Test Blu-ray : Creed II

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Creed II

 
États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Steven Caple Jr.
Scénario : Juel Taylor, Sylvester Stallone
Acteurs : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Éditeur : Warner bros.
Durée : 2h10
Genre : Drame, Sport
Date de sortie cinéma : 9 janvier 2019
Date de sortie DVD/BR : 15 mai 2019

 

La vie est devenue un numéro d’équilibriste pour Adonis Creed. Entre ses obligations personnelles et son entraînement pour son prochain grand match, il est à la croisée des chemins. Et l’enjeu du combat est d’autant plus élevé que son rival est lié au passé de sa famille. Mais il peut compter sur la présence de Rocky Balboa à ses côtés : avec lui, il comprendra ce qui vaut la peine de se battre et découvrira qu’il n’y a rien de plus important que les valeurs familiales…

 


 

Le film

[3,5/5]

La saga Rocky fut initiée en 1976 par John G. Avildsen et Sylvester Stallone, avec un film ayant remporté rien de moins que trois Oscars dont celui du meilleur film. En un peu plus de 40 ans, la saga du boxeur incarné par Stallone a par la suite donné naissance à huit films, développant plus ou moins toujours le même schéma narratif, celui que l’on nomme communément celui de l’underdog, mot anglais signifiant « outsider », et qui s’adaptera à tous les récits mettant en scène des challengers désignés comme ayant forcément perdu d’avance, qui finiront malgré tout par réussir à remporter la victoire. Au cœur de la franchise Rocky cependant, il y a un film qui divise sérieusement les fans, et se voit souvent qualifié de vilain petit canard ou de maillon faible : il s’agit de Rocky IV (Rokikat’).

Pur produit de l’ère Reagan, Rocky IV (1985) est en effet un film binaire, mettant en scène deux boxeurs que tout oppose : d’un côté le gentil Rocky Balboa, garant des valeurs familiales et de l’american way of life, et de l’autre le russe Ivan Drago (Dolph Lundgren), véritable machine à tuer qui sera d’ailleurs responsable de la mort d’Apollo Creed, une des grandes figures de la saga Rocky. Entrainé par des scientifiques qui testent sur lui toutes sortes de stéroïdes et de technologies de pointe, Drago n’a plus d’humain que l’apparence : il est un véritable robot, auquel Dolph Lundgren prête ses traits et son jeu très influencé par celui d’Arnold Schwarzenegger dans Terminator (1984). Face à lui, au cœur du clan Balboa, tout n’est qu’amour et valeurs positives, et même l’entrainement de Rocky avant son combat en Russie marquera sa volonté de tourner le dos à la technologie et de retourner à la terre, puisqu’il se mitonnera un entraînement à l’ancienne en Sibérie au cœur d’une nature sauvage, qui lui fournira d’ailleurs tous les outils nécessaires. Plus fort encore : en opposition aux russes chez qui la technologie n’est synonyme que de froideur et de déshumanisation, Balboa et ses amis (Adrian, Paulie et Duke) quant à eux se révéleront même capable de susciter des sentiments chez les machines, puisque le petit robot ménager offert à Paulie au début du film (et prétexte à de très nombreux gags) finira carrément par tomber éperdument amoureux de lui. Vous l’aurez compris : Rokikat’ est un pur film des années 80, très influencé par les productions Cannon. De fait, et malgré son immense succès dans les salles, la critique dénoncera les excès de caricature, le style « clipesque » du film, ses incohérences ou encore son idéologie anti-communiste décomplexée. Sans surprise, le film sera nommé neuf fois aux Razzie Awards, et deviendra de fait l’opus le plus mal-aimé de la saga, créant deux clans parmi les amateurs de la saga Rocky : d’un côté ceux qui le rejettent, voyant en Rocky IV l’antithèse du film original signé John G. Avildsen, et ceux qui, trouvant sans doute que le schéma narratif classique de l’underdog ne réserve plus aucune surprise au spectateur, l’adorent et le considèrent comme le meilleur film de toute la franchise. RokikaaaaaaaaaAAAAaaat’ !!!!!!

