Cocorico
France : 2024
Titre original : –
Réalisateur : Julien Hervé
Scénario : Julien Hervé
Acteurs : Christian Clavier, Didier Bourdon, Sylvie Testud
Éditeur : M6 Vidéo
Genre : Comédie
Durée : 1h32
Date de sortie cinéma : 7 février 2024
Date de sortie DVD/BR : 6 juin 2024
Sur le point de se marier, Alice et François décident de réunir leurs deux familles. Pour l’occasion, ils réservent à leurs parents un cadeau original : des tests ADN pour que chacun puisse découvrir les origines de ses ancêtres. Mais la surprise va virer au fiasco quand les Bouvier-Sauvage, grande famille aristocrate, et les Martin, beaucoup plus modestes, découvrent les résultats, pour le moins… inattendus !
Le film
[3/5]
Depuis quelques années, la comédie française s’est spécialisée dans le détournement des stéréotypes. Qu’il s’agisse de religion, d’appartenance ethnique ou d’orientation sexuelle, qu’on y aborde les végans, les chasseurs, les vieux, les aristos, les bobos ou les handicapés, toutes les raisons semblent bonnes afin de questionner les idées reçues. A ces fins, certains cinéastes choisissent régulièrement de verser, à la manière de Cocorico, dans un humour flirtant volontiers avec le politiquement incorrect, en mettant en avant les clichés les plus nauséabonds et/ou xénophobes des français quand ils parlent des étrangers.
Le cinéma n’est pas un Art moral : certains spectateurs pourront voir une certaine complaisance dans ce déballage de lieux communs au sujet des particularités de telle ou telle nationalité, et se sentir vaguement gênés aux entournures, tandis que d’autres y décèleront une critique acerbe, une mise en évidence du caractère rance, outrancier et finalement ridicule de ces propos. Ce débat ne date pas d’hier, et n’est pas exclusif à la comédie : que penser en effet des actes et des propos assénés en voix off par Philippe Nahon dans Seul contre tous (Gaspar Noé, 1998) ? La frontière entre complaisance et dénonciation est parfois fine, mais on se plaît à penser que le plébiscite public autour de Cocorico n’est pas le signe que la France se reconnaît dans les clichés véhiculés par le film, qui concernent cette fois quelques-uns de nos voisins européens (allemands, britanniques, portugais) ainsi qu’une autre nationalité qu’on ne vous révélera pas ici, mais qui s’avère également propre à déchaîner les imaginations.
Bien entendu, une partie du succès rencontré par Cocorico est lié à la présence en tête d’affiche de deux acteurs incontournables de la comédie française, Didier Bourdon et Christian Clavier, qui portent sur leurs épaules la réussite de toute la première partie du film. Le premier acte du film de Julien Hervé pourra même se révéler assez savoureux, dans les relations qu’il tisse entre les deux personnages jusqu’à l’inévitable affrontement d’égos. Les punchlines fusent, parfois amusantes, et l’ensemble est globalement bien mené en dépit du cabotinage de Christian Clavier, qui frise par moments la sortie de route. Beaucoup moins inspiré durant sa deuxième partie, le film a la mauvaise idée de séparer les deux acteurs, et de suivre les différents personnages se débattre avec leur « nouvelle identité ». Ce virage dans l’intrigue tendra non seulement à ralentir le rythme du métrage, mais aussi et surtout à espacer de plus en plus les sourires jusqu’à l’inévitable happy-end de Cocorico, placé sous le signe de l’ouverture et de la tolérance.
La plus belle scène de Cocorico est d’ailleurs celle qui marque les retrouvailles entre Didier Bourdon et Christian Clavier, qui intervient dans la dernière ligne droite du film. En quelques plans et deux, trois mots échangés, le scénariste / réalisateur Julien Hervé parvient à résumer toute la complexité et les paradoxes de l’amitié masculine, et les interactions sociales basées sur le rire. On notera par ailleurs que le dernier plan du film laisse la porte ouverte à une suite, qui se fera probablement d’ici quelques années. On peut supposer que le personnage incarné par Christian Clavier s’y découvrira des origines chinoises et jamaïcaines. On l’imagine déjà gesticuler de façon hystérique : « Gnééééé !!! Mais c’est un rouleau de printemps à la Ganjaaaa ! À la GanjaAAAaAAaA !!!!! »
Le Blu-ray
[4/5]
Côté Blu-ray, la galette de Cocorico éditée par M6 Vidéo est un régal pour les mirettes : le rendu visuel du film de Julien Hervé est de toute beauté, la définition et le piqué sont à couper le souffle et les couleurs explosent littéralement de mille feux. La profondeur de champ est d’une belle précision, et même les scènes en basse lumière affichent une pêche assez remarquable. Bien sûr, les mauvaises langues pourront toujours arguer que le boulot d’encodage des équipes techniques de M6 aura probablement été facilité par la photo très « passe-partout » de Jérôme Alméras, assez symptomatique du cinéma français. Niveau son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Le mixage est efficace, sans en faire des caisses, avec des ambiances finement distillées. Les scènes comiques les plus efficaces profitent d’un pep’s et d’une spatialisation toute particulièrement soignée. Pas de bonus.
bjr l’équipe
vous m’avez tué avec le rouleau de printemps à la ganja
le pire c’est qu’on l’imagine vraiment dire ça
meilleure réplique