Test Blu-ray : Détour mortel – La fondation

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Détour mortel – La fondation

États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni : 2021
Titre original : Wrong turn
Réalisation : Mike P. Nelson
Scénario : Alan B. McElroy
Acteurs : Charlotte Vega, Adain Bradley, Bill Sage
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h49
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 3 juin 2021

Un groupe d’amis en randonnée dans les Appalaches s’écartent de la piste et s’enfoncent dans la forêt où ils deviennent les proies de psychopathes qui vivent en autarcie depuis plusieurs siècles…

Le film

[4/5]

A sa sortie en salles en 2003, Détour mortel fit office de véritable bol d’air pour les amateurs de ciné de genre. Le film de Rob Schmidt et Stan Winston était une sorte de mélange improbable et crado de Délivrance et de Massacre à la tronçonneuse, ayant redéfini à sa manières les bases du survival par le biais d’une intrigue moderne et pas trop con. Honnête boulot d’artisan, tétanisant thriller, « Détour mortel » se concentrait sur la peur panique de ses personnages – peur de l’inconnu, peur du noir – qui se matérialiserait sous les traits d’une « famille Tronçonneuse » composée de trois frères horribles et visiblement cannibales. Rien n’y était réellement explicité sur la famille de dégénérés ; le film préférait de loin se concentrer sur le sentiment d’urgence et la peur glaçante de mourir dans d’atroces souffrances – une terreur encore renforcée par un film développant largement le sentiment selon lequel cette mort était inévitable.

Quelques années après sa sortie, l’enthousiasme n’est certes plus ce qu’il a été, mais Détour mortel restait un monument de cinéma bourrin et jouissif, encaissant avec une certaine classe le poids des années. Entre 2003 et 2014, le film de Rob Schmidt avait fait l’objet de cinq suites, prenant la forme de séries B destinées au marché de la vidéo. La première était portée par la personnalité de Henry Rollins, les suivantes exploraient d’avantage les arcanes du gros bis qui tache. L’avènement de Netflix et de nouvelles références en termes d’horreur moderne avaient cependant mis un terme à la franchise après Détour mortel 6 : Last resort. Quelques années plus tard, l’idée d’un remake s’est peu à peu imposée dans l’esprit des ayant-droits de la « marque » Détour mortel, bien décidés à ne pas la laisser retomber dans l’oubli.

Nous voilà donc quasiment vingt ans après le film original, et l’heure est au reboot. « Plus de jeunesse, plus de diversité » scandaient les héros de Jay & Silent Bob Reboot en 2019 – et c’est exactement la direction prise sur Détour mortel – La fondation. Toutes les races et orientations sexuelles seront donc représentées au sein du petit groupe d’amis au centre du film et, époque oblige, ça sera même une femme qui changera la roue au moment de l’inévitable crevaison / clin d’œil au film original. Le film est réalisé par Mike P. Nelson, metteur en scène de The domestics (2018), un film d’horreur inédit chez nous, mais ayant visiblement tapé dans l’œil des producteurs de chez Constantin Films ; parallèlement, l’intrigue est « reprise en main » par le scénariste Alan B. McElroy, à qui l’on devait déjà les scripts des trois premiers films de la saga originale. Sachant très bien qu’on ne pourra pas lui reprocher de prendre des libertés avec sa propre création, McElroy décide ici de délaisser un peu la terreur galopante du film original afin d’explorer d’avantage les « sauvages » constituant la menace, qu’il prend le parti de modifier du tout au tout.

On ne va pas ici vous [Spoiler] le plaisir, mais comme l’annonçait à demi-mots la bande-annonce du film, aux dégénérés cannibales et redneck du film original succède ici… autre-chose. Il est vrai qu’en l’espace d’un peu moins de vingt ans, la société a changé. La peur de l’étranger et de la violence aveugle, sentiments profondément post-11 septembre qui baignaient Détour mortel, se sont exacerbés de façon insidieuse, en partie à cause des réseaux sociaux qui n’ont eu de cesse de renfermer toujours un peu plus les gens sur eux-mêmes, dans une espèce d’individualisme virtuel forcené. Cette mutation sociale est en quelque sorte au centre de Détour mortel – La fondation, qui nous donnera à découvrir une poignée de jeunes à la fois ensemble et profondément isolés les uns des autres. L’habileté du scénario d’Alan B. McElroy est d’ailleurs bien de souligner l’hypocrisie des « humanistes » de façade, qui se révéleront bel et bien être les pires de tous quand la violence se déchainera.

Ainsi, derrière ses allures de survival classique (avec ce que cela sous-entend de brutalité et de passages « gore » qui vous feront grincer des dents), Détour mortel – La fondation développe tout de même au fil de son récit une intéressante réflexion sur le « mal », tout autant que sur la perception du mal. L’habit fait-il le moine ? Les vrais monstres sont-ils vraiment ceux que l’on pense ? Toutes les idées soulevées par l’intrigue n’y sont certes pas menées à leur terme, mais le choix des auteurs du film de ne plus seulement traiter de la « peur » est payant, puisqu’il offre au film un deuxième acte développant un malaise croissant, qui explosera littéralement lors d’un plan-séquence final absolument tétanisant.

Du côté des acteurs, on remarquera surtout les prestations de Charlotte Vega, Emma Dumont et surtout Daisy Head (Guilt) en ce qui concerne les jeunes gens. A leurs côtés, on notera également la présence de Matthew Modine, mais ce sera surtout l’excellent Bill Sage qui crèvera l’écran ; l’ex-patriarche taré de We are what we are de Jim Mickle retrouve en effet ici un rôle à la mesure de son immense talent – il bouffe littéralement l’écran et les autres acteurs dans chaque scène où il apparaît.

Au final, Détour mortel – La fondation s’avère donc un film imparfait, mais bizarrement attachant. Le choc ressenti lors de la découverte du premier film n’est certes plus de la partie, mais les personnages – en particulier ceux de Jen et de Venable – sont intéressants, évoluant au fur et à mesure que l’histoire progresse, jusqu’au point de non-retour.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est aujourd’hui sous les couleurs de Metropolitan Vidéo que nous arrive le Blu-ray de ce nouvel opus de la saga Wrong turn, intitulé Détour mortel – La fondation. Et techniquement, autant dire que l’éditeur nous livre une galette vraiment irréprochable : la photo du film, essentiellement nocturne dans son dernier tiers, se trouve littéralement sublimée par un encodage Haute Définition sans faille : le piqué ne souffre jamais de la basse lumière, les couleurs sont pêchues et éclatantes, bref, c’est vraiment superbe durant tout le film. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : les effets multi-directionnels vous feront à coup trépigner de plaisir dans vos fauteuils, et le tout est renforcé par un caisson de basses puissant ; les deux mixages sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, qui passent tous deux des ambiances finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants quand les éléments se déchaînent (la chute du tronc, la scène de l’orage…). Du grand Art acoustique, qui nous fera oublier l’absence de bonus !

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