Deadpool
États-Unis : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Tim Miller
Scénario : Rob Liefeld, Rhett Reese, Paul Wernick
Acteurs : Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 1h48
Genre : Action, fantastique
Date de sortie cinéma : 10 février 2016
Date de sortie DVD/BR : 17 juin 2016
Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie…
Le film
[4/5]
La réception critique et, dans une certaine mesure, publique de Deadpool en France a soulevé un malentendu auquel Ryan Reynolds, Tim Miller ainsi que les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick (Bienvenue à Zombieland) ne s’attendaient probablement pas : sous prétexte qu’il s’agit là de l’adaptation des aventures d’un personnage de super-héros ultra-violent et jurant volontiers comme un charretier, on l’a rangé à tort du côté d’autres personnages orientés « adultes » issus de la culture comic-books, tels que Judge Dredd ou Tank girl, et on dès lors taxé Deadpool de provocation de pacotille, allant plus chercher du côté de la rebellion adolescente que de la réelle subversion visiblement attendue par de nombreux spectateurs. Or si en effet les bandes dessinées de SF post-nuke british avaient indéniablement un côté subversif dans l’évocation des dérives d’une société totalitaire ressemblant par bien des aspects à la nôtre, il est sans doute un peu hâtif de vouloir prêter aux comics mettant en scène le mercenaire disert une volonté de « subversion ».
Créé par l’écurie Marvel dans les années 90, Deadpool est un psychopathe, imprévisible, mégalo et très, très bavard. La principale particularité du personnage, lui valant d’être au choix, soit adoré soit littéralement vomi des amateurs de comic-books, est le fait qu’il casse le « quatrième mur » ; conscient de sa nature même de personnage de fiction, il interpelle souvent le lecteur et rappelle souvent, au détour d’une case, appartenir à un univers non seulement irréel et imaginaire, mais également couché sur papier dans les pages d’une bande dessinée. Cette originalité, si inhabituelle soit-elle dans l’univers Marvel, liée à son humour incessant et parfois très noir et/ou graveleux, n’en font pas pour autant un personnage subversif : dans l’absolu, Deadpool est juste un sale gosse énervant et arrogant, qui ne manque d’ailleurs pas de s’attirer la haine de quasiment tous les personnages qui le croisent dans les pages des comics.
A priori, les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick avaient bien compris ce concept, et de fait, Deadpool s’avère une adaptation très fidèle et soignée de l’univers du comic-book. Comme dans les pages de la BD, toutes les vannes du personnage principal ne sont pas du même tonneau, certaines tombent à plat, et d’autres provoqueront à coup sûr l’hilarité.
Avec 3,7 millions d’entrées dans les salles françaises et quelques 780 millions de dollars de recettes mondiales, Deadpool a pleinement réussi son pari. Malgré une classification « R » aux États-Unis (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte) doublé d’une interdiction aux moins de 12 ans dans l’hexagone, le film de Tim Miller a remporté un succès retentissant, plus marqué encore que celui de Captain America – Civil war au printemps. Le plus enthousiasmant dans cette réussite inattendue au box-office, c’est qu’elle risque de changer un peu la donne pour les grands studios dans les mois et années à venir, qui devraient fort logiquement un peu moins rechigner à produire des blockbusters classés « R », à destination des adultes ou jeunes adultes. A une époque où beaucoup nivellent par le bas et renoncent à toute noirceur ou liberté de ton pour obtenir la sacro-sainte classification « PG-13 », le triomphe de Deadpool risque fort de lancer un vent d’air frais sur les blockbusters, au moins pour les quelques années à venir. Et de débloquer, entre autres, la production du très attendu Lobo (adapté du personnage de chez DC Comics), perdu dans les limbes du development hell depuis de nombreuses années…
Le Blu-ray
[5/5]
Si Deadpool pourra certes diviser en deux camps quasi-irréconciliables les spectateurs, adeptes ou pas de la distance et de l’esprit frondeur et sale gosse développé par le film, le Blu-ray édité par 20th Century Fox devrait en revanche s’attirer tous les suffrages. Côté image, la galette bénéficie de tout le savoir-faire technique déployé par l’éditeur depuis les débuts du support bleuté : la définition et le piqué sont irréprochables, les contrastes restituent à la perfection la photo très légèrement désaturée du film, bref c’est un nouveau sans faute à mettre à l’actif de 20th Century Fox, et un Blu-ray littéralement magnifique. Côté son, la VO est proposé dans un DTS-HD Master Audio 7.1 qui impose un véritable feu d’artifices d’effets sonores dans tous les coins, et en pariculier sur la scène arrière, omniprésente. La VF simplement encodée en DTS 5.1 ne démérite pas, mais ne peut pas se comparer au punch et à la finesse de la version originale.
Dans la section suppléments, on commence très fort d’entrée de jeu avec deux commentaires audio, assurés d’un côté par Ryan Reynolds et les deux scénaristes (assez dissipés ceux-là), de l’autre par Tim Miller et Rob Liefeld, co-créateur du personnage de Deadpool (beaucoup plus appliqués à nous donner des informations inédites). On continuera avec presque 20 minutes de scènes coupées ou étendues, dont certaines s’avèrent très amusantes. En plus de ces scènes supplémentaires, on aura droit à quelques impros et éclats de rire dans le bêtisier du film (environ six minutes).
Le gros morceau de la section consiste en un passionnant making of (1h20 environ), qui évoque sans langue de bois les difficultés pour monter le film avec la Fox, surtout après l’apparition catastrophique (et évoquée comme telle) de Deadpool dans X-Men origins : Wolverine, et les différents moyens de pression exercés par Ryan Reynolds -très impliqué dans l’aventure- et l’équipe afin d’arriver à leurs fins et d’obtenir un peu plus de liberté de la part du studio. On passera ensuite rapidement sur les premières images de X-Men Apocalypse pour se concentrer sur les galeries photo (concept art, costumes, story boards…) ainsi que sur le matériel promo très décalé et hilarant du film, rassemblé dans « la hotte de Deadpool ».
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