Test Blu-ray : Bully

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Bully

États-Unis : 2001
Titre original : –
Réalisation : Larry Clark
Scénario : David McKenna, Roger Pullis
Acteurs : Nick Stahl, Brad Renfro, Bijou Phillips
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h52
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 12 décembre 2001
Date de sortie DVD/BR : 31 octobre 2023

Bobby Kent et Marty Puccio, deux ados désoeuvrés d’une petite ville américaine, se connaissent depuis toujours. Bobby est un tyran brutal et sadique. Marty, son meilleur ami, est son jouet, ou plus exactement son punching-ball. Il en a toujours été ainsi entre eux jusqu’au jour où la petite amie de Marty met au point un plan machiavélique pour assassiner cet animal assoiffé de violence…

Le film

[4/5]

Cinéaste culte, aux films chics et choc ayant fait beaucoup couler d’encre dans les années 90 et au début des années 2000, Larry Clark avait soudain un peu disparu des écrans il y a quelques années, laissant un vide dans le créneau un peu spécial – la chronique de mœurs adolescente noire et sans concession – qu’il avait lui-même créé en 1995, à l’âge de 52 ans, avec son premier film Kids.

Pour autant, ses films ont définitivement marqué une génération de cinéphiles, notamment en raison de la façon dont ils abordaient de façon frontale la drogue, le sexe et la violence chez les adolescents et les jeunes adultes. De fait, même un peu plus de vingt ans après être sorti dans les salles, Bully demeure un film profondément brutal et choquant – d’autant plus qu’il est tiré de faits réels – réalisé par un cinéaste aussi passionnant que percutant. Notre chroniqueur Julien Mathon était parvenu à passer au-delà du malaise et des personnages détestables du film pour nous en livrer une passionnante critique en 2011 :

« Bully est un drame réalisé par Larry Clark en 2001. Il s’agit de l’histoire vraie du meurtre sauvage d’un adolescent perpétré par ses camarades en 1993, en Floride du sud. Bully a eu un grand succès critique avec une présentation dans des festivals majeurs de cinéma comme le Festival du film américain de Deauville, La Mostra de Venise ou encore le Festival du Film International de Stockholm.

L’adolescence est un thème cher à Larry Clark, autant dire qu’adapter un roman racontant l’histoire incroyable du meurtre d’un adolescent aux États-Unis parait être parfait pour ce metteur en scène à qui l’on doit les magnifiques Kids et Ken Park. Pour son troisième long-métrage, Larry Clark a désormais l’étiquette du réalisateur qui cherche à déranger, cependant il est bien trop facile de caractériser l’homme seulement par ce trait de caractère, puisqu’il possède en effet bien plus de cordes à son arc.

Bully c’est tout d’abord un fait divers qui met mal à l’aise, une histoire de meurtre d’adolescents qui est bien plus complexe qu’elle n’y parait. Larry Clark filme une fois de plus une jeunesse perdue qui se cherche à travers la drogue et le sexe. Les images sont brutes, choquantes, et on assiste à beaucoup de scènes nues. Bully montre également de nombreuses scènes sexuelles peu orthodoxes qui traitent de l’homosexualité, du viol et d’autres sujets tabous.

La véritable force de Bully est de se contenter de montrer sans jamais tenir un discours moralisateur. Clark propose son film et laisse le public libre d’en tirer ses propres conclusions. Comme pour son premier film, Kids, on est à la limite du documentaire tant le réalisme est bluffant. Il n’y a jamais d’arguments pour excuser, comprendre ou pardonner les actes. Il s’agit juste de faire comprendre au travers d’un fait divers le mal qui ronge toute une génération, ensuite c’est au spectateur de trouver les clés de cette escalade de violence.

La réalisation est propre, la gestion des images de ce photographe de métier n’est plus à discuter. La conduite de l’intrigue, de la narration mais surtout des temps morts est bien mieux gérée que dans les précédents films de Clark. En proposant plusieurs scènes graves dans lesquelles le chef d’orchestre utilise des passages muets et des plans qui traînent en longueur, le film permet de faire réfléchir davantage sur l’horreur de ce qu’on regarde et le sentiment de mal être en est démultiplié. Une réalisation superbe où l’on sent un Clark engagé. La scène du meurtre est quant à elle impressionnante avec une tension à son paroxysme et une noirceur monumentale qui nous emporte dans un crime dont on reste bouche bée.

