Chaos Walking
États-Unis, Canada, Hong Kong, Luxembourg : 2021
Titre original : –
Réalisation : Doug Liman
Scénario : Christopher Ford, Patrick Ness
Acteurs : Tom Holland, Daisy Ridley, Demián Bichir
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Genre : Science-fiction
Durée : 1h49
Date de sortie DVD/BR : 1 septembre 2021
Dans un futur proche, les femmes ont disparu. Le monde de Todd Hewitt n’est habité que par des hommes, et tous sont soumis au Bruit, une mystérieuse force qui révèle leurs pensées et permet à chacun de connaître celles des autres. Lorsqu’une jeune femme, Viola, atterrit en catastrophe sur cette planète, elle s’y retrouve en grand danger… Todd jure de la protéger, mais pour réussir, il va devoir révéler sa force intérieure et percer les sombres secrets qui étouffent son monde…
Le film
[3/5]
Chaos Walking est l’adaptation de « La voix du couteau », premier volet du cycle du Chaos en marche, trilogie de « littérature Young Adult » créée par Patrick Ness en 2008. Dans l’esprit étriqué du public français, cela placera immédiatement le nouveau film de Doug Liman aux côtés de la large collection de récits de coming of age à destination des enfants et des adolescents s’étant constituée au fil des occurrences cinématographiques des sagas Harry Potter, Hunger Games, Divergente, Twilight ou Le Labyrinthe. Autant dire donc que la critique n’a pas forcément été tendre avec Chaos Walking, qui, pourtant, nous propose quelques éléments narratifs assez remarquables au cœur d’un divertissement solidement ficelé.
L’originalité principale du récit de Chaos Walking est de mettre en scène le « bruit », c’est à dire les pensées des personnages, qui s’expriment à haute-voix, laissant aux autres le loisir de profiter de vos pensées les plus intimes. Que se passerait-il si chacun disait tout haut tout ce qui lui passe par la tête sans le moindre filtre, et que tout le monde pouvait l’entendre ? Vous l’aurez compris, la première cible de Patrick Ness avec sa série de bouquins était le « social media », et tout particulièrement les réseaux sociaux type Facebook, dont le « bruit » est une allégorie assez intéressante. Les amateurs de science-fiction apprécieront également la relation forte entre Todd et son chien Manchee. Leur communication quasi-télépathique rappelle la nouvelle « A boy and his dog » signée Harlan Ellison, qui s’était vue adaptée au cinéma en 1975 sous le titre Apocalypse 2024.
Pour être tout à fait honnête cependant, le concept du « bruit » et la façon assez fascinante dont le film l’illustre à l’écran tend à vampiriser un peu tout le reste de l’intrigue de Chaos Walking : on peine à s’attacher aux personnages, et on se désintéressera rapidement de leur quête initiatique. D’ailleurs, on a l’impression que Doug Liman et les scénaristes du film (Christopher Ford et Patrick Ness lui-même) en prennent un peu leur parti, délaissant largement la menace « Spackle » et laissant béer d’énormes trous narratifs, comme s’ils partaient déjà battus, convaincus que le film serait un « one shot » et ne donnerait pas naissance à la trilogie attendue. Ainsi, le plus grand mystère au cœur de Chaos Walking sera de déterminer comment diable le vaisseau de Viola a pu se crasher à deux pas de la ferme des Hewitt sans que personne ne s’en rende compte.
Pour autant, grâce au talent de Doug Liman, le film se tient au final plutôt très bien ; on se souvient d’ailleurs avoir pensé la même chose de Jumper il y a un peu plus de dix ans, et qu’on avait admiré la façon dont Liman avait posé les bases d’un concept assez difficile à rendre efficacement à l’écran. Du côté des acteurs, si Tom Holland et Daisy Ridley ne parviennent jamais réellement à s’imposer à l’écran, on saluera en revanche la prestation de toute une flopée de seconds-rôles vraiment badass : Mads Mikkelsen, David Oyelowo, Demián Bichir, Kurt Sutter, Nick Jonas – tous sont impressionnants dans leur genre, et surtout dans la façon dont ils parviennent finalement à donner à Chaos Walking des airs de western post-apocalyptique. Intéressant !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le film n’ayant pu avoir sa chance dans les salles obscures, il se rattrapera à la maison, et pour ce faire, le Blu-ray de Chaos Walking édité par Metropolitan Vidéo nous propose véritablement une expérience Home Cinema au taquet : l’image est superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage à la belle photo du film signée Ben Seresin (Godzilla vs. Kong). La définition est précise, les couleurs respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (fumée, couleurs vives qui tranchent net), le master tient la route et nous ravit pleinement les mirettes. Côté son, les deux mixages (VF/VO) sont proposés en Dolby Atmos et savent en imposer au spectateur, avec des passages littéralement tonitruants et des effets dynamiques de toutes parts. Un superbe boulot.
Dans la section suppléments, et outre un commentaire audio du réalisateur Doug Liman, de la productrice Alison Winter et du monteur Doc Crotzer en VO non sous-titrée, l’éditeur nous propose un intéressant making of divisé en plusieurs featurettes. La première d’entre-elles est consacrée au réalisateur Doug Liman (18 minutes), et présente la particularité de proposer des interventions de l’équipe en voix off sur des images du tournage. Sa « vision » et son énergie y sont largement mises en avant.
On poursuivra ensuite avec un entretien avec Patrick Ness (9 minutes), qui reviendra sur sa série littéraire ainsi que sur les modifications apportées au récit. Il nous apprendra également avoir eu l’opportunité de vendre les droits de sa série dès la parution du premier roman en 2008, mais avoir insisté auprès de son agent pour attendre la parution de la trilogie dans sa totalité. Déjà évoquée dans le sujet dédié au réalisateur, la représentation du « bruit » à l’écran sera ensuite abordée de façon plus approfondie (7 minutes) : on y découvrira que le bruit a été complètement conçu en post-production, et que ni Doug Liman ni ses acteurs n’avaient réellement d’idée de la forme qu’il prendrait au moment du tournage, ce qui semble avoir considérablement troublé certains des interprètes (David Oyelowo, Nick Jonas). C’est intéressant car dans un sens, il s’agit aussi d’un aveu d’échec quant à la direction d’acteurs proposée par Doug Liman sur le plateau. On passera ensuite rapidement sur deux sujets consacrés aux personnages (10 minutes) et à la musique du film (4 minutes) pour se plonger dans rien de moins que trois quarts d’heure de scènes coupées, proposées en plein cadre et disposant en option d’un commentaire audio du réalisateur Doug Liman, de la productrice Alison Winter et du monteur Doc Crotzer.