Test Blu-ray : Darkman – Édition ultime

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Darkman – Édition ultime

États-Unis : 1990
Titre original : –
Réalisateur : Sam Raimi
Scénario : Sam Raimi, Chuck Pfarrer, Ivan Raimi, Daniel Goldin
Acteurs : Liam Neeson, Frances McDormand, Larry Drake
Éditeur : L’Atelier d’Images
Durée : 1h36
Genre : Fantastique, Action
Date de sortie cinéma : 14 novembre 1990
Date de sortie DVD/BR : 7 novembre 2017

Le professeur Peyton Westlake est en passe de réaliser une découverte capitale dans le domaine de la synthèse de cellules de la peau lorsqu’un gang, mené par le sadique Robert G. Durant, anéantit son laboratoire. Peyton est alors laissé pour mort. Mais bientôt une ombre connue sous le nom de Darkman commence à s’en prendre aux hommes de Durant…

Le film

[4,5/5]

1987 : Sam Raimi, au sommet de son Art, livre avec Evil Dead II l’apogée d’un genre et de son style, qu’il est parvenu à pousser dans ses derniers retranchements, signant avec ce retour aux aventures d’Ash Williams l’un des plus grands –si ce n’est tout simplement le plus grand– films d’horreur des années 80. Il était dès lors presque naturel de le voir, pour un temps du moins, se détourner du genre horrifique, auquel il avait tout donné. Insatiable, désireux de coucher sur celluloïd ses rêves de gosse, Raimi cherche donc à cette époque à réaliser un film de superhéros. Mais si la culture « comics » est déjà bien implantée dans l’inconscient collectif, les transpositions cinématographiques de ce genre ne se bousculaient à l’époque pas (encore) sur les écrans. Superman (Richard Donner, 1978), Batman (Tim Burton, 1989) ou encore Les tortues ninja (Steve Barron, 1990) étaient alors les seuls représentants d’un genre qui, quelques décennies plus tard, ne cesserait plus d’inonder les salles de cinéma. Devant les refus successifs d’adapter les aventures de superhéros existant déjà (des refus essentiellement liés à de sombres questions de droit), il finira par prendre la plume avec son frère afin de créer « son » superhéros : Darkman.

Né de diverses influences, piochant allégrement dans les origines de différents héros Marvel, et en y ajoutant quelques références allant des Universal Monsters aux « sérials » des années 30/40, Darkman impose donc un univers foutraque, foisonnant d’idées folles qui, devant la caméra en perpétuel mouvement de Sam Raimi, deviendra rapidement le terrain d’expérimentations formelles totalement barrées. Couleurs flashy, violence décomplexée, caméra lâchée en plongée dans le cerveau de son héros… Formellement, Raimi osait tout ou presque, proposant des points de vue complètement délirants, des trouvailles visuelles géniales dans un maelstrom de bruit et de fureur qui, de nos jours, semblerait bien difficile à monter au sein d’un grand studio (surtout pour un cinéaste quasi-débutant, dans le sens où il s’agissait de son premier film pour Universal).

Et peu importent finalement ses personnages ou ses acteurs, la « vraie » star de Darkman, c’est la caméra, et par extension Sam Raimi – dès lors, on pourra trouver que certaines idées ou séquences s’imposant sur le papier comme autant de « charnières » dans le récit sont bazardées un poil rapidement, sans la retenue et/ou le tact qu’elles auraient mérité pour toucher réellement le cœur du spectateur. Mais au final, pour le public, le plaisir de voir Raimi le sale gosse s’amuser avec son film comme s’il voulait l’essorer, le tordre dans tous les sens, l’emportera sur toute autre considération et emportera dans un raz de marée destructeur toutes les réserves que l’on pourrait avoir.

N’ayant jamais peur du trop-plein, Raimi empile les intrigues et les raccourcis narratifs, changeant de ton à chaque séquence ou presque (romantisme, horreur, humour, action destroy…), et se met de fait à enchainer les séquences anthologiques à vitesse grand V : le premier meurtre, jouissivement génial, le défilé de sosies, la séquence de la foire, celle de l’hélicoptère, et enfin le final sur l’immeuble en construction, le tout sur une pétaradante musique signée Danny Elfman. Porté par l’énergie du cinéaste, qui se démène littéralement pour faire de chaque séquence de Darkman un petit film en soi, cette sombre et tragique histoire de superhéros a finalement donné naissance à un film surexcité, branque, complètement fou. La maturité aidant, Raimi reviendra par la suite, quelques années plus tard, à certaines idées, ou certaines séquences entières de son film pour les insérer dans d’autres longs-métrages, comme pour y revenir, à tête reposée. Comme si, au final, Darkman n’avait été qu’un « brouillon ». Mais quel brouillon !

