Domino – La guerre silencieuse
Danemark, France, Italie, Belgique, Pays-Bas : 2019
Titre original : Domino
Réalisation : Brian De Palma
Scénario : Petter Skavlan
Acteurs : Nikolaj Coster-Waldau, Carice van Houten, Eriq Ebouaney
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h29
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 12 octobre 2019
Alors que l’Europe est sous la menace de terroristes, deux officiers de police traquent un tueur responsable de la mort d’un de leurs partenaires à Copenhague. Ce qu’ils ignorent, c’est que celui qu’ils poursuivent travaille pour le compte de la CIA…
Le film
[3/5]
Impressionnant styliste visuel ayant su mettre au fil des films son époustouflante maestria technique au service de ses obsessions, Brian De Palma s’est malheureusement fait très rare derrière la caméra depuis une dizaine d’années. Parmi les thèmes et motifs qui peuplent la filmographie du cinéaste, on dénote par exemple les références Hitchcockiennes, le voyeurisme ou le thème du « double », qui s’expriment à travers de la multiplication à l’image des écrans, parfois divisés, mais également par le biais de plans-séquences virtuoses ou par le recours à des décors grandiloquents ou à une imagerie volontiers kitsch, destinée à constamment interroger le spectateur sur ce qui lui est montré.
En ce sens, et malgré le fait qu’il ne s’agisse pas forcément d’une flagrante réussite, Domino – La guerre silencieuse n’en demeure pas moins un « vrai » film de De Palma, au cœur duquel le cinéaste tente de confronter ses obsessions de toujours à un genre très codifié : celui du thriller technologique post-11 Septembre, à la Jason Bourne. A partir d’un classique récit orienté action / espionnage signé Petter Skavlan, le réalisateur de Body Double parvient à imposer, en l’espace de quelques minutes, sa patte inimitable, citant sans vergogne Hitchcock dans ses tics visuels (notamment l’usage de la double focale) et dans la construction d’une scène d’ouverture évoquant autant La main au collet que le final de L’esprit de Caïn, grâce notamment à son recours aux plus flagrants des artifices narratifs et techniques.
Qu’il s’agisse du lent travelling avant vers l’arme de Nikolaj Coster-Waldau, de l’aspect à la fois kitsch et spectaculaire du décor (la cage d’ascenseur, le toit…) ou encore de la musique ultra-présente et ultra-pompière signée par son collaborateur et complice Pino Donaggio, tout est mis en scène de façon à souligner l’artificialité de cette histoire où tout est d’ailleurs basé sur les faux-semblants, les duperies et la manipulation. Collaborateur régulier de Brian De Palma, Bill Pankow au montage en rajoutera d’ailleurs un peu dans l’exagération, soulignant à l’image des éléments narratifs qui à priori ne pouvaient pourtant échapper à personne.
Bref, Domino – La guerre silencieuse n’est pas avare en idées visuelles, mais il serait malhonnête d’affirmer que celles-ci ne sont pas desservies par le manque de moyens alloués à cette série B un peu trop cheap intégralement produite et tournée en Europe. Le final du film notamment, avec ses multiples points de vue, ses ralentis en pagaille, son décor à la fois grandiose et ridicule (une arène de corrida), jouant habilement de l’auto-citation avec un clin d’œil musical à Femme fatale, aurait probablement gagné en ampleur et en force avec des moyens techniques plus importants. Pour autant, le film s’avère intéressant dans la façon dont il recycle son obsession du voyeurisme en faisant un parallèle avec la relation de fascination / répulsion qu’entretient l’Occident avec Daesh, soulignée ici par un doigt pointé en direction d’Internet, nouvel outil privilégié des voyeurs 2.0. Autant dire que les fans hardcore de Brian De Palma y trouveront leur compte, fermant les yeux sur les (nombreux) défauts du film.
Le Blu-ray
[4/5]
Si le Blu-ray de Domino – La guerre silencieuse édité par Metropolitan Vidéo ne fait certes pas de miracles concernant la photo de José Luis Alcaine, qui a du composer avec le budget dont il disposait, on ne pourra cependant que saluer l’éditeur pour son boulot technique : l’image est d’une précision et d’une limpidité extraordinaires, les couleurs en envoient plein les mirettes, et les contrastes sont d’une solidité à toute épreuve. Le piqué d’une précision à couper le souffle, bref, on est vraiment en présence d’un beau Blu-ray. Côté son, la VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 extrêmement efficaces, riches en effets de spatialisation en tous genre. Un poil plus ample et plus fine, la version originale nous proposera une immersion un peu supérieure. Pas de suppléments.