Bronx
France : 2020
Titre original : –
Réalisation : Olivier Marchal
Scénario : Olivier Marchal
Acteurs : Lannick Gautry, Stanislas Merhar, Kaaris
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h56
Genre : Thriller, Policier
Date de sortie (Netflix) : 30 octobre 2020
Date de sortie DVD/BR : 31 octobre 2021
Dans les quartiers Nord de Marseille, une tuerie orchestrée par le clan Bastiani a lieu. Deux rivaux sont en charge de l’enquête, Vronski, un flic de la brigade antigang et Costa, un chef de groupe de la BRB aux pratiques douteuses. La situation dégénère lorsqu’un témoin-clé est assassiné durant sa garde à vue. En pleine guerre des gangs, Vronski et ses hommes, pour sauver leur peau, seront obligés de faire des choix lourds de conséquences…
Le film
[3,5/5]
« Huit ans après Les lyonnais, Olivier Marchal revient au polar « noir c’est noir il n’y a plus d’espoir » : on entend par là bien sûr au polar made in France, made in Marseille plus précisément, puisque Bronx s’inspire librement des événements dits de la « tuerie du bar du téléphone » (1978), qui avaient déjà inspirés Claude Barrois en 1980 pour Le bar du téléphone. (…)
On retrouve au cœur de Bronx les personnages typiques du cinéma de Marchal, barbe de trois jours, blousons de cuir, lunettes noires, chaînes en or tombant sur une pilosité abondante, enchaînant clopes, whisky et conquêtes d’un soir… Le modèle du super-flic en mode Luc Merenda / Jean-Paul Belmondo époque Le professionnel / Le marginal. Tellement too much qu’il y a même franchement de quoi sourire, surtout à la découverte de la dégaine du personnage incarné par Stanislas Merhar, sosie officiel de Jacques Dutronc.
Cependant, on ne saurait en tenir rigueur à Olivier Marchal : cette tendance à ériger ce modèle de virilité affichée comme une métaphore de l’honneur et du courage a toujours fait partie de sa « patte » de cinéaste, même si elle tend à s’intégrer de plus en plus maladroitement à la société contemporaine. Néanmoins, elle s’affiche à elle seule comme une façon de s’attacher à une vision old school non seulement du polar, mais plus largement de la société. (…)
Pourtant, on sent que Marchal essaie de s’ouvrir, de se corriger parfois, en intégrant des éléments plus contemporains au cœur de son récit : ainsi, malgré son look d’un autre âge, Stanislas Merhar écoute du rap et circule dans un bolide de tuning, et le personnage incarné par Kaaris nous livre quelques jolies saillies verbales en mode « urbain ». Mais chassez le naturel… L’intrigue de Bronx écartera au final de façon assez nette cette culture de la rue pour se concentrer sur une intrigue de guerre des gangs à l’ancienne, avec une « famille » corse dirigée d’une main de fer par une « mamma » impitoyable, et interprétée par Claudia Cardinale. Un anachronisme qui nuit un peu au réalisme d’un film qui aurait sans doute été plus efficace si le cinéaste l’avait situé dans les années 70 ou 80.
On sent aussi qu’Olivier Marchal, conscient des reproches qui lui sont souvent faits, tente de lever le pied sur le lyrisme, sur les états d’âme de ses personnages, sur les grandes séquences tournées au ralenti sur fond de musique classique… Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y parvient par moments, en nous offrant de très belles séquences – on pense notamment au formidable épilogue du film, qui déroule ses images sur fond d’Alain Bashung et de sa chanson « Immortels ». Néanmoins, cet attachement au lyrisme fait également partie de son style, qui en sort ici un peu amoindri.
Mais malgré tout cela, Bronx s’impose plutôt comme une jolie réussite dans le genre un peu désuet du « polar tragique ». Bien entendu, cette histoire de flics sur la corde raide entre le bien et le mal enfile les clichés et les séquences attendues sans jamais ou presque réserver la moindre surprise au spectateur, mais le tout est parfaitement exécuté. Le style est là, de même que tous les passages obligés du genre, mais ce n’est pas comme si on ne savait pas à quoi s’attendre avec Olivier Marchal. C’est juste qu’en l’espace de huit ans, une nouvelle génération de cinéastes a réussi à reprendre le flambeau du genre en le renouvelant d’avantage (Julien Leclercq, Éric Valette, Benjamin Rocher…), et qu’aujourd’hui, le style Marchal semble avoir pris un petit coup de vieux. »
Extrait de notre critique de Bronx. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant ici.
Le Blu-ray
[4/5]
Fidèle à Olivier Marchal depuis de nombreuses années, Gaumont confirme son amour pour le cinéaste avec le Blu-ray de Bronx, qui nous propose une expérience Home Cinema absolument enthousiasmante, un an tout pile après la sortie du film sur Netflix. Côté master, le piqué est d’une précision folle, la définition ne présente aucune faille, les couleurs sont chaudes et naturelles, et la profondeur de champ est tout à fait enthousiasmante. En un mot comme en cent, c’est du tout bon, il n’y a pas grand-chose à redire. Le son est mixé en DTS-HD Master Audio 5.1 et s’avère bien enveloppant et particulièrement dynamique, surtout lors des scènes d’action qui s’imposent comme autant de morceaux de bravoure.
Du côté des suppléments, le Blu-ray édité par Gaumont nous propose de nous plonger dans un entretien avec Olivier Marchal (48 minutes), dans lequel le cinéaste reviendra sur son parcours, dans la police d’abord, puis dans le cinéma, en tant qu’acteur dans un premier temps puis en tant que réalisateur. Il évoquera sa cinéphilie, le « déclic » qu’a représenté pour lui le film Police Python 357 d’Alain Corneau, et son parcours : la galère sur Gangsters, l’aventure avec Gaumont, l’influence de Michael Mann, le fait qu’il soit méprisé par une « certaine » critique… Il se remémorera également les drames qu’il a vécu durant sa carrière dans la police, et la façon dont ils ont impacté son œuvre, et notamment sur MR73. Très intéressant !