Test Blu-ray : Bullets Over Summer

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Bullets Over Summer

Hong Kong : 1999
Titre original : Baau lit ying ging
Réalisation : Wilson Yip
Scénario : Ben Cheung, Matt Chow, Wilson Yip
Acteurs : Francis Ng, Louis Koo, Lan Law
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h32
Genre : Thriller, Action
Date de sortie DVD/BR : 2 juillet 2024

Deux flics sont à la poursuite d’un dangereux criminel. Afin de le coincer, ils décident d’opérer une planque en face de l’immeuble d’un revendeur d’armes. La locataire de leur observatoire est une vieille dame un peu folle à laquelle les deux hommes vont finir par s’attacher…

Le film

[4/5]

SPL, la tétralogie Ip Man, Flash Point… Dans l’esprit de nombreux cinéphiles, le nom de Wilson Yip semble intimement lié au renouveau du cinéma d’action hongkongais du milieu des années 2000, porté par la personnalité – et les prouesses physiques – de Donnie Yen. Cependant, si le cinéaste a sans aucun doute contribué aux grandes heures de la carrière de Donnie Yen, sa carrière ne se limite pas au polar et au film d’action survolté.

Actif dans le cinéma made in HK depuis 1995, il fait ses débuts avec 01:00 A.M., un film à sketches dont il réalise deux segments sur trois. Puis il réalisera successivement un Category III déjà très porté sur l’action (Daze Raper, 1995), un film sur les triades (Mongkok Story, 1996), un film d’horreur avec Anthony Wong (Midnight Zone, 1997) ainsi qu’une comédie romantique (Teaching sucks, 1997). Après cette série de films marquant clairement la volonté de Wilson Yip de ne pas s’enfermer dans un genre en particulier, il se ferait réellement remarquer à l’international en 1998 avec Bio-Zombie, un des rares films de zomblards réalisés à Hong Kong.

En 1999, il referait à nouveau parler de lui avec Bullets over Summer, que l’on découvrirait en France quelques années plus tard en DVD grâce à la collection « Asian Star » dirigée par Jean-Pierre Dionnet. D’ailleurs, c’est aussi au co-fondateur de Metal Hurlant que l’on doit la découverte d’autres films de Wilson Yip, tels que l’époustouflant SPL ainsi que Dragon Tiger Gate. Une vingtaine d’années plus tard, Bullets over Summer s’offre enfin une sortie au format Haute-Définition, sous les couleurs de Carlotta Films

S’inscrivant dans la tradition des polars produits à Hong Kong durant les années ayant suivi la rétrocession de Hong Kong à la Chine, Bullets over Summer opte pour une atmosphère sombre et imprégnée de violence, mais dont les aspects dérangeants contrastent avec une pointe d’optimisme vis-à-vis de l’avenir. De fait, le scénario de Ben Cheung, Matt Chow et Wilson Yip nous propose un mélange de genres à la fois violent et paradoxalement ludique, flirtant avec le thriller, le buddy-movie et la comédie.

Dans sa structure, Bullets over Summer slalome plutôt habilement entre la noirceur et l’humour. L’intrigue en elle-même est tout ce qu’il y a de plus classique, suivant un duo de flics composé de Francis Ng et Louis Koo qui, en enquêtent sur un gang de tueurs de flics. Le gros de l’histoire suivra les deux policiers en planque, leurs histoires de cœur et leurs démêlés avec une grand-mère qui les prend ses petits-fils. Tout au long des passages suivant la planque des deux flics, le film développe une certaine légèreté, et mélange volontiers les ambiances, les genres et les styles. La séquence la plus réussie de cette section centrale est sans aucun doute celle que l’on nommera le « dîner de famille », qui a la particularité de ne pas être construite sur de « vraies » relations familiales mais seulement celles que les personnages ont créées.

Bien entendu, comme le veut la tradition, le film se terminera en apothéose par une grosse fusillade et une course-poursuite extrêmement brutale. Mais si le final de Bullets over Summer est sans concession, l’exubérance et l’énergie déployées par Wilson Yip tout au long du film parvient clairement à le distinguer de son film précédent Bio-Zombie, qui nous donnait à voir un dénouement sombre et cauchemardesque, n’offrant aucune possibilité d’avenir à ses protagonistes – et par extension aux Hongkongais de l’ère post-1997. Dans Bullets over Summer, en dépit des événements, tout semble indiquer au contraire la possibilité d’une renaissance ou de nouvelles possibilités, le film nous proposant d’imaginer une société reconstruite, « bricolée », rebâtie à partir de petits morceaux d’histoire et de souvenirs, même si ces derniers sont créés de toutes pièces.

D’un point de vue strictement formel, derrière la caméra, Wilson Yip fait preuve de panache et d’une sacrée virtuosité : sa caméra rebondit sur le point de vue de n’importe qui et de n’importe quoi, adoptant tantôt le point de vue d’un personnage, tantôt d’un fruit qui roule sur le sol ou d’un chat qui saute. La facilité avec laquelle le cinéaste mélange les lignes temporelles est également impressionnante, ce qui lui permettra d’enchainer, au détour d’une séquence virtuose de Bullets over Summer, d’éclaircir une partie de la personnalité complexe du personnage incarné à l’écran par Francis Ng par le biais d’un habile enchainement entre flashback et flashforward.

Le Blu-ray

[4/5]

On salue donc bien bas l’initiative inattendue et courageuse de Carlotta Films, qui nous permet d’enfin revoir Bullets over Summer dans des conditions de visionnage que l’on pourra sans trop de peine qualifier d’optimales vu l’âge du film. Le master a été restauré en 2K, le piqué est globalement assez précis, le grain cinéma est respecté et les couleurs sont vives et naturelles. L’ensemble parait certes perfectible, mais au regard des conditions de préservation du cinéma hongkongais en général, il n’y a pas trop à se plaindre. Côté son, le film de Wilson Yip nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 1.0, qui fait preuve d’une clarté et d’une propreté remarquables, préservant une belle homogénéité entre ambiances, musique et dialogues. Pour autant, l’ensemble manquera un peu de relief et de punch, notamment sur les scènes d’action. Les amateurs pourront se consoler avec la présence d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, mais celle-ci n’est pas pour autant parfaite, dans le sens où elle donne régulièrement l’impression d’accentuer un peu trop les différents effets de spatialisation, ainsi que les basses, absolument tonitruantes.

Du côté des suppléments, Carlotta Films est allé rechercher l’excellente présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (3 minutes), déjà disponible sur l’édition DVD « Asian Star » de 2005, et l’agrémentera de la traditionnelle bande-annonce.

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