Les jeunes acteurs sont impressionnants et leurs personnages très réalistes. Brad Renfro qui joue Marty le meilleur ami de la victime, est un personnage effacé qui se laisse maltraiter par son frère de sang et qui se cherche encore dans sa sexualité. Superbe. A ses cotés, on retrouve l’excellent Nick Stahl, l’interprète de Bobby, la victime. Un ado tyrannique, totalement perdu et très violent, que l’on détestera longtemps pour au final éprouver de la compassion pour lui. A noter la présence de Leo Fitzpatrick le héros de Kids. Enfin, le meilleur pour la fin, Michael Pitt (Funny Games U.S.). Un personnage totalement incroyable et une interprétation fascinante qui nous régale durant tout le film. A la fois drôle, choquant, voire même triste, il se montre au-dessus du casting déjà excellent.

Bully est un film d’une grande authenticité. Une œuvre qui dérange en nous mettant face à un meurtre gratuit perpétré par des ados en perte de valeur qui se cherchent au travers de la drogue et du sexe. Larry Clark nous propose de regarder en face la jeunesse criminelle. »

En plus de la critique de Julien, on ajoutera que Wikipedia nous apportera une poignée d’informations sur les événements réels ayant inspiré Bully. Le film est en effet basé sur le meurtre de Bobby Kent en 1993 à Cooper City, en Floride. La plupart des adolescents condamnés à l’époque ont été libérés après avoir purgé plusieurs années de prison.

  • Marty Puccio a été condamné à perpétuité + 30 ans (meurtre au premier degré et conspiration).
  • Derek Kaufman a été condamné à perpétuité + 30 ans (meurtre au premier degré et association de malfaiteurs).
  • Heather Swallers a été condamnée à 7 ans de prison (meurtre au deuxième degré et conspiration).
  • Derek Dzvirko a été condamné à 11 ans de prison (meurtre au deuxième degré et association de malfaiteurs).
  • Alice Willis a été condamnée à 40 ans de prison (meurtre au deuxième degré et association de malfaiteurs). Sa peine a été réduite en appel à 17 ans d’emprisonnement. Elle a été libérée sur parole en 2001.
  • Donald Semenec a été condamné à perpétuité + 15 ans (meurtre au deuxième degré et association de malfaiteurs).
  • Lisa Connelly a été condamnée à perpétuité + 5 ans (meurtre au deuxième degré et association de malfaiteurs). Sa peine a été réduite en appel à 22 ans d’emprisonnement. Elle a été libérée sur parole en 2004.

Le Blu-ray

[5/5]

Comme d’habitude avec StudioCanal et les films de la collection « Make my day », Bully débarque sur les linéaires de vos revendeurs préférés dans une édition soignée, qui en impose d’entrée de jeu grâce à sa présentation très classe, dans un beau digipack agrémenté d’un sur-étui cartonné. La composition graphique, très originale, est à nouveau signée Vladimir Thoret pour l’agence Cine Qua Non.

Mais cette édition « Make my day » #64 ne se contente pas d’être un bel objet : côté master Haute Définition, Bully bénéficie également d’une impressionnante cure de jouvence. Le grain argentique est préservé, ce qui n’empêche pas la définition et le piqué de se montrer d’une belle précision. Le noir et blanc est superbe, et les contrastes se montrent nets et francs. Le film est présenté au format 1.85 respecté, en 1080p : Un très beau transfert. Côté son, VF et VO sont disponibles, et nous sont proposées dans d’impeccables mixage DTS-HD Master Audio 2.0 (stéréo d’origine). Les voix sont bien équilibrées, pas de sensation de voix étouffées ni de souffle ne sont à déplorer.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord la traditionnelle présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (9 minutes), qui justifiera en quelques mots la présence du film au sein de la collection. On continuera ensuite avec une passionnante analyse du film par Stéphane du Mesnildot (40 minutes), qui replacera le film de Larry Clark dans son contexte de tournage et reviendra sur le rapport de Larry Clark à la réalité. On terminera enfin avec un passionnant making of (58 minutes), déjà disponible sur le DVD du film sorti en 2002 chez StudioCanal, qui nous donnera à voir de nombreux moments volés sur le tournage et donnera l’occasion à Larry Clark de défendre son film.

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