Demonia
Italie : 1990
Titre original : –
Réalisation : Lucio Fulci
Scénario : Lucio Fulci, Piero Regnoli
Acteurs : Brett Halsey, Meg Register, Lino Salemme
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h29
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 4 juillet 2023
Une équipe d’archéologues canadiens dirigée par le professeur Evans se rend sur les ruines d’un monastère médiéval sicilien pour entreprendre des fouilles. Mais lorsque Liza, la protégée d’Evans, part à la recherche d’une explication aux visions troublantes qu’elle a eues, elle réveille l’esprit de trois nonnes adoratrices de Satan mises à mort des siècles plus tôt par une foule violente, déclenchant une orgie de violence vengeresse sur les explorateurs qui ne se doutent de rien…
Le Film
[3/5]
Certains cinéastes ont réellement acquis leur statut ainsi que leurs lettres de noblesse non pas dans les salles de cinéma mais avec l’avènement de la VHS domestique. A force de bouffer de la K7 vidéo et de traîner leurs guêtres dans les vidéo-clubs les plus douteux au fil des années 80, une nouvelle race de cinéphages (âgés de quarante à cinquante ans aujourd’hui) a en effet érigé un culte ardent autour de certains réalisateurs généralement oubliés par la critique, et dont les films figuraient sur la liste des tristement célèbres « video nasties », cette fameuse liste gouvernementale anglaise recensant les films trop gore, obscènes, malsains ou dérangeants pour être exploités en vidéo de l’autre côté de la Manche. Dans la liste des 72 video nasties, le nom d’une poignée de cinéastes aujourd’hui « cultes » avait l’insigne honneur (horreur) d’apparaître plusieurs fois : on recensait en effet deux films de Dario Argento, de Tobe Hooper, d’Umberto Lenzi, de Joe D’Amato ou encore de Ruggero Deodato. Mais seulement deux metteurs en scène apparaissaient à TROIS reprises sur la liste : Jess Franco et Lucio Fulci.
Alors bien sûr, les adolescents des années 80, avides de sensations – et souvent lecteurs de Mad Movies et Vidéo 7 – cherchaient forcément à découvrir à tout prix les films présents sur la liste des video nasties, si bien qu’aujourd’hui, beaucoup d’entre eux ont probablement vu la plupart des bandes bisseuses (et pas toutes forcément inoubliables) signées Lucio Fulci durant les années 70/80. Sa réputation relativement tardive s’est essentiellement établie à l’occasion de sa tétralogie autour des morts-vivants, constituée de L’enfer des zombies (1979), Frayeurs (1980), L’au-delà et La maison près du cimetière (1981). A eux quatre, ces films ont contribué à masquer durant de très longues années la majeure partie des longs-métrages de Fulci qui les ont précédés, privant les cinéphiles français de quelques perles restées un brin trop « confidentielles » au fil des ans, telles que La longue nuit de l’exorcisme (1972) ou L’emmurée vivante (1977).
A la fin des années 80, l’avènement de la télévision commerciale nationale en Italie signerait la fin de l’âge d’or du cinéma de genre italien, et Lucio Fulci devrait bientôt composer avec des budgets de plus en plus réduits et des acteurs moins prestigieux. Demonia est l’un de ses derniers films : sorti dans une poignée de pays du monde en 1990, il restait totalement inédit en vidéo en France jusqu’à ce jour, et fait donc aujourd’hui figure de curiosité bienvenue pour les amateurs de cinéma de genre.
Avec son intrigue tournant autour d’une poignée de bonnes sœurs torturées et tuées par une foule de villageois en colère au 15ème Siècle, Demonia prend dans un premier temps des airs de « Nunsploitation », mais le film de Lucio Fulci ne tardera pas à révéler sa véritable nature : celle d’une espèce de patchwork fou entre différents genres, allant du film de possession au film de fantômes. Lucio Fulci ajoute également à son film une poignée de « visions » ressenties par l’héroïne du film, Liza (Meg Register), avec une séance de spiritisme comme élément déclencheur. La sous-intrigue évoquant l’intérêt de Liza pour l’occultisme, ainsi que ses interactions étranges avec la médium locale (Carla Cassola), font indéniablement partie des éléments les plus réussis du film.
Le reste de l’intrigue de Demonia se déroulera sur un site de fouilles archéologiques en Sicile, sur lequel Liza travaille en compagnie d’un professeur interprété par Brett Halsey. Bien entendu, le site en question s’avère être tout proche de l’endroit où se sont déroulés les funestes événements présentés au début du film : autant dire que les nonnes possédées manifesteront leur désaccord vis-à-vis de la profanation potentielle de leur lieu de repos. De fait, l’exploration des ruines sera le début d’une série de morts mystérieuses, et parfois assez graphiques et amusantes pour le spectateur. Dans le rôle du flic qui enquête sur cette série de meurtres surnaturels, on trouvera Lucio Fulci lui-même, qui tente de comprendre ce qui se passe dans le village.
Les interactions de l’inspecteur Fulci avec les habitants sont assez inégales, mais dans l’ensemble, on se félicitera des quelques nuances dans les motivations des personnages, qui soulèvent tout de même l’idée d’arrêter les fouilles en raison des « accidents » se produisant aux alentours du site, même si l’on sait bien, en tant que spectateur, que les archéologues resteront sur place pour un raison X ou Y afin que le jeu de massacre puisse continuer, nous donnant même à l’occasion une poignée de séquences réussies, intrigantes, voire poétiques. Autant dire que malgré son année de production, Demonia ne constitue pas le fond du panier de l’œuvre de Lucio Fulci, et conserve encore de beaux restes !
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Demonia édité par Carlotta Films nous propose une expérience « Home Cinema » très recommandable : l’image – qui a été restaurée en 4K – est assez superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage à la jolie photo du film signée Luigi Ciccarese. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, de même que la granulation argentique d’origine. Côté son, l’éditeur nous propose la VO italienne ainsi que la version anglaise du film, toutes deux en DTS-HD Master Audio 1.0 ; les deux mixages sont équilibrés, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.
Côté suppléments, Carlotta Films nous propose la traditionnelle bande-annonce.