Si l’on a pris le temps d’évoquer assez longuement Rocky IV, c’est parce que Creed II remet au centre de son intrigue le personnage d’Ivan Drago, toujours incarné par Dolph Lundgren. On apprendra donc qu’après sa défaite il y a quarante ans, sa femme Ludmilla l’a quitté, et sa patrie d’origine l’a rejeté. Il a mis ce temps à profit pour entrainer son fils Viktor, et aujourd’hui, le clan Drago réclame sa vengeance en demandant un match contre Adonis Creed, devenu champion du monde… Sur le papier, Creed II aurait donc pu réconcilier les fans de Rocky IV et ceux ne jurant que par le reste de la saga. Le film joue d’ailleurs clairement la carte de la nostalgie, puisqu’on y retrouvera l’amorce d’un conflit entre Ivan Drago et Rocky Balboa, mais également Ludmilla, toujours incarnée par Brigitte Nielsen, que l’on ne pensait pas un jour revoir sur un grand écran (ou sur un écran tout court d’ailleurs). Inévitablement, le scénario met la place du père au cœur des thématiques abordées par le film : par la relation d’Adonis à son père et son désir de venger la mort de celui-ci bien sûr, mais également par son propre rapport à la paternité, qui se construira au fil du film et alors que, parallèlement, Rocky Balboa et Ivan Drago représentent également deux modèles de paternité « sacrifiée », l’un par des années d’absence et de silence, l’autre par des décennies d’éducation stricte, quasi-inhumaine. En dehors de ces considérations sentimentales, décidément très présentes au cœur de la saga Rocky, Creed II en revanche reprendra la construction d’un récit d’underdog tout ce qu’il y a de plus classique, avec l’apparition d’un redoutable adversaire, la première défaite, puis l’inévitable victoire dans le dernier tiers du film, même si cette dernière se fera d’une façon un peu moins définitive et spectaculaire qu’à l’accoutumée. Les spectateurs les plus blasés par ce genre d’histoires interchangeables et prévisibles en seront inévitablement pour leurs frais, se consolant grâce à la facture technique très réussie du film ; les autres en revanche se régaleront de la montée crescendo de la tension et de l’émotion offerte par ce grand spectacle classique.

Ainsi, comme le disait notre chroniqueur Tobias Dunschen dans sa critique du film début janvier, « Si vous êtes un fan inconditionnel du mode opératoire percutant de Rocky et de ses sbires depuis le premier Rocky, notre avis sur Creed II ne vous fera point changer de camp. » En revanche, si vous êtes plutôt client des patates décomplexées et de l’ambiance 80’s qui faisaient tout le sel de Rocky IV, le film de Steven Caple Jr. devrait vous conforter dans l’idée que le film de 1985 ne fut qu’un incident de parcours, un grain de folie venu dérégler le temps d’un film une mécanique bien huilée. En refusant par exemple de mettre en scène dans le film un affrontement réel entre Sylvester Stallone et Dolph Lundgren, les auteurs de Creed II ont fait le choix de réintégrer le personnage d’Ivan Drago dans l’univers normé et réaliste du reste de la saga, comme si une réhabilitation était nécessaire, voire comme si il fallait laver « l’affront » que constituait Rocky IV dans la continuité de la franchise. On le regrette bien sûr, mais le plaisir de revoir Dolph Lundgren dans la peau de Drago vaut tout de même la peine de se plonger une nouvelle fois dans l’expérience.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est bien sûr sous les couleurs de Warner bros. que vient de débarquer en France le Blu-ray de Creed II. Côté image, le film est récent et on le sent : le master est propre, la définition est impeccable, la colorimétrie fait toujours mouche, le piqué est d’une précision redoutable et les contrastes sont impeccablement tenus, avec des noirs denses et profonds. Côté son, l’éditeur continue sur son excellente lancée avec une VO proposée à la fois en DTS-HD Master Audio 5.1 et en Dolby TrueHD 7.1. Les deux mixages bénéficient d’un dynamisme époustouflant et d’une spatialisation impeccable, de même que des basses littéralement tonitruantes, renforçant encore l’immersion au cœur du film, surtout bien sûr durant les scènes de boxe. De son côté, la version française ne s’exprimera qu’à travers un mixage Dolby Digital 5.1 ; si bien sûr la version originale offre un rendu plus ample et spectaculaire, la VF propose tout de même un rendu dynamique et d’excellents effets acoustiques sur les matchs.

Du côté des suppléments, Warner bros. nous propose trois featurettes faisant intervenir pendant un petit quart d’heure les acteurs et l’équipe du film. On y reviendra plus particulièrement sur les relations père / fils au cœur du film, sur le rôle de Viktor Drago et la performance de Florian Munteanu, et enfin sur les personnages féminins de Creed II, avec des interventions de Phylicia Rashad et Tessa Thompson. On continuera ensuite avec un sujet d’un quart d’heure présentée par Dolph Lundgren sur la saga Rocky : le sujet est intéressant et propose un retour sur huit films et 42 ans de boxe au cinéma : on y abordera superficiellement les enjeux, les acteurs, la musique et les différentes thématiques de la saga. Last but not least, on terminera avec une dizaine de minutes de scènes coupées ; certaines sont sans aucun intérêt, mais d’autres valent vraiment le coup d’être découvertes, telles que l’enterrement de Spider Rico (un des boxeurs du premier Rocky) ou les propos échangés au vestiaires entre Adonis Creed et Viktor Drago après le match qui clôt le film.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Au dela du scenarii j’aimerais porter l’attention des spectateurs sur des sons du haute malveillance. Diffusé dans de nombreuses séquences de ce film, provenant du studio d’ingenierie de la warner. Causant de grave troubles cérébrale à chaque spectateur et variants suivant le model du téléviseur et salle de cinema.

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