Confession à un cadavre
Royaume-Uni, États-Unis : 1965
Titre original : The nanny
Réalisation : Seth Holt
Scénario : Jimmy Sangster
Acteurs : Bette Davis, Wendy Craig, William Dix
Éditeur : BQHL Éditions
Durée : 1h31
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 4 août 1976
Date de sortie DVD/BR : 24 juillet 2020
Au terme d’un traitement de deux ans dans un institut spécialisé, le jeune Joey rejoint ses parents au domicile familial. Le petit garçon de dix ans manifeste aussitôt une grande hostilité envers sa nounou, refusant jusqu’aux repas qu’elle lui prépare et l’accusant même d’avoir, deux ans plus tôt, provoqué la mort par noyade de sa petite sœur. Une disparition dont Joey porte toujours le poids de la culpabilité. Constamment sur la défensive, il jure que, maintenant, c’est à son tour. Que sa nounou chercherait à le tuer…
Le film
[4/5]
Suite au succès de Psychose en 1960, la Hammer décide de se lancer dans le film d’épouvante contemporain, abandonnant les artifices formels du cinéma gothique pour des récits psychologiques au cœur desquels la folie et les fantômes d’un passé trouble ne sont jamais très loin. Ainsi, la firme britannique a-t-elle choisi, durant quelques années, de se consacrer à des intrigues « à la Daphné Du Maurier », riches en thématiques tirant sur la psychanalyse ou relevant de pathologies psychiatriques.
Mission fut alors confiée à Jimmy Sangster de livrer au spectateur des récits à la croisée des chemins entre Rebecca et Psychose, et ce dernier s’acquittera de cette tâche en signant une série de scénarios assez brillants, parmi lesquels ceux de Hurler de peur (1961), de Paranoïaque (1963) ou encore de Meurtre par procuration (1964).
Confession à un cadavre s’inscrit également dans cette veine, à un ou deux détails près. Point de surnaturel ici, mais un gros secret de famille, une folie homicide impossible à réprimer et un twist de fin de métrage qui fait froid dans le dos. Dernier film de la Hammer tourné en noir et blanc, Confession à un cadavre s’avère brillamment mis en scène par Seth Holt, secondé par le travail solide et élégant de son directeur photo Harry Waxman.
Suivant – durant une large partie du film du moins – le face à face ambigu entre une gouvernante (la « Nanny » du titre original, incarnée à l’écran par Bette Davis) et un horrible petit gamin (William Dix), le film évoque en effet également la thématique des enfants « méchants », assez populaire à l’époque, puisqu’elle était au centre de films tels que La mauvaise graine (1956), et qu’on pouvait aussi la retrouver dans des films tels que La rumeur (1961) ou encore Le village des damnés (1960), chaque film nous donnant à voir des enfants presque « maléfiques ».
Côté casting, les acteurs sont tous excellents, de Wendy Craig en mère dépassée par les événements à Jill Bennett dans la peau de la fragile tante Pen – en passant bien sûr par le petit William Dix à qui on foutrait bien une torgnole, mais c’est bien sûr Bette Davis qui crève l’écran dans la peau de cette gouvernante aux lourds secrets. De l’adulte ou de l’enfant, qui ment, et qui dit la vérité ? Qui est le(la) sociopathe et qui est l’innocent(e) ? Tout prendra sens dans la dernière bobine, éprouvante, dérangeante, sordide.
L’atmosphère habilement distillée par Seth Holt prend son temps, le cinéaste parvenant à ménager ses effets grâce à une montée en tension progressive. Ce crescendo dans l’angoisse contribue à faire de Confession à un cadavre un thriller psychologique implacable et cruel : un petit bijou de plus à mettre à l’actif de la Hammer, dans un style pourtant bien éloigné de l’épouvante gothique.
Le Blu-ray
[4/5]
Après avoir édité The anniversary en Blu-ray en septembre 2019 (une autre rencontre au sommet entre la Hammer et Bette Davis), BQHL Éditions se décide aujourd’hui à nous proposer en Haute Définition Confession à un cadavre – l’occasion idéale vous en conviendrez pour aborder ce petit chef d’œuvre de la Hammer qui restait jusqu’ici privé de HD. La définition est précise, le noir et blanc riche et parfaitement saturé, les noirs sont profonds, et la restauration a pris soin de préserver le grain argentique d’origine. Le master est d’une propreté et d’une stabilité tout à fait étonnantes. Côté son, seule la version originale est proposée en Dolby Digital 2.0 mono d’origine, au niveau peut-être un poil bas mais propre et toujours parfaitement clair. Si la VF existe probablement – le film est en effet sorti dans les salles françaises en 1976 – l’éditeur ne semble pas avoir pu remettre la main dessus. Pas de suppléments.
On notera par ailleurs que comme à leur habitude, les équipes de BQHL Éditions ont privilégié le master au fait de proposer un menu et un chapitrage sophistiqués : cette édition Blu-ray de Confession à un cadavre est pour le moins minimaliste, l’interface ne proposant que de lancer le film ainsi que le chapitrage.