Le coffret Blu-ray – Édition ultime

[5/5]

Née de la passion des équipes éditoriales de L’atelier d’images, et avec le support de nombreux internautes suite à une campagne de crowdfunding, Darkman débarque donc ce mois-ci dans une édition « ULTIME » qui n’a pas volé son appellation. Deux Blu-ray, un DVD, le tout étant présenté sous la forme d’un comic-book hardcover à la couverture glacée et aux imposantes dimensions de 26 sur 17 centimètres : ce Darkman – Édition ultime s’impose d’entrée de jeu comme un magnifique objet de collection. Cette édition bénéficie également d’un tirage « limité » à 4200 exemplaires numérotés – ce qui pourra certes paraître étrange quand on connaît le marché du Blu-ray en France, comportant bien des galettes ne s’écoulant, malgré leur qualité, qu’à quelques centaines d’exemplaires dans l’hexagone.

On commencera donc par la découverte d’un comics inédit en France, intitulé Darkman contre l’armée des ténèbres. Il s’agit bien évidemment d’un crossover entre les univers créés par Sam Raimi : celui de Darkman et celui de Evil Dead, avec l’intervention du personnage de Ash, la tronçonneuse toujours solidement greffée à la main. Initialement publié par Dynamite Entertainment en 2006 sous la forme d’une mini-série de quatre épisodes, l’ensemble est ici réuni et proposé pour la première fois en VF par L’atelier d’images dans cette édition. Ecrit par Kurt Busiek et Roger Stern, dessiné par James Fry, ce comic-book d’une centaine de pages s’avère un sympathique prolongement à l’univers de Darkman. Si bien sûr les auteurs ont tout misé sur l’action, en profitant (et soulignant même à quelques reprises) d’une série de facilités narratives propres aux comic-books en général, le plaisir de retrouver quelques références aux films de Raimi et, surtout, le fameux Ash Williams, dont les caractéristiques sont proposées ici sur un mode un poil « light », surtout si l’on compare cette version en deux dimensions à ses saillies légendaires issues de l’énormissime série Ash vs. Evil Dead – vous pourrez d’ailleurs à ce sujet lire nos articles sur la première et la deuxième saison de ce show dans la section Blu-ray / DVD de critique-film. Autre avantage pour l’amateur de comics : la série se lit très facilement, et vous fermerez le livre en moins de trente minutes, avec un petit sourire aux lèvres. Juste pour le plaisir, voici un échantillon de quelques pages, ici présentées en VO anglaise :


Passons maintenant aux galettes à proprement parler : ce coffret Darkman – Édition ultime nous propose donc de redécouvrir la première incursion de Sam Raimi dans le petit monde des super-héros, qui constituait également sa première expérience avec un grand studio, à savoir Universal Pictures. Et l’on ne sera pas étonné au visionnage du Blu-ray de constater que Darkman compte encore nombre de stigmates des éditions Universal en termes de rendu sur les films de catalogue. En effet, malgré la belle précision de l’ensemble et la colorimétrie revue et corrigée s’avérant absolument superbe, on ne pourra s’empêcher de tiquer devant le transfert du film, qui affiche quelques traces assez visibles de passage au réducteur de bruit (DNR), le tout apparaissant tout de même assez lissé, et imposant quelques textures, telles que la peau des personnages, donnant une impression « cireuse ». Le grain demeure néanmoins présent, mais clairement atténué. On remarquera aussi une tentative d’amélioration des contours ou Edge Enhancement, qui provoque lors de certaines séquences un léger halo blanchâtre autour des personnages – ce défaut est par exemple tout particulièrement visible lors de la présentation de la bande de Durant, juste après le gunfight ouvrant le film, le plan large n’aidant pas particulièrement à ne pas le remarquer. Cela dit, et malgré ces quelques réserves, la galette propose un rendu HD assez enthousiasmant. Pour être tout à fait honnête, l’éditeur français doit de toutes façons composer avec le matériel que lui fournit Universal, qui n’est simplement pas tout à fait celui attendu par les fans du film les plus pointilleux – car autant être honnête, ce genre de détails ne gêne généralement que les consommateurs les plus « maniaques ». En l’état, le rendu visuel de la galette éditée par L’atelier d’images est très similaire à celle éditée par les américains de Shout ! Factory en 2014, et s’avère donc le meilleur actuellement disponible sur le marché. On notera par ailleurs que le film est bel et bien proposé en 1080p, et dure donc 1h36, contrairement aux 1h31 qu’indique la jaquette, et qui correspond à la durée du DVD, logiquement encodé à 25 images / secondes. Côté son, l’éditeur nous propose une spectaculaire VO mixée en DTS-HD Master Audio 5.1. Malgré un mixage essentiellement frontal, et servant largement à mettre en évidence les sublimes compositions de Danny Elfman pour le film, cette piste se révèle finalement assez impressionnante dans son genre, proposant de petits détails étonnants sur les canaux arrière, qui ne nuisent jamais à la patine old school du film. La version française (d’origine) quant à elle s’épanouit seulement en DTS-HD Master Audio 2.0, dans un mixage clair et propre, mais ne tenant pas la comparaison avec sa grande sœur en HD en termes de dynamisme.

