Day of the Dead – Saison 1
États-Unis : 2021
Titre original : –
Création : Jed Elinoff, Scott Thomas
Acteurs : Keenan Tracey, Daniel Doheny, Natalie Malaika
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 7h10 environ
Genre : Série TV, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 4 mai 2022
Six étrangers essayent de survivre pendant les 24 premières heures d’une invasion de Zombies…
La saison
[3,5/5]
Lancée par SyFy en 2021 sur les cendres encore fumantes de Z Nation, la série Day of the Dead est évidemment librement adaptée du film éponyme de George A. Romero, sorti sur les écrans du monde entier en 1985. De la même façon que la petite poignée de suites, reboots et remakes ayant été mis en boite autour du même film entre 2005 et 2018, la série n’entretient finalement que peu de rapports avec le film original. La critique sociale au cœur de l’œuvre du cinéaste est en effet ici aux abonnés absents, et l’essentiel de la première saison se déroule avant les événements relatés dans le film. On suppose que l’idée de Syfy était probablement de capitaliser sur un titre déjà connu afin d’attirer le téléspectateur, ce qui est certes un peu opportuniste, mais également louable, dans le sens où en 2021, mieux valait s’imposer avec une « marque » forte afin de se démarquer des (très) nombreuses autres séries de zombies, ces dernières ayant littéralement inondé le marché depuis le succès de The Walking Dead.
Et puisqu’on évoque le cas The Walking Dead, évoquons tout net le fond de notre pensée : s’il y a une personnalité que l’on aurait imaginé pouvoir prendre les commandes d’une série telle que Day of the Dead, c’est bien celle de Greg Nicotero. Producteur, responsable des effets spéciaux, réalisateur de certains épisodes et consultant sur Walking Dead, Nicotero semblait, sur le papier du moins, le candidat idéal pour donner vie et âme à Day of the Dead, d’autant plus qu’il tenait le poste d’assistant de Tom Savini sur le tournage du film de George Romero en 1985. On ignore si Greg Nicotero a été approché par la production de SyFy, mais une chose est sûre : le fait que le Network ait opté pour Jed Elinoff et Scott Thomas afin de s’atteler à l’adaptation du film-culte sous forme de série a probablement beaucoup contribué à faire de Day of the Dead un show attendu au tournant par toute une communauté de fans mécontents, attendant le bouzin en brandissant leurs fourches à la façon des villageois en colère des films de la Universal…
Car le petit monde du fantastique a ses codes, au cinéma comme à la télévision. Ainsi, pour obtenir une « légitimité » en débarquant aux commandes de la série Day of the Dead, il eut fallu que le showrunner ait soit un lien avec le film d’origine, soit au contraire qu’il débarque absolument de nulle-part. Dans le cas de Jed Elinoff et Scott Thomas, c’est très différent, car les deux scénaristes sont dans le business du divertissement depuis longtemps, et trainent derrière eux un background bien peu tourné vers l’horreur et le fantastique. Collaborateurs de longue date, créateurs en duo de Raven et Malibu Rescue, deux séries pour enfants respectivement produites par Disney et Netflix, Jed Elinoff et Scott Thomas ont plutôt à leur actif une carrière dédiée à l’enfance. Co-scénaristes de plusieurs épisodes et films de Scooby-Doo, on leur doit également le scénario de deux dessins animés mettant en scène la rencontre de personnages de chez Hanna-Barbera avec des catcheurs musclés issus de la plus grosse fédération US : Les Pierrafeu et WWE : Catch préhistorique en 2015 et Les Jetsons et les robots catcheurs de la WWE en 2017.
Dans la vraie vie, vous avez tout à fait le droit d’aimer tout à la fois l’horreur la plus craspec et l’animation à destination des plus jeunes. Mais à Hollywood, tout le monde doit rester dans sa case : d’ailleurs, il semble bon de rappeler que George Romero a souffert toute sa vie de cette stigmatisation l’ayant empêché de faire quoi que ce soit d’autre que les films de zomblards qu’on attendait de lui. Et on se félicitera donc à priori plutôt que SyFy ait permis à Jed Elinoff et Scott Thomas d’aborder le genre horrifique, d’autant que ces derniers avaient déjà tenté, par le passé, de s’adonner à un fantastique light par le biais de la série L’heure de la peur (2010-2014) et du film The Banana Splits Movie (2019). Cependant, et comme on l’a déjà annoncé un peu plus haut, il conviendra néanmoins, à la découverte de la série Day of the Dead, d’oublier l’héritage de George A. Romero, et le côté extrêmement acéré de ses films, qui proposaient souvent une dimension sociale et politique complètement absente du show créé et développé par Jed Elinoff et Scott Thomas.
