Test Blu-ray : California

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California

Espagne, Italie : 1977
Titre original : –
Réalisation : Michele Lupo
Scénario : Franco Bucceri, Roberto Leoni, Mino Roli, Nico Ducci
Acteurs : Giuliano Gemma, William Berger, Miguel Bosé
Éditeur : Artus Films
Durée : 1h40
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 15 mars 1978
Date de sortie DVD/BR : 16 novembre 2021

A la fin de la guerre de Sécession, les soldats sudistes doivent rentrer chez eux, tentant de survivre dans les décombres fumants. Michael Random, dit California, se lie d’amitié avec le jeune William Preston, faisant un bout de chemin avec lui. Des chasseurs de primes nordistes tuent William. California va ramener sa médaille à la famille Preston et le venger…

Le film

[4/5]

Réalisé par Michele Lupo en 1977, Adios California est surtout connu auprès des amateurs de western spaghetti pour être l’un des derniers représentants du genre. 1977/1978, c’est en effet la fin d’une époque, la fin de la parenthèse « Spaghetti », qui n’aura donc duré qu’une petite quinzaine d’années. Parmi les derniers westerns produits en Italie à l’époque, on pourra également citer le très intéressant Selle d’argent de Lucio Fulci, le sympathique Mannaja, l’homme à la hache de Sergio Martino, qui ne sortirait en France qu’en 1980, ou encore On m’appelle Malabar, de Michele Lupo, encore lui, en 1981.

Adios California porte d’ailleurs dans son ADN cinématographique les stigmates de la fin du western spaghetti, dans le sens où le film de Michele Lupo a été tourné dans les décors abandonnés, ravagés et détruits par le temps d’Almeria, où nombre de grands classiques du genre avaient été tournés quelques années auparavant. Difficile dès lors pour le film de cacher sa dimension nostalgique, lourde, qui s’impose dès les premières minutes du film, sous une pluie battante.

Visuellement impressionnant, Adios California n’en est cependant pas un western maniériste : il commence par une demi-heure très réaliste montrant les soldats sudistes de retour chez eux, et volontiers humiliés par les nordistes. Le film suit donc dans son premier acte l’exode de milliers de soldats harassés par le froid et la faim, fuyant en masse et poursuivis par des chasseurs de primes pour divers petits larcins. L’ambiance est désenchantée, crépusculaire, et le travail du chef opérateur espagnol Alejandro Ulloa (Perversion Story, Compañeros, Les exterminateurs de l’an 3000) est tout simplement remarquable.

Petit à petit cela dit, et à mesure que l’intrigue d’Adios California évolue, Michele Lupo commencera à parsemer son récit d’éléments baroques typiques du western spaghetti : l’humour commencera à faire son apparition, notamment à l’occasion d’une chasse à la grenouille voyant des dizaines de soldats affamés sautant dans la boue pour tenter d’attraper de quoi se nourrir. Présenté comme un personnage taciturne et relativement misanthrope, préférant la compagnie des animaux à celle des hommes (comme le montre le passage du chaton), le personnage de California incarné par Giuliano Gemma finira par s’ouvrir à l’amitié, et peut-être même un peu plus, grâce à Will, incarné par Miguel Bosé.

L’amitié tendre et virile entre les deux hommes, ainsi que le sentiment de culpabilité de California – qui n’a même pas eu l’occasion de lui révéler son vrai nom – sont au centre d’Adios California, qui passé sa première moitié versera pour le coup dans le plus pur western spaghetti : musique planante en mode rock progressif, sentiments et violence exacerbés, nombreuses bagarres, excès en tous genres… L’atmosphère est subrepticement passée d’un extrême à un autre, et la figure du « grand méchant » de western se dessinera sous les trains de l’impressionnant Raimund Harmstorf. Le classique récit de vengeance reprendra donc finalement ses droits dans le dernier acte du film.

Et quel dernier acte ! Décomplexé et fou, l’affrontement final opposant Giuliano Gemma et Raimund Harmstorf s’ouvre sur un plan extraordinaire, avec un Gemma balançant un coup de poing dans la figure d’Harmstorf, qui est en train de boire à la bouteille – ladite bouteille lui explose naturellement au visage, effet spectaculaire garanti… Le final d’Adios California s’avérera d’autant plus jouissif et libérateur qu’il se fera dans un déchaînement de violence à mains nues absolument énorme, mettant une touche finale à un excellent petit western tardif.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Exploité en France en 1978 sous le titre Adios California, le film de Michele Lupo California vient tout juste de retrouver son titre original à l’occasion de sa sortie au format Blu-ray le mois dernier chez Artus Films. Comme de bien entendu, le film intègre ici la collection « Wtern Européen » de l’éditeur, et arbore pour l’occasion les atours prestigieux d’un classieux Digipack deux volets surmonté d’un fourreau rigide. Adios California était évidemment disponible depuis quelques années au format DVD, grâce à un éditeur nommé Evidis, qui sortit énormément de westerns spaghetti il y a une petite quinzaine d’années, mais malheureusement le plus souvent dans des conditions techniques déplorables. La sortie du Combo Blu-ray + DVD de California sous les couleurs d’Artus Films est donc une excellente nouvelle pour les amateurs de western all’italiana.

Et le master proposé par Artus Films pour California ne décevra probablement pas les amoureux du western de Michele Lupo : dès les premiers plans, on constatera que le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD jusqu’ici disponible en France est vraiment saisissant. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, et la photo légèrement désaturée d’Alejandro Ulloa est vraiment respectée à la lettre. Bref, si l’on dénote tout de même un léger bruit numérique, l’ensemble est extrêmement satisfaisant : on est en présence d’un très beau Blu-ray. Côté son, c’est la classe également : la VO et la VF d’origine sont proposées dans des mixages LPCM Audio 2.0 clairs et équilibrés. Les nostalgiques se régaleront d’ailleurs du doublage français suranné et savoureux, avec notamment les voix de Daniel Gall, Marc François, William Sabatier, Jean Berger ou encore Jean-Claude Michel.

Du côté des suppléments, on trouvera, en plus des traditionnelles bandes-annonces et de la galerie de photos, on trouvera une présentation du film par Curd Ridel (46 minutes), qui dénote comme toujours d’un enthousiasme et d’une passion dévorante pour Giuliano Gemma. Bavard et régulièrement très drôle, Curd Ridel reviendra longuement sur la carrière de l’acteur, ainsi que sur ses rôles les plus marquants dans le western spaghetti. Curd Ridel se remémorera également plusieurs anecdotes liées à son enfance et à sa découverte des westerns de Giuliano Gemma, au Congo, à la fin des années 60. De petite histoire et petite histoire, il commencera en nous montrant ses dessins d’enfants représentant Gemma, jusqu’à sa rencontre avec l’acteur devant le Moulin Rouge à Paris aux alentours de 2006. Il évoquera également rapidement le reste du film, ainsi que les immenses qualités de California.

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