Capitaine de Castille
États-Unis : 1947
Titre original : Captain from Castile
Réalisation : Henry King
Scénario : Lamar Trotti
Acteurs : Tyrone Power, Jean Peters, Cesar Romero
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 2h20
Genre : Aventures
Date de sortie cinéma : 26 mai 1948
Date de sortie DVD/BR : 17 avril 2018
Jeté en prison par l’inquisiteur Diego De Silva pour lui avoir tenu tête en sauvant une esclave en fuite et une servante, le jeune noble espagnol Pedro De Vargas s’évade, grâce à la complicité d’un ami aventurier. Laissant derrière lui une famille décimée, il part pour Cuba où il rejoint les troupes du conquistador Cortés qui, bientôt, débarquent au Mexique. Acharné à sa perte, Silva le poursuit toujours d’une haine implacable…
Le film
[4/5]
Tourné au Mexique et tentant, autant que faire se peut, de privilégier les lieux « réels » où s’étaient déroulés les faits relatés durant le film, Capitaine de Castille s’avère un film d’aventures très ambitieux, au budget énorme, mettant Tyrone Power sur le devant de la scène alors que se dessine, en arrière-plan, tout un pan de la conquête du Nouveau Monde. Derrière la caméra, on trouve bien entendu le mythique Henry King, collaborateur régulier de l’acteur ; à eux deux, ils représentent une certaine idée du « grand » cinéma Hollywoodien des années 40, épique et spectaculaire mais ne sacrifiant cependant jamais ses personnages sur l’autel du grand spectacle.
Capitaine de Castille est donc avant tout un film de « personnages », suivant la destinée du jeune et courageux Pedro de Vargas, doté d’un sens aigu de l’honneur et de la justice, qui alors qu’il navigue de déconvenue en déconvenue, emportera avec lui la tonalité du film, qui variera clairement d’une partie à l’autre, passant d’une première heure assez sombre et désespérée à une deuxième partie prenant la forme d’une fuite en avant et de la conquête non seulement d’une nouvelle terre présentée comme une espèce d’Eden mais également d’une nouvelle vie, rompant violemment et définitivement avec le passé. Au fil du déroulement du film, Pedro abandonnera donc son obsession vengeresse et deviendra capitaine sous les ordres du tristement célèbre Hernando Cortez, ici présenté sous un jour finalement très positif. Aussi étonnant que cela puisse paraître de nos jours, Capitaine de Castille développe en effet un aspect pro-colonialiste qui pourra sans doute déranger le spectateur contemporain. « Autres temps, autres mœurs » se dira-t-on, en se remémorant que de très nombreux westerns de l’âge d’or présentaient un discours tout aussi radical et impérialiste.
D’un point de vue formel, force est de constater que la reconstitution historique que nous donnent à admirer ici Henry King et la 20th Century Fox est assez grandiose : figurants par centaines, décors naturels époustouflants, costumes sublimes, le tout en Technicolor… Et Capitaine de Castille de croiser inlassablement la « petite » et la « grande » Histoire tout au long d’une trame mettant en avant le courage et la persévérance de ces explorateurs des Indes, et insistant donc sur la dimension « humaine » de ces événements, sur la façon dont tout un ensemble d’individualités mises bout à bout a finalement permis l’émergence de ces « grandes » conquêtes. Pour résumer, il conviendra donc de mettre de côté le « fond » du film et se concentrer sur le prestige de la « forme » pour apprécier pleinement le spectacle que nous offre Henry King avec Capitaine de Castille. Un divertissement de qualité, abordant le genre avec un panache aujourd’hui disparu.
Le Blu-ray
[4/5]
Grâces soient rendues à ESC Éditions, éditeur touche à tout français qui nous permet de découvrir dans l’hexagone et sur galettes HD autant de pépites oubliées que de grands classiques très attendus. Avec Capitaine de Castille (1947), qui sort en même temps que Ali Baba et les quarante voleurs (1944) et La révolte des Cipayes (1954), l’éditeur inaugure donc ce mois-ci une nouvelle collection intitulée Épées de Légende, en parallèle de sa déjà très riche collection Hollywood Premium.
Côté Blu-ray, la copie de Capitaine de Castille s’avère d’ailleurs d’excellente tenue, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, des couleurs pétantes et des contrastes finement travaillés. La restauration a globalement fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image relativement stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences et, peut-être, un léger abus du réducteur de bruit ou DNR. Côté son, l’éditeur nous propose VF et VO en DTS-HD Master Audio 2.0 mono, sans (trop de) souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, on appréciera la VF d’époque un brin surannée (mixée cela dit de façon un poil agressive), et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.
Côté suppléments, l’éditeur ne se sépare pas de ses excellentes habitudes, avec une riche présentation du film signées par le sympathique Patrick Brion, qui revient sur la genèse et le tournage de Capitaine de Castille, dans son style bien connu des amateurs de cinéma chez soi, qui commencent à connaître par cœur les qualités et les défauts des présentations assurées par le créateur du Cinéma de Minuit. On trouvera également une très courte introduction du film par Linda Tahir elle-même, appelée pour l’occasion « la femme pirate » et nous proposant son petit laïus dans un décor évoquant les films de corsaires de la grande époque.