En l’état, on rapprocherait en fait plutôt la série Day of the Dead d’un autre film sorti en 1985, produit par John Russo, ancien associé de Romero sur La Nuit des morts-vivants : le mélange d’humour et de frissons et la tonalité générale assez légère de la série rappellent en effet davantage Le Retour des morts-vivants que le gros œuvre zombiesque de Romero. Si certains clins d’yeux formels – tel que le premier plan du show, qui nous donne à voir la une d’un journal dans une rue infestée de zombies, ou encore la présence du zombie domestiqué « Bub » – font évidemment référence au Jour des morts-vivants, dans l’ensemble, l’esprit de la série est très différent de celui adopté par le cinéaste de Pittsburgh dans son film de 1985. Le plus sage est donc de s’efforcer d’oublier cette filiation, et de se laisser porter par l’ambiance et le rythme de ces dix premiers épisodes, qui nous proposent au final un mélange de neuf et d’ancien fonctionnant plutôt pas mal.
Bien sûr, le casting quasi-exclusivement composé d’inconnus peine à convaincre, d’autant plus que la plupart des acteurs ont cinq à dix ans de plus que les personnages qu’ils incarnent à l’écran. Les codes inhérents au film « de zombies » et les différents passages obligés du genre tendent également à amoindrir l’impact des premiers épisodes, qui servent essentiellement à mettre en place les personnages. Ainsi, après dix ans à voir les séries de zombies se succéder sur le petit écran, il est certain que l’on mettra quelques épisodes avant de s’acclimater à ce qui nous est proposé dans Day of the Dead. Pour autant, on aurait tort de faire la fine bouche : les maquillages sont en effet extrêmement réussis, et possèdent une patine old school assez plaisante. Le fait de voir les zombies sortir de leurs tombes et envahir les cimetières est par exemple un aspect du genre que l’on avait un peu perdu l’habitude de voir, et que l’on suit ici avec plaisir. La réalisation, assurée entre autres par Steven Kostanski, un trasnfuge du quatuor de prodiges canadiens de chez Astron-6, est très efficace. Le show développe un certain humour macabre, et dans l’ensemble, injecte dans le récit suffisamment d’idées originales (à défaut d’être réellement innovantes) pour maintenir l’intérêt du spectateur en alerte au fil de ses dix épisodes.
Bref, on ne saurait trop vous conseiller d’oublier les mauvaises critiques de Day of the Dead qui pullulent littéralement sur le Net, et de donner sa chance à la série de Jed Elinoff et Scott Thomas. En réalité, le principal défaut du show est de s’inscrire au sein d’une franchise qu’il n’a absolument pas les épaules pour assumer, et qui semble être le cadet de ses soucis. Pourtant, si elle n’a certainement ni la classe ni le côté subversif des films de George Romero, la série Day of the Dead demeure une bonne « petite » série de zombies, s’inscrivant dans une logique de divertissement sans conséquence qui semble être devenue la marque de fabrique de SyFy. Ainsi, si elle est indéniablement à la traine par rapport aux « grandes » séries du genre et apparaît de fait comme une espèce de parent pauvre d’une série comme The Walking Dead, cette première saison de Day of the Dead a pour elle le mérite de s’avérer courte, parfaitement rythmée et globalement plutôt sympathique et attachante.
Le coffret Blu-ray
[4/5]
C’est donc sous les couleurs de ESC Éditions que sort aujourd’hui au format Blu-ray Day of the Dead – Saison 1. Et comme souvent avec l’éditeur, techniquement parlant, il n’y a pas grand-chose à redire sur ce coffret Blu-ray, pour lequel l’éditeur renoue avec l’excellence à laquelle il nous a habitué au fil des sorties ces dernières. L’image est sublime, les couleurs et les contrastes en envoient plein les yeux, les noirs sont denses, le piqué d’une précision à couper le souffle… Chaque plan affiche une beauté exemplaire, la profondeur de champ est au meilleur de sa forme et le tout offre une quantité incroyable de détails. Les contrastes sont francs, et les noirs profonds : il s’agit d’une une superbe galette. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 en VF/VO joue essentiellement sur les ambiances, avec quelques effets dynamiques sur les scènes d’action riches en zomblards. Pas de suppléments.