Chacun cherche son chat
France : 1996
Titre original : –
Réalisation : Cédric Klapisch
Scénario : Cédric Klapisch
Acteurs : Garance Clavel, Zinedine Soualem, Renée Le Calm
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h36
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 3 avril 1996
Date de sortie DVD/BR : 18 octobre 2022
À travers une histoire de chats et d’une jeune fille qui a perdu le sien, évocation de la vie d’un quartier parisien où plusieurs mondes cohabitent, se confrontent, se rencontrent, organisés en réseaux de communication complexes…
Le film
[3,5/5]
Chacun cherche son chat est un des représentants les plus célèbres d’un certain « jeune cinéma français » né au début des années 90, et qui nous donna une poignée de bons petits films avant de s’éteindre avec le tournant de l’an 2000. Cédric Klapisch était, avec Arnaud Desplechin, Agnès Obadia, Anne Fontaine ou même Albert Dupontel, l’un des fers de lance les plus enthousiasmants de ce jeune cinéma-là. Un peu plus de vingt-cinq ans plus tard, la plupart des cinéastes qui composaient cette nouvelle génération de cinéastes français continuent, souvent sur leur seul nom, à susciter encore un certain engouement du côté du public.
En 1996, Chacun cherche son chat avait réuni presque 680.000 français dans les salles, et le film de Cédric Klapisch était même parvenu à bénéficier d’une sortie sur les écrans américains. La raison de cet engouement pour le film à l’étranger réside probablement dans le portrait qu’il nous livre d’une Paris en pleine mutation : les grues de chantier sont là, menaçant le quartier de la Bastille, et poussant hors de la ville celles et ceux qui firent son âme et sa sève (personnes âgées, artistes…) au bénéfice de nouveaux habitants, les fameux « Bobos ».
Difficile de faire plus parisien que Chacun cherche son chat, et le fait que le film ait attiré les américains – et les étrangers en général – n’a finalement rien d’étonnant, tant le film de Klapisch possède vraiment une « âme » parisienne en mode semi-carte postale qui a de quoi faire rêver. Le film est d’ailleurs assez important dans la carrière de Cédric Klapisch, dans le sens où c’est avec celui-ci qu’il trouverait sa « petite musique », ce style à la lisière de la fiction et du documentaire qui ferait le charme de ses films mettant en scène le personnage de Xavier Rousseau, à savoir L’Auberge espagnole (2002) Les Poupées russes (2005) et Casse-tête chinois (2013).
Avec Chacun cherche son chat, Klapisch prend donc le pouls du quartier de la Bastille, derrière le faubourg Saint-Antoine, et construit son film sur le mode de la chronique, à la fois mélancolique et feel-good. La lisibilité topographique de l’ensemble est un peu contrariée, en partie à cause des modifications urbaines qui prennent place dans le quartier, mais également à cause de ces ruelles, de ces petits cafés bondés de monde et de ces cours d’immeubles où les petites vieilles aiment balancer des ragots sur leurs voisins. Suivant bon gré mal gré un fil rouge à base de chat perdu, le réalisateur s’amuse finalement à croquer tout son petit monde à coups de petites vignettes inégales et de personnages paumés mais touchants.
Touchants car dans le fond, chaque personnage de Chacun cherche son chat est bien sûr, au-delà de sa solitude, à la recherche de son propre chat symbolique au cœur d’un Paris « réhumanisé » (la perte du chat de Chloé lui permet finalement de s’ouvrir au monde) et par moments presque humaniste (même les personnages issus du milieu de la mode sont finalement montrées dans toutes leurs failles et leurs faiblesses). La mélancolie ambiante permet finalement à Klapisch d’harmoniser l’ensemble avec un certain talent, et la dernière image du film, montrant Chloé courant dans les rues de son quartier sur fond de Portishead, s’imposera comme proprement inoubliable.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible le 18 octobre 2022 chez tous vos dealers de culture sous les couleurs de M6 Vidéo, Chacun cherche son chat débarque dans un superbe Combo Blu-ray + DVD prouvant une fois de plus que l’éditeur français est bien déterminé afin de fournir au consommateur des éditions qui soient également de « beaux objets » de collection. Côté Blu-ray, le film de Cédric Klapisch a été restauré et le rendu Haute-Définition de l’ensemble est vraiment d’excellente tenue, avec un grain cinéma parfaitement respecté, des couleurs fidèles aux teintes d’origine et des contrastes finement travaillés. La restauration nous propose qui plus est une image très stable. Côté son, l’éditeur nous propose le film en DTS-HD Master Audio 2.0, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, même quand plusieurs personnes s’expriment en même temps.
Côté suppléments, M6 Vidéo nous propose, en plus de la traditionnelle bande-annonce du film, un passionnant making of rétrospectif (32 minutes), qui donnera la parole à Cédric Klapisch ainsi qu’aux acteurs Garance Clavel et Zinedine Soualem. Le scénariste / réalisateur y reviendra sur sa volonté de mélanger les gens au cœur d’un quartier qui change, reviendra sur sa volonté de mêler fiction et documentaire, ainsi que sur ses acteurs, de Zinedine Soualem à Romain Duris en passant par la fameuse Mme Renée, décédée en 2019 à l’âge de cent ans. Garance Clavel évoquera sa relation d’amitié avec Romain Duris, qui remonte aux bancs de l’école. Elle expliquera qu’ils ont eu le parcours professionnel inverse : lui ne se destinait pas à devenir acteur, et s’est finalement décidé à la fin des années 90, et elle rêvait de devenir actrice mais s’est finalement peu éloignée des caméras.