Candyman 2
États-Unis, Royaume-Uni : 1995
Titre original : Candyman – Farewell to the flesh
Réalisation : Bill Condon
Scénario : Rand Ravich, Mark Kruger, Clive Barker
Acteurs : Tony Todd, Kelly Rowan, William O’Leary
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h37
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 9 août 1995
Date de sortie DVD/BR : 2 septembre 2020
La liaison illicite et tragique d’un jeune artiste noir, fils d’esclaves et d’une jeune fille blanche fit naitre, au lendemain de la guerre de Sécession, la légende de Candyman. Aujourd’hui à La Nouvelle-Orléans une jeune institutrice, orpheline de père, va de nouveau être au coeur de cette terrible légende…
Le film
[3,5/5]
Plutôt mal aimé au moment de sa sortie dans les salles obscures il y a vingt-cinq ans, Candyman 2 nous apparaît aujourd’hui sous un jour un peu plus flatteur qu’en 1995. Cette réhabilitation est peut-être inconsciemment liée au fait que le film fut réalisé par Bill Condon, qui se révélerait par la suite un cinéaste singulier. Il est difficile en effet de se défaire d’une certaine idée de « politique des auteurs » et de ne point rechercher dans Candyman 2 les récurrences et thématiques développées par Condon dans ce film comme dans tous ses longs-métrages suivants.
Impossible donc de balayer d’un revers de la main la recherche des inévitables similitudes que l’on pourrait trouver entre Candyman 2 et Ni dieux ni démons (1998) ou La belle et la bête (2017). On pense par exemple à cet attachement manifeste du cinéaste à vouloir systématiquement creuser et découvrir l’humanité qui se cache derrière la figure du « monstre ». Mais même en essayant de ne pas apprécier le film à l’aune du reste de la filmographie de Bill Condon, on admettra tout de même avoir eu la dent dure avec Candyman 2 en 1995 – peut-être tout simplement parce qu’on le comparait un peu trop hâtivement avec son modèle, le troublant Candyman mis en scène en 1992 par Bernard Rose.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis, et l’heure de la réhabilitation a sonné pour Candyman 2, qui s’avère certes un film très imparfait, très inférieur au premier épisode. Cependant, le film comporte suffisamment d’excellentes choses et de très belles idées pour être clairement revu à la hausse. Du point de vue de l’ambiance déjà, le film de Bill Condon ne cède jamais à la facilité, avec une intrigue adulte prenant place à la Nouvelle-Orléans. Explorant les origines du mythe et du personnage de Daniel Robitaille – alias Candyman – le scénario laisse la part belle à des séquences étranges ne pouvant se dérouler que dans l’ambiance hétéroclite teintée de croyances païennes de la ville de Louisiane.
L’atmosphère est soignée, et le production design tout simplement remarquable, surtout en ce qui concerne les immenses peintures aux couleurs de Candyman qui ornent la maison de famille de l’héroïne du film. Les apparitions du personnage-titre sont intéressantes, de même que son background, qui est ici creusé afin de nous en faire découvrir les origines tragiques et xénophobes, aux répercussions forcément un peu politisées. Le charisme animal et la voix grave de Tony Todd font plus que jamais merveille, éclipsant sans peine des acteurs pour la plupart peu convaincants – Kelly Rowan, William O’Leary ou encore Timothy Carhart paraissent en effet bien falots face à la présence de Tony Todd qui plus que jamais occupe l’écran et bouffe littéralement chaque scène dans laquelle il apparaît.
Sil ne devient certes absolument passionnant que durant sa dernière demi-heure, Candyman 2 retrouve néanmoins par instants la poésie sensuelle et morbide du premier épisode. Et rien que pour ces beaux moments volés, Candyman 2 mérite clairement d’être réévalué. Même Clive Barker, qui n’a pourtant jamais été particulièrement tendre avec les films adaptés de ses œuvres, louait les qualités du boulot de Bill Condon sur le film : « Bill Condon a fait un excellent travail sur Candyman 2, vraiment. Nous en sommes vraiment satisfaits, et Bill a toujours été la personne que je voulais faire participer au projet. Cela n’a pas été simple de convaincre Propaganda Films, mais une fois qu’ils ont vu son travail, ils l’ont embauché. »
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc grâce à ESC Éditions que le public français a aujourd’hui la chance de redécouvrir Candyman 2 sur support Blu-ray. L’image restaurée est de toute beauté, affichant un grain préservé et des couleurs natuelles. Les contrastes sont fins et affirmés, préservant la jolie photo de Tobias A. Schliessler, et le master semble avoir été débarrassé de tous les éventuels dégâts infligés par le temps. Bref, la restauration est – comme d’habitude avec l’éditeur – de grande qualité, et le résultat est assez inespéré vu l’âge du film. Côté son, la bande-son est proposée en VF / VO et DTS-HD Master Audio 2.0 : les dialogues sont clairs et bien découpés, la musique mélancolique de Philip Glass est bien mise en avant : de la belle ouvrage. La version originale est également proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 assez dynamique : de façon finalement assez surprenante, le film est en effet suffisamment généreux en action pour solliciter de façon régulière les effets de spatialisation et le caisson de basses.
Du côté des suppléments, on trouvera, outre la bande-annonce de rigueur, une présentation du film par Christophe Lemaire (12 minutes). Il y reviendra sur la genèse du film et sur sa place au sein de la carrière de Bill Condon et de Tony Todd. On continuera avec un très intéressant entretien avec Tony Todd (26 minutes), au cœur duquel l’interprète du fameux boogeyman reviendra sur la façon dont il a obtenu le rôle, puis sur son attachement tout particulier à proposer une composition réaliste du personnage et de son background. S’il parle évidemment beaucoup du premier opus, il n’en oublie pas le second, évoquant ses partenaires de jeu ainsi que le travail de Bill Condon. Très intéressant. Nous aurons également droit à un entretien avec Veronica Cartwright (11 minutes), qui joue la mère de l’héroïne du film. Elle se remémorera certaines anecdotes du tournage et son travail aux côtés de Bill Condon. Honnête, elle admettra également que les films fantastiques n’étaient pas à proprement parler ceux dans lesquels elle aurait pensé faire carrière. Mais en jouant à l’âge de 14 ans dans Les oiseaux puis à 30 ans dans Alien, aurait-il seulement pu en être autrement ? On terminera enfin avec une galerie de photos du tournage et de photos d’exploitation sur fond de musique signée Philip Glass (20 minutes).