Coup de fouet en retour
États-Unis : 1956
Titre original : Backlash
Réalisation : John Sturges
Scénario : Borden Chase
Acteurs : Richard Widmark, Donna Reed, William Campbell
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h24
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 23 mars 1956
Date de sortie DVD/BR : 24 mars 2022
Au lendemain de la Guerre de Sécession, Jim Slater revient en Arizona, à la recherche de la tombe d’un père qui, jadis, échappa au massacre de ses compagnons par les Indiens avant de s’enfuir avec 60.000 $ en or. C’est justement cet or qui suscite toutes les convoitises. D’abord celle d’une bande de hors-la-loi pour lesquels Slater devient un gibier à traquer où qu’il aille. Celle aussi de la belle Karyl Orton, bien décidée à récupérer la part du précieux métal qui revient à son mari. Alors que Slater découvre peu à peu la véritable nature de son père, grandit la passion entre Karyl et lui…
Le film
[4,5/5]
Même s’il nous propose indéniablement une poignée d’éléments narratifs assez uniques en leur genre, Coup de fouet en retour ne s’en impose pas moins, surtout dans sa première partie, comme un western « plaisir » qui parvient brillamment à réunir avec déférence tous les ingrédients classiques du genre. Embuscades, attaque de diligence, affrontements avec des indiens, chevauchées sauvages… Tout y est ! Et tout commence avec Jim Slater, le personnage de cowboy incarné par Richard Widmark, seul dans le désert rocailleux, se retrouvant confronté à une femme armée d’un fouet. Vêtue de cuir noir et exigeant des cigarettes, elle dégage une aura de bad grrrrrrl légèrement sexualisée tendance dominatrice, à laquelle même Richard Widmark – qui représentait tout de même la quintessence du cool dans les années 50 – ne peut résister.
Elle est mystérieuse. Elle est dangereuse. Elle est sexy. Elle, c’est Karyl Orton, la mangeuse d’hommes aux tendances exhibitionnistes – elle fera en effet des pieds et des mains pour changer de haut devant Slater – et elle est interprétée à l’écran par Donna Reed. Ce personnage de sauvageonne sophistiquée est d’ailleurs peut-être l’élément le plus fascinant d’un film qui, pourtant, ne manque pas de petits détails et de surprises dans son scénario, définitivement très original, qui ménage tout à la fois le suspense et les rebondissements, tout en maintenant un rythme trépidant jusqu’à son coup de théâtre final. Bon, alors bien sûr, Coup de fouet en retour reste un western des années 1950, et la cow-girl un peu punk se mettra évidemment à porter des robes longues avant la fin du film, et finira par désirer une stabilité monogame. Cependant, on ne peut que saluer la détermination de Donna Reed à rendre crédible la moindre facette de son personnage.
Face à elle, Richard Widmark interprète de main de maître un personnage aussi vif que déterminé, extrêmement masculin. Aussi habile avec ses poings qu’au maniement du revolver, il cherche des réponses dans une quête de vengeance personnelle. Western pur et dur, avec indiens, chevauchées épiques et splendides paysages de l’Ouest sauvage, Coup de fouet en retour n’en développe pas moins une « âme », notamment dans la façon dont il détaille les motivations psychologiques de tous ses personnages, et même des plus mineurs : tous ont en effet un background, une histoire et des raisons pour agir de la façon dont ils agissent. Du grand Art !
Le Blu-ray
[4/5]
Sorti au format DVD chez Sidonis Calysta en 2007, Coup de fouet en retour revient donc tililler le spectateur français ce mois-ci dans les rangs de la collection « Western de légende », mais cette fois, le film de John Sturges bénéficie d’une présentation – méritée – sur support Blu-ray. Et pour cette première française en Haute-Définition, Coup de fouet en retour bénéficie d’un rendu HD assez enthousiasmant : la copie – proposée au format cinéma respecté 2.00:1 – est parfaitement stable, les couleurs sont éclatantes, les contrastes bien gérés, et le gain en termes de définition est très appréciable. Côté son, VF et VO sous-titrée sont toutes deux proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine) ; on préfèrera la VO pour les voix inimitables de Richard Widmark et Donna Reed, mais la version française d’origine, pleine du charme désuet des doublages des années 50, s’en tire plutôt bien – les deux mixages sont bons, équilibrés, et débarrassés de tout souffle trop important.
Dans la section suppléments, on retrouvera tout d’abord un entretien avec Richard Widmark (25 minutes) hérité du DVD de 2007. L’acteur y reviendra sur son boulot dans le genre western, et abordera tout particulièrement ses relations avec John Ford, Henry Hathaway, Darryl F. Zanuck. Il abordera également de façon plus spécifique les films Les cheyennes et Quand meurent les légendes. Assez paradoxalement, il ne dira pas un mot sur Coup de fouet en retour. En complément des propos de Richard Widmark, Sidonis Calysta nous propose les traditionnelles présentations du film par les chroniqueurs « maison ». On commencera naturellement avec la présentation du film par Patrick Brion (13 minutes) qui, comme à son habitude, replacera le film dans son contexte historique en abordant les westerns sortis sur les écrans en 1956. Il évoquera ensuite de façon un peu générale le cinéma de John Sturges, et évoquera la courte durée et l’efficacité de Coups de fouet en retour. Comme très souvent, et étant donné le côté lapidaire de son évocation du film, on soupçonne Patrick Brion de ne pas avoir pris le temps de le revoir avant d’enregistrer sa présentation. On terminera ensuite avec une présentation du film par Jean-François Giré (14 minutes), et contrairement à son confrère, Jean-François Giré a assurément revu le film et nous livre d’ailleurs un bon gros #Spoiler sur la fin du film : à éviter donc si vous n’avez pas encore vu Coups de fouet en retour. Giré reviendra par ailleurs sur les westerns de John Sturges, reviendra sur les acteurs du film, sur la rencontre des deux personnages principaux, ainsi que sur l’aspect presque « psychanalytique » du film, qu’il élargira d’ailleurs au genre western en général.