Jetons maintenant un œil aux suppléments. Le plus évident des bonus disponibles au cœur de cette Édition ultime se situe sur le deuxième Blu-ray : il s’agit évidemment de Darkman II : Le retour de Durant (1995) et Darkman III : Die Darkman die ! (1996), les deux suites au film de Sam Raimi, proposées en Haute Définition bien sûr, et DTS-HD Master Audio 2.0 en VF et VO. Côté générique, le réalisateur Sam Raimi et son acteur principal Liam Neeson ne seront plus de la partie, laissant respectivement leurs places au téléaste Bradford May et à Arnold Vosloo (La momie). Si les films n’égalent en aucune façon l’original, ils demeurent de sympathiques petits DTV « du samedi soir », dans le seul où ils délaissent un peu le personnage de Darkman pour se concentrer sur des « méchants » hauts en couleurs, incarnés par Larry Drake dans Darkman II et par le formidable Jeff Fahey dans Darkman III ; loin d’être de simples « pompes à fric » dépourvues d’âme, elles parviennent globalement à convaincre grâce à des scénarios simples et malins.

Une fois remise dans le lecteur la galette Blu-ray du premier Darkman, on ne pourra que hausser le sourcil admirativement devant la quantité de suppléments que nous propose L’atelier d’images : presque 3h30 de bonus, réunis en deux sections : « Darkman vu d’aujourd’hui » et « Darkman vu d’hier ». Les possesseurs de l’édition Shout ! Factory ne seront pas dépaysés, puisque l’éditeur a pu récupérer les droits de quasiment tous les suppléments présents sur leur Blu-ray de 2014, avec naturellement des sous-titres français. Il s’agit donc dans un premier temps (« Darkman vu d’aujourd’hui ») de plusieurs entretiens « rétrospectifs » : les acteurs Liam Neeson, Frances McDormand, Larry Drake, Dan Bell et Danny Hicks se prêteront donc au jeu du retour sur ce grand moment de leurs carrières respectives, de même que Randy Ser (production design) et Tony Gardner (maquillages), qui livreront quelques secrets sur la préparation et le tournage du film aux côtés du réalisateur. On continuera ensuite avec un entretien avec Julien Dupuy et Stéphane Moïssakis, au cœur duquel les deux journalistes de Mad Movies, grands admirateurs du cinéma de Sam Raimi, reviennent sur le contexte de production, les diverses influences du cinéaste mais également sur les réminiscences de Darkman que l’on pourra trouver dans la suite de sa carrière, notamment dans Spider-Man 2 (2004) et Spider-Man 3 (2007), qui reprennent en mode « bigger and louder » quelques séquences du film de 1990. Ces entretiens récents et souvent assez passionnants laisseront par la suite la place à des interviews et featurettes tournées au moment de la sortie du film dans les salles (« Darkman vu d’hier ») : on entendra donc enfin s’exprimer Sam Raimi, de façon posée et assez longue (presque une demi-heure), sur ses influences conscientes et les conditions de mise en chantier du film. On trouvera également quelques entretiens assez fournis avec les acteurs Liam Neeson, Frances McDormand et Colin Friels, de même qu’un petit et assez court making of d’époque. On survolera enfin les traditionnelles bandes-annonces et spots TV.

Mais ce n’est pas encore tout à fait terminé, puisque L’atelier d’images  nous propose également de nous plonger dans les storyboards du film (100 planches environ), qui démontrent à la fois que le film était déjà très « mûr » dans l’esprit du cinéaste, mais également la sensible « valeur ajoutée » que sa patte inimitable a conféré au film. Une vaste galerie de photos (contenant presque 200 clichés) fera également le tour des différentes photos de tournage et de presse destinées à la promotion de Darkman au moment de sa sortie dans les salles. Quand on vous disait que l’appellation Edition ultime n’avait rien d’usurpé…

En résumé – parce qu’il faut bien avouer que l’on fait rarement aussi long dans la section Blu-ray / DVD – on dira donc que nos quelques réserves concernant l’image du Blu-ray de ce Darkman – Edition ultime s’envolent sans peine face aux efforts éditoriaux incroyables dont on fait preuve les équipes de L’atelier d’images : le copie est la meilleure disponible à ce jour, et les nombreux et passionnants suppléments, couplés à un packaging de grand luxe incluant un comic-book inédit font de cette édition un « indispensable » de cette fin d’année 2017 : un vrai et bel objet de collection, au design soigné et aux finitions parfaites.

On ne pourra pas terminer cet article sans saluer la sympathie et la disponibilité des équipes de L’atelier d’images et de leur attachée de presse, sans qui la réalisation de ce test n’aurait pu être possible. Chapeau bas !

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