Chère Brigitte
États-Unis : 1965
Titre original : Dear Brigitte
Réalisation : Henry Koster
Scénario : Hal Kanter
Acteurs : James Stewart, Bill Mumy, Cindy Carol
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 2 juin 1965
Date de sortie DVD/BR : 28 novembre 2017
Robert Leaf, un professeur de littérature très conservateur, habite avec sa famille à bord d’un bateau ancré dans la baie de San Francisco. Il déteste les sciences exactes, et se montre méfiant et dubitatif envers la technologie. Quand il découvre que son jeune fils, Erasmus, se révèle être un petit génie du calcul et des mathématiques, il l’envoie chez un psychiatre pour déterminer ce qui cloche. Ce dernier dénote chez lui une curieuse et récurrente obsession : Erasmus est amoureux de Brigitte Bardot et rêve de la rencontrer…
Le film
[3,5/5]
La carrière d’Henry Koster en tant que réalisateur, qui s’étale sur plus de trente ans (de 1932 à 1966), fut surtout marquée par ses collaborations régulières avec James Stewart. Après Harvey (1950), Le voyage fantastique (1951), Mr Hobbs prend des vacances (1962) et Ah ! Si papa savait ça (1963), Chère Brigitte (1965) est donc le cinquième film réunissant les deux hommes, l’un derrière et l’autre devant la caméra.
Comédie familiale typique des années 60, très proche dans son esprit des productions Disney avec Dean Jones qui fleurissaient à l’époque (L’espion aux pattes de velours, Quatre bassets pour un danois, Un amour de coccinelle…), le film de Koster donne à nouveau à James Stewart un rôle de grand dégingandé imperturbable pratiquant l’humour à froid, et développe, comme c’était également fréquemment le cas à l’époque, un esprit gentiment réac / populiste, une idée selon laquelle « c’était mieux avant », globalement allergique à toute idée de progrès, d’évolution technologique ou de libéralisation des mœurs.
Mais son ses allures de film gentiment « vieux con », Chère Brigitte parvient tout de même à entretenir une réelle connivence avec le spectateur, notamment à travers une série de gags assez malins, rebondissant par exemple sur le fait qu’un des personnages du film s’adresse directement au spectateur. Et surtout, le film s’amuse en filigrane à taper sur l’american way of life des années 60, en montrant des personnages soit ouvertement « bohème », soit cherchant à s’enrichir de façon détournée, sans un regard pour les autres qu’ils écrasent ouvertement. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, plus de cinquante ans après sa sortie, certaines postures idéologiques anti-progrès (le personnage de Stewart évoque par exemple le développement de machines tellement sophistiquées qu’elles mettront chaque jour des milliers d’ouvriers au chômage) demeurent encore tristement d’actualité…
Et bien sûr, au cœur du film, il y a James Stewart, qui nous ressert son sempiternel personnage de cynique un peu maladroit, mais également Ed Wynn (Mary Poppins) et, bien sûr, Brigitte Bardot dans une très courte apparition. Un bon petit moment de comédie désuète, sans prétention et vraiment attachante.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Chère Brigitte vient donc d’arriver en Blu-ray sous les couleurs d’ESC Éditions, et vient grossir les rangs de sa riche collection Hollywood Legends. Le master restauré, encodé en 1080p et format 2.35 :1 respecté, impose un piqué précis, des couleurs chatoyantes et des contrastes solides ; le grain argentique d’origine est par ailleurs parfaitement respectés. Certains plans « à effets » apparaissent un plus doux que les autres, mais l’ensemble est très bien tenu : une excellente remasterisation. Côté son, seule la VO est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, l’éditeur n’ayant visiblement pas réussi à remettre la main sur la version française d’origine. Le tout s’avère tout à fait clair, sans souffle et par conséquent à 100% recommandable.
Du côté des suppléments, on trouvera deux sujets produits par les équipes de Rose Night (Christophe Champclaux et Linda Tahir), dont on reconnaît bien le style, depuis toujours très attaché à la petite et la grande Histoire du cinéma populaire. On commencera avec un retour sur le « phénomène » Brigitte Bardot par le photographe Stéphane Mulys, pour s’attarder ensuite un peu plus précisément sur sa carrière américaine aux côtés d’Antoine Sire, historien du cinéma. Complet et passionnant, même si on aurait sans doute aimé une approche un peu plus « analytique » en complément de ces deux sujets généralistes – d’autant que Brigitte Bardot n’est, officiellement, même pas créditée au générique de Chère Brigitte…