Commando – Director’s cut
États-Unis : 1985
Titre original : –
Réalisateur : Mark L. Lester
Scénario : Steven E. de Souza, Jeph Loeb, Matthew Weisman
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 1h32
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 5 février 1986
Date de sortie DVD/BR : 1 juin 2015
Après avoir mené de nombreuses missions périlleuses, le colonel John Matrix, un ancien combattant d’élite, coule des jours heureux avec sa fille Jenny, âgée de 12 ans. Mais le général Arius, dictateur déchu, fait kidnapper celle-ci et charge Matrix d’assassiner l’actuel Président du Valverde. Ce qui n’est pas dans les plans de notre héros…
Le film
[5/5]
Alors, sérieux ou pas sérieux ? Le doute est permis quand on aborde le tout premier film produit par Joel Silver, Commando. Dix ans avant Last action hero, est-il envisageable qu’un film remette en question le genre qu’il aborde, en proposant une relecture des films d’action de l’époque sur le mode parodique ? Si l’auteur de ces lignes a toujours été convaincu que c’était le cas, l’analyse du contexte devrait logiquement nous pousser à demeurer d’avantage nuancé quant à la réponse.
Que Commando soit le chef d’œuvre de la carrière de Mark Lester, c’est un fait. Que le film propose plusieurs niveaux de lecture est également une certitude ; que Lester et son équipe (parmi lesquels le brillant scénariste de comics Jeph Loeb) en aient été conscients à l’époque du tournage est en revanche moins sûr. Cela dit, le film est très éloigné d’un actioner hardcore et badass à la sauce Le contrat par exemple : bourrin pour de rire, riche en gags (le personnage campé par Rae Dawn Chong amène notamment un contrepoint humoristique sur beaucoup de situations), Commando possède bel et bien une dimension « énorme » -si ce n’est parodique, donc- qui fonctionne d’ailleurs très bien.
Le film de Lester élève l’exagération au rang d’Art, déploie un scénario volontiers stupide et simpliste, dont les ellipses s’avèrent souvent amusantes, nous propose toute une collection de plans iconiques à la gloire de son héros (Schwarzie déplace des troncs d’arbres d’un seul bras, arrache une chaine par la seule force de ses poings, survit à un tir de roquette ou encore nourrit une biche en pleine foret avec sa fille…) et surtout, Commando s’avère un véritable festival de punchlines destructrices, tellement nombreuses et excellentes qu’on aurait pas la place de toutes les citer ici. Ne quittant jamais réellement les rails du premier degré (pas de gags non-sensiques à la Hot Shots ! 2), mais se permettant également des clins d’yeux appuyés à la carrière passée de Schwarzie via des répliques telles que « I’ll be back », nous proposant un méchant trèèèèèès méchant et savoureux (Vernon Wells en mode 100% gay, sosie baraqué et huilé de Freddie Mercury), ce cartoon live entretient donc le doute, semant la discorde au sein de la petite communauté des amateurs d’action, puisqu’il se verra considéré comme un nanar nauséabond et crétin par les uns, et comme un pur plaisir de gosse, régressif et hilarant, pour les autres. Une chose est sure néanmoins : Commando n’a décidément pas pris une ride, et continue toujours, 30 ans après sa sortie, à faire parler de lui.
Le Blu-ray
[4/5]
Déjà sorti en 2008 dans une édition vierge de tout supplément, Commando s’offre une nouvelle édition, estampillée « director’s cut » (+ 2 minutes de plans craspec), sous les couleurs de 20th Century Fox. Côté master, l’image est globalement plus détaillée que sur l’édition précédente, mais reste perfectible : en fonction des séquences, le grain cinéma varie un peu, l’image semble avoir été légèrement bidouillée numériquement, un peu lissée sur certains plans, et les contrastes semblent un poil trop accentués (signe d’une utilisation un poil abusive de la fonction « edge enhancement ») ; comme sur le Blu-ray de Predator sorti il y a quelques années, les puristes trouveront probablement matière à récriminations, mais cela dit, l’ensemble affiche une belle pêche. Côté son, seule la VO est mixée en DTS-HD Master Audio 5.1, la classique version française devant se contenter d’un DTS 5.1 immersif et très dynamique dans son genre. Les « surrounds » se font entendre, le caisson de basses se déchaine, en particulier durant le dernier tiers du film, et l’insupportable musique de James Horner est mise à l’honneur, surtout sur la version originale.
Dans la section suppléments, vide sur la galette de 2008, on trouvera donc, outre la version « director’s cut » du film jusqu’ici inédite en France, un passionnant commentaire audio du réalisateur Mark L. Lester (VOST), qui ne s’avère pas avare d’anecdotes. Un making of rétrospectif, astucieusement intitulé « Relâcher la pression » comme un clin d’œil à la mort du bad guy dans le film, donne la parole aux acteurs, producteurs et au réalisateur du film (à l’exception notable d’Arnold Schwarzenegger), qui s’amusent de son côté fun et décomplexé, et sont entrecoupés d’images du tournage. Le module intitulé « Pure action » complète le making of en revenant tout particulièrement sur la réception du film par le public et la critique. Trois scènes coupées et quelques punchlines alternatives, ainsi que la traditionnelle bande-annonce du film, complètent le tour du propriétaire.