Test Blu-ray : Désigné coupable

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Désigné coupable

Royaume-Uni, États-Unis : 2021
Titre original : The Mauritanian
Réalisation : Kevin Macdonald
Scénario : Michael Bronner, Rory Haines, Sohrab Noshirvani
Acteurs : Tahar Rahim, Jodie Foster, Shailene Woodley
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h09
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 14 juillet 2021
Date de sortie DVD/BR : 22 novembre 2021

Capturé par le gouvernement américain, Mohamedou Ould Slahi est détenu depuis des années à Guantánamo, sans jugement ni inculpation. À bout de forces, il se découvre deux alliées inattendues : l’avocate Nancy Hollander et sa collaboratrice Teri Duncan. Avec ténacité, les deux femmes vont affronter l’implacable système au nom d’une justice équitable. Leur plaidoyer polémique, ainsi que les preuves découvertes par le redoutable procureur militaire, le lieutenant-colonel Stuart Couch, finiront par démasquer une conspiration aussi vaste que scandaleuse. L’incroyable histoire vraie d’un combat acharné pour la survie et les droits d’un homme…

Le film

[4/5]

Les conditions de détention à Guantánamo déchaînent littéralement les passions depuis une vingtaine d’années, soulevant de nombreux débats, tout à la fois politiques et humanitaires. Rien n’est simple quand il s’agit de réfléchir aux moyens à employer en matière de lutte contre le terrorisme, mais toutes nos réserves et interrogations ne peuvent que voler en éclats à la découverte du sort tragique de Mohamedou Ould Slahi. Retenu pendant 14 ans derrière les barreaux de Guantanamo, victime de toutes les tortures et humiliations, Slahi était revenu sur son calvaire ses mémoires, « Les carnets de Guantánamo » (2015), qui s’avère un témoignage d’une importance historique probablement non négligeable. Ce sont ces mémoires qui auront servi de base à Désigné coupable, qui permet à Kevin Macdonald (Le Dernier Roi d’Écosse) pour nous faire vivre « de l’intérieur » la descente aux enfers de cet homme, son histoire intime, ses conditions de détention et la bataille juridique qui a suivi son emprisonnement.

De manière immersive et douloureusement convaincante, Désigné coupable suit la trajectoire d’un homme dans l’adversité : pour incarner Mohamedou Ould Slahi à l’écran, Tahar Rahim retourne donc en prison, retrouvant pour l’occasion l’univers carcéral qui l’avait révélé en 2009 avec Un Prophète. Plus intéressés par l’émotion suscitée par les conditions de détention de Slahi que par la réflexion politique, Macdonald et son scénariste Michael Bronner ne remettront pas réellement en cause le système – ils n’aborderont ainsi pas les processus politiques ayant pu mener à une telle situation, ni les différents tenants et aboutissants permettant à l’armée de se placer au-dessus de toutes les lois et décisions de justice dès qu’il s’agit de suspects de terrorisme. Ils se concentreront au contraire sur « l’homme » ainsi que sur son voyage à la Midnight Express à travers une période d’enfermement rythmée par les tortures et les humiliations.

Inévitablement, à travers la lutte acharnée de l’avocate Nancy Hollander (Jodie Foster) afin de le faire libérer, Désigné coupable proposera occasionnellement un tableau plus large de la situation : failles et lenteurs ubuesques de l’administration US sont évoquées, mais d’’une façon assez curieuse, les considérations humanitaires sont systématiquement effacées de l’équation. Pour autant, le film de Kevin Macdonald ne tourne pas autour du pot en ce qui concerne la violence des traitements infligés au prisonnier. Même si certaines tortures ont été volontairement adoucies lors de leur passage à l’écran, le film montre tout de même dans le détail – d’un point de vue visuel mais aussi auditif – une aperçu des mauvais traitements subis par le prisonnier, dans le but de le briser physiquement, mais également psychologiquement et émotionnellement.

Articulé autour d’une structure narrative éprouvée, bénéficiant de la caution « histoire vraie » avec l’inévitable apparition du vrai Mohamedou Ould Slahi en fin de métrage, Désigné coupable s’avère tout à fait efficace dans son créneau, et sa mécanique parfaitement huilée lui permet d’atteindre parfaitement son but en termes de rigueur et d’émotion. Pour autant, le film de Kevin Macdonald ne serait rien sans ses acteurs, qui amènent véritablement toute leur humanité à cette histoire. Tahar Rahim est bouleversant, et livre une prestation complète et pleine de sensibilité, en particulier durant ces scènes à l’occasion desquelles il échange avec un voisin de cellule sans visage. Jodie Foster est également exceptionnelle dans le rôle d’une femme déterminée à sauver Slahi comme pour s’accrocher à sa propre humanité.

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, c’est du tout bon : le master de Désigné coupable édité par Metropolitan Vidéo nous propose une définition et un piqué solides, nanti de couleurs naturelles et bien saturées. C’est du beau travail, même les scènes nocturnes ou en basse lumière affichent une excellente forme, et des noirs solides et francs. Côté son, on se régalera de la spatialisation redoutable des deux mixages audio (VF / VO), tous deux proposés en DTS-HD Master Audio 7.1. C’est du lourd en termes de puissance et de dynamisme, le rendu acoustique étant dans les deux cas solide et très immersif.

Côté suppléments, Metropolitan Vidéo nous gâte, avec, pour commencer, deux courtes featurettes revenant sur l’histoire du film ainsi que sur le réalisateur Kevin Macdonald (4 minutes). On enchaînera ensuite avec une ouverture alternative et une petite poignée de scènes coupées (6 minutes). Mais ce n’est pas tout l’éditeur nous propose également un intéressant entretien avec Tahar Rahim (5 minutes), réalisé pour le site Allociné, dans lequel il abordera principalement son interprétation, sa rencontre avec Mohamedou Ould Slahi, le fait qu’il ait perdu 12 kilos pour le rôle et qu’il ait eu beaucoup de mal à « sortir » du personnage après le tournage. On retrouvera à nouveau Tahar Rahim dans un autre sujet estampillé Allociné : il s’agit cette fois d’une courte session de questions / réponses avec le public après une projection du film (4 minutes). On terminera enfin avec deux sujets documentaires absolument passionnants, signés Laurence Topham (The Guardian) : le premier est consacré à l’avant-première en Mauritanie (10 minutes), et suivra Kevin Macdonald et Mohamedou Ould Slahi à l’occasion d’une projection du film un peu particulière (scènes floutées, écran sale, son en stéréo, interruptions, lumières allumées) et le deuxième, intitulé My brother’s keepers (22 minutes), reviendra sur la vie de Mohamedou Ould Slahi en Mauritanie et ses retrouvailles avec Steve Wood, un des gardiens de Guantánamo avec qui il s’était lié d’amitié.

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