomphants, que l’avènement d’Internet a contribué à tuer complètement. Résolument tournée vers ce temps révolu, l’édition Blu-ray de Double impact que nous propose aujourd’hui ESC Éditions rend un bel hommage à ce support vintage aujourd’hui disparu, et nous « parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ». Montmartre en ce temps là accrochait des affiches de Double impact sur toutes les devantures de vidéo-clubs, de même que toutes les autres villes de France et de Navarre.
Cette édition collector de Double impact est donc présentée sous la forme d’un superbe coffret en boîtier « VHS », qui contiendra lui-même deux Blu-ray, le DVD du film, un numéro de K.O Mag consacré au film (20 pages), un poster, dix photos + un T-Shirt pour les chanceux qui avaient pré-commandé le film.
La sortie du film de Sheldon Lettich sur support Haute-Définition est une bonne nouvelle, car petit à petit, la liste des films de l’âge d’or de la carrière de Jean-Claude Van Damme disponibles en Blu-ray en France s’allonge, et ne compte plus à ce jour qu’une petite poignée d’inédits :
Le Coffret Collector
[5/5]
Double impact est donc arrivé dans les bacs au format Blu-ray, sous les couleurs d’ESC Éditions. Et autant être clair d’entrée de jeu, le master utilisé par l’éditeur nous propose un rendu Haute-Définition tout simplement excellent. L’image est propre et stable, le grain argentique a été soigneusement préservé ; le piqué est précis, les couleurs équilibrées, avec des teintes naturelles, des rouges qui tranchent carrément dans le vif et des noirs profonds sans être bouchés. L’encodage est sans souci, les gros plans sont vraiment de toute beauté, et on ne trouvera aucune trace visible d’un passage de l’image au DNR ou réducteur de bruit. Du côté des pistes audio, l’éditeur nous propose deux mixages (VF / VO) en DTS-HD Master Audio 2.0, les cinéphiles ayant grandi avec le film de Van Damme apprécieront le fait de retrouver le doublage d’origine du film. Ce dernier participera même clairement au charme du visionnage pour qui a découvert le film il y a trente ans en salles ou en VHS. Une vraie madeleine de Proust !
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Christophe Champclaux (15 minutes), qui s’avère extrêmement complète et passionnée. Il remettra le tournage du film dans son contexte historique, et nous expliquera pourquoi il est selon lui le premier film de l’âge d’or de Jean-Claude Van Damme. On continuera ensuite avec une longue sélection de scènes coupées et/ou alternatives (54 minutes), en qualité VHS, et probablement issues de copies de travail. La qualité d’image est très fluctuante, passant de la couleur au noir et blanc ainsi que par une espèce de sépia un peu maronnasse. L’ensemble n’est pas sous-titré mais passionnera à coup sûr les amoureux du film. On terminera par la bande-annonce de Double impact, qui s’accompagnera de celle de Kickboxer, également disponible chez ESC Éditions.
On notera par ailleurs que l’édition « Collector » de Double impact comporte un deuxième Blu-ray, qui ne nous a pas été fourni, mais qui s’avère extrêmement riche en suppléments inédits. On y trouvera un making-of de quasiment deux heures, divisé en deux parties et proposant des entretiens avec Jean-Claude Van Damme, le réalisateur Sheldon Lettich, le producteur Ashok Amritraj, les acteurs Cory Everson-Donia, Peter Malota et les doublures Jeff Rector et Jerry Rector. On continuera avec un sujet sur la « légende Jean-Claude Van Damme » signé Christophe Champclaux (30 minutes), une rencontre avec David Lefebvre, « fanbassador » français de JCVD (15 minutes), un retour sur une scène avec le réalisateur Sheldon Lettich (8 minutes), une featurette d’époque (7 minutes) et un entretien d’époque avec l’équipe du film (6 minutes).