Test Blu-ray : Bonjour tristesse

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Bonjour tristesse

 
États-Unis, Royaume-Uni : 1958
Titre original : –
Réalisateur : Otto Preminger
Scénario : Arthur Laurents
Acteurs : Jean Seberg, David Niven, Deborah Kerr
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h34
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 7 mars 1958
Date de sortie DVD/BR : 23 novembre 2016

 

 

Depuis son retour à Paris après des grandes vacances passées sur la Côte d’Azur, Cécile a perdu sa joie de vivre et son entrain habituels. Cet été-là, Cécile était heureuse, entourée de Raymond, ce père coureur de jupons mais si affectueux, d’Elsa, sa « belle-mère » du moment, et de Philippe, le séduisant voisin. Mais l’arrivée surprise d’Anne, une ancienne amie de la famille, va bouleverser la quiétude de la maisonnée…

 

 

Le film

[4/5]

« L’adaptation par Otto Preminger du roman de Françoise Sagan retrouve le chemin des salles cette semaine et un constat s’impose : Bonjour tristesse est une excellente adaptation, qui transcende le livre de départ et destinée en particulier à ceux qui l’ont lu et ne l’ont pas vraiment aimé ou ceux qui ne l’ont pas lu en se disant que c’était le texte d’une petite bourgeoise aux problèmes étriqués. Avec le regard de Preminger, cela devient une tragédie incestueuse où l’héroïne a conscience du mal qu’elle cause, ce qui n’était pas franchement le cas chez Sagan, bien complaisante avec son personnage proche de l’adolescente qu’elle était alors encore. L’interprétation détendue de David Niven en suave et vain misogyne, imbu de lui-même révèle le caractère misanthrope de cet homme et celle de Jean Seberg montre qu’elle n’est qu’un être foncièrement mauvais et égoïste qui se cache derrière un visage d’ange, pour citer le titre d’un précédent film du cinéaste. Ils ne seront pas punis mais quelque chose s’est un peu brisé en eux, l’insouciance n’existe plus. Désormais, s’ils font du mal, ce ne sera plus innocent. C’est peut-être le pire pour eux : le monde réel et les vrais sentiments se sont imposés entre eux.

L’interprétation de Deborah Kerr, magnifique en femme mûre et réfléchie, adulte perdue parmi des enfants éternels, accentue encore un peu plus l’horreur de cette petite noblesse décadente. Dans un autre registre, Mylène Demongeot est pimpante, énergique en jeune femme qui aime séduire. Elle virevolte, amuse et annonce les comédies populaires qu’elle tournera par la suite. Pourtant, l’écriture de Arthur Laurents et son jeu subtil soulignent qu’elle n’est bien qu’un pion dans le jeu dangereux entre le père et la fille dont la relation est d’une ambiguïté osée. La mise en scène hollywoodienne est celle d’un prestidigitateur qui fait passer son drame pour une comédie légère bourgeoise mais révèle en fait la veulerie d’un monde replié sur lui-même. La musicalité de la langue anglaise bénéficie au texte suranné de Sagan, lui donnant une dimension plus amusante et moins gratuite.

Très belle musique (évidemment) de Georges Auric, même si on a le droit de ne pas être fan de la chanson interprétée par Juliette Gréco (période ancien nez). Le technicolor mis en valeur par le travail de Georges Périnal est magnifique et la copie de toute beauté. Une œuvre méconnue, injustement mal-aimée, à redécouvrir, glacée mais sous le soleil trompeur de la côte d’Azur. »

Critique du film signée Pascal Le Duff, rédacteur en chef cinéma sur Critique-film.fr

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est chez Carlotta Films que débarque aujourd’hui le Blu-ray de Bonjour tristesse, et aussi bien côté image que côté son, le master restauré en 4K proposé par l’éditeur est d’excellente tenue : le film est au format Scope 2.35:1 respecté et encodé en 1080p. Le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est bien préservé, et couleurs et contrastes semblent avoir été tout particulièrement soignés. Rien à redire non plus sur le mixage audio, proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 en VF et en VO, clair et sans le moindre souffle parasite.

Du côté des suppléments, on trouvera un entretien avec Denis Westhoff (fils de Françoise Sagan), qui revient sur le livre et son adaptation par Otto Preminger ; ce dernier trouve d’ailleurs le film très imparfait, et aimerait qu’une autre adaptation soit un jour mise en chantier. On continue avec un entretien avec Jan-Christopher Horak, qui évoque les relations entre Otto Preminger et le célèbre graphiste américain Saul Bass, qui a signé plusieurs génériques devenus cultes. Outre la traditionnelle bande-annonce, Carlotta nous propose également de découvrir une série d’images d’archives de l’INA tournant autour du tournage du film.

 

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