Cloud Atlas
États-Unis, Allemagne, Hong Kong, Singapour : 2012
Titre original : –
Réalisation : Andy Wachowski, Lana Wachowski, Tom Tykwer
Scénario : Andy Wachowski, Lana Wachowski, Tom Tykwer
Acteurs : Tom Hanks, Hugo Weaving, Ben Whishaw
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 1h41
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 13 mars 2013
Date de sortie DVD/BR : 28 avril 2021
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié…
Le film
[5/5]
Lentement mais sûrement, Cloud Atlas approche de son dixième anniversaire. Pourtant, malgré une excellente note de 7,4/10 sur le site de référence IMDb (calculée sur la base de presque 350.000 votants), le film n’a pas encore aujourd’hui acquis le statut de chef d’œuvre intouchable, unanimement reconnu comme un des sommets du 7ème Art du vingt-et-unième siècle. C’est un tort.
Avec le recul, on ne peut s’empêcher de penser que la personnalité des Wachowski a probablement contribué à mettre leur œuvre au second plan. Les polémiques autour de leur changement de sexe aura peut-être eu raison de l’aura qu’ils s’étaient créés avec la saga Matrix – on saura dans un avenir proche si leur retour à la saga qui a fait leur gloire signera leurs retrouvailles avec le public.
Ainsi, mal aimés sont les Wachowski. Attendus au tournant, guettés avec mépris et condescendance, comme si l’on attendait à chacun de leur nouveau film une révolution semblable à celle initiée par le premier volet de la trilogie Matrix. Retour en arrière donc. En 2012, quelques années après l’énorme claque formelle qu’était Speed racer, les Wachowski étaient de retour aux côtés de Tom Tykwer pour Cloud Atlas, le « gros morceau » de SF qu’ils nous préparent depuis plusieurs années de development hell.
Et quel choc ! Au final, nous avions droit à rien de moins que six films en un seul, pour une œuvre qui charrie pêle-mêle aventure épique, sentiments d’amour exacerbé et pure science-fiction, en expérimentant une narration ultra-burnée qui aura laissé plus d’un spectateur sur le carreau.
Limpide, immersif, jamais chiant malgré ses presque trois heures au compteur, Cloud Atlas réussissait l’exploit d’immerger le spectateur au cœur d’une œuvre-somme, vertigineuse et émouvante, qui ne lui laisserait qu’une seule envie à l’issue de son générique de fin : se replonger une nouvelle fois dans cette aventure puissante et révolutionnaire qui se révèle à chaque vision plus riche et passionnante.
En deux mots comme en cent, Cloud Atlas est un film majeur et sous-estimé, dont la valeur réelle apparaîtra sans doute de façon incontournable au fil des années à venir. Laissons-lui encore un peu le temps de décanter dans l’esprit des spectateurs…
Lors de sa sortie sur les écrans français début 2013, notre chroniqueur Nicolas B. défendait l’idée selon laquelle Cloud Atlas était un film « plus proche de l’expérience sensorielle que du modèle typique de cinéma » :
« Si le roman préférait un schéma 123456-654321, le trio de réalisateurs a préféré une structure plus atypique mélangeant les différentes histoires, et donc les époques, en cherchant des transitions plus ou moins subtiles pour justifier ce choix dans ce qui ressemble à un large puzzle. Et il est si confondant que votre première vision de l’œuvre pourrait se faire au détriment des émotions, préférant comprendre l’agencement voulu : où peuvent bien nous emmener les Wachowski ?
L’introduction est en cela très déroutante : les 6 histoires que vous vous apprêtez à vivre sont présentées en quelque minutes au travers d’extraits très brefs dans un ordre semblant anarchique. Le but n’est pas de comprendre quoi que ce soit dans cette introduction, mais partager ce sentiment diffus de ressac, et vous laisser bercer par le film.(…)
Plusieurs thèmes transcendent l’œuvre, et peut-être le travail des Wachowski : l’égalité entre les individus, la lutte contre les discriminations, la compréhension par la découverte, l’acceptation de l’autre. Un grand message de tolérance en somme. Comme tout le reste du métrage vous trouverez peut-être cela très convenu si vous ne rentrez pas pleinement dedans.
Au delà de ces messages, Cloud Atlas reste une grande fresque d’aventure avec des décors riches et variés, de l’action, du suspens, des personnages développés, et les 2h50 foncent à toute allure. Enfin, et pour ne rien gâcher, le film est une grande histoire d’amour.
L’amour d’un homme pour sa femme, d’un homme envers un autre homme, d’une femme en la cause qu’elle défend, d’un homme pour lui-même, d’un clone pour un humain, d’un sauvage pour une savante.
L’amour serait le précepte ultime qui unirait les humains entre eux d’après le trio de réalisateur, provoquant pour peu que vous y soyez sensibles un torrent d’émotions assez mystique.
Qui se laissera bercer trouvera sûrement toute les réponses de sa vie dans Cloud Atlas. Le restant s’ennuiera pendant trois heures, à peine béat des belles images et de la sublime musique qui magnifie vraiment ce rêve ou ce cauchemar. »
Critique de notre rédacteur Nicolas B. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est Warner Bros. qui permet donc aujourd’hui aux fans et aux retardataires de voir et revoir Cloud Atlas sur support Blu-ray, grâce à une nouvelle édition Steelbook venue grossir les rangs de la collection « Sci-fi Destination », dont les visuels minimalistes style Art Déco évoquent les affiches de tourisme des années 30, et qui comprennent également la réplique de l’affiche originale du film au format A3.
Et côté Blu-ray, c’est du grand Art – le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur a vraiment soigné sa copie niveau master. L’image est sublime, la définition est d’une précision à couper le souffle, nous offrant un piqué réellement impressionnant, mettant en valeur les effets visuels du film de même que les nombreux maquillages ayant permis aux acteurs de camper chacun plusieurs rôles au sein de ce riche et captivant récit. Les couleurs et surtout les noirs ne dépareillent pas, et contribuent à proposer une immersion totale dans le film.
Côté son, et comme d’habitude avec l’éditeur, la VF proposée en Dolby Digital 5.1 a beau être de très bonne qualité, elle ne tient pas la comparaison avec l’ampleur et le dynamisme échevelé de la VO encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, qui s’avère plus riche, plus fine et plus enveloppante que sa petite sœur françouze.
Côté suppléments, si l’on pourra faire la fine bouche devant le simple amoncellement de featurettes que nous propose l’éditeur, il faudra quand même reconnaître que malgré leur côté promo indéniable (les interventions des acteurs) et le fait qu’il soient constamment entrecoupés d’extraits du film (agaçant), ces courts sujets s’avèrent souvent très intéressants, et dévoilent par instants des éléments narratifs ou visuels tout à fait surprenants et très symptomatiques du souci du détail maniaque des auteurs du film.
Souvent présentées sous la forme dynamique de la « table ronde » avec les trois réals et l’auteur du bouquin – les Wacho, Tom Tykwer et David Mitchell donc – ces sept featurettes composeront au final un peu moins d’une heure d’informations assez captivantes, qui nous donneront une idée un peu plus précise de l’entreprise colossale qu’a été la conception de Cloud Atlas au cinéma.