BMX Bandits / Le Gang des BMX
Australie : 1983
Titre original : BMX Bandits
Réalisation : Brian Trenchard-Smith
Scénario : Russell Hagg, Patrick Edgeworth
Acteurs : Nicole Kidman, Angelo D’Angelo, James Lugton
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h31
Genre : Comédie, Action
Date de sortie cinéma : 1 août 1984
Date de sortie DVD/BR : 21 novembre 2023
P.J, Goose et Judy sont trois adolescents têtes brûlées. S’amusant du danger, ils parcourent les rues de la ville en BMX, provoquant la colère des habitants et des autorités. Ils découvrent par hasards des Talkies-Walkies allant servir à des malfrats pour un futur hold-up. Les trois amis, sans le savoir, attirent l’attention des gangsters…
Le film
[3,5/5]
Comme l’indique explicitement son titre, BMX Bandits (sorti dans les salles françaises en 1984 sous le titre Le Gang des BMX) est un film de « BMX ». Kezako le BMX, me demanderez-vous ? Le BMX, pour Bicycle motocross, est un sport extrême cycliste ayant connu une grande popularité dans les années 80. Ainsi, si vous avez grandi durant cette décennie, vous en avez probablement eu un accroché au mur du garage ou de la cave, et vous construisiez certainement des rampes avec des parpaings et des planches de bois afin de vous entrainer, vêtu de votre ensemble casque / coudières / genouillères aux couleurs flashy.
Naturellement, une petite poignée de films des années 80 ont capitalisé sur cet engouement autour du BMX. L’exemple le plus célèbre est probablement E.T. l’extra-terrestre (1982), qui mettait en scène une poursuite entre la police et une bande de jeunes gens en BMX : le fameux plan iconique d’Elliot et E.T volant devant la lune – qui servirait plus tard de logo à Amblin Entertainment – met ainsi en scène ce type de vélo. Des BMX étaient également visibles dans certaines séquences de Karate Kid (1984) et des Goonies (1985). Dans Le Gang des BMX (1983), le vélo tient un rôle central, de même que dans Rad (1986), à l’occasion duquel Hal Needham, cascadeur et spécialiste du film de bagnoles (Cours après moi shérif, Tu fais pas le poids shérif, L’Équipée du Cannonball…), nous donnait à voir des scènes de sauts périlleux sur des bosses de plus de sept mètres.
Il n’est d’ailleurs point étonnant d’avoir vu Hal Needham se pencher sur le sous-genre du film de BMX, dans le sens où ce dernier répond aux mêmes codes que le film de bagnoles. Qu’il soit appréhendé sous la forme du film de course, de la course-poursuite entre gentils et méchants ou même de la personnification (on pense ici à la saga de la Coccinelle), le film de bagnoles finissait ainsi toujours par répondre à une dialectique imposant à tout prix de faire rouler les engins où nul ne s’attendrait à voir une auto, et/ou de leur faire faire (ou subir) ce que personne n’imaginerait possible avec une caisse. Là est également la philosophie de Brian Trenchard-Smith et son équipe sur Le Gang des BMX : les vélos sont les véritables stars – et ce dès les premières secondes, avec des gros plans sur un Diamondback rouge et un Mongoose bleu – et toutes les péripéties du film seront ainsi orientées de façon à nous proposer le plus de scènes de vélo possible, tout en menant le spectateur vers un final forcément spectaculaire qui permettra aux cascadeurs de montrer ce dont ils sont capables sur leurs biclous.
BMX Bandits / Le Gang des BMX est une comédie d’aventures pour enfants, mettant en scène Judy, Goose et P.J, trois intrépides adolescents se retrouvant aux prises avec des méchants de cartoon parce qu’ils ont intercepté une cargaison illicite – non pas de stupéfiants, mais de talkie-walkies (un autre truc dont les jeunes raffolaient dans les années 80, soit dit en passant). Loin d’être très impressionnants, les bad guys du film sont présentés comme de petites frappes grotesques, sans identité (« Whitey » le blond et « Moustache » le moustachu), qui poursuivent sans relâche les petits héros du film en échangeant des dialogues absurdes. Ce sont des hommes de main stupides qui ne feraient pas de mal à une mouche. De fait, même si, pour tenter de conserver un semblant de tension dramatique, les dialogues sous-entendent de façon insidieuse que l’un d’eux pourrait bien violer la petite Judy, ils ne constituent jamais véritablement une menace pour les jeunes héros du film.
Il n’aura échappé à personne que Judy, qui s’imposera rapidement comme la véritable héroïne du Gang des BMX, est incarnée à l’écran par une Nicole Kidman débutante, âgée de 16 ans, vêtue d’un short rose pastel et présentant déjà une chevelure rousse flamboyante, et ici excessivement frisée. Si le film ne joue jamais réellement la carte de la romance adolescente, ses interactions avec les deux autres ados du film, incarnés par Angelo D’Angelo et James Lugton, la posent tout de même occasionnellement en objet du désir au cœur d’un simili-triangle amoureux.
Pour le reste, tout est donc fait pour nous proposer le plus de passages possible mettant en scène les jeunes gens sur leurs BMX. Les ados pédalent donc furieusement tout au long du film, multipliant les exploits de haute voltige et autres pirouettes, sautant sur tous les tremplins – ou sur tout ce qui pourra faire office de tremplins – ayant été préalablement (et très opportunément) placés sur leur chemin. Ils descendent donc des escalators, traversent des entrepôts abandonnés, et dévalent même un toboggan aquatique avec leurs vélos… En deux mots, ils se régalent en réalisant à l’écran les cascades insensées que tous les enfants des années 80 auraient rêvé de faire, le tout étant par ailleurs agrémenté d’effets sonores très amusants dès que les BMX fendent l’air. Mais le grand mystère autour du film réside bel et bien dans le fait que, grâce à la réalisation énergique de Brian Trenchard-Smith, Le Gang des BMX fonctionne au final plutôt bien… Par on ne sait quel alignement des planètes, et en dépit d’un postulat de départ absolument ridicule, le réalisateur des Traqués de l’an 2000 parvient ici à nous livrer un film pour enfants plutôt fun et enlevé. Un film 100% culte, qui représentait sans aucun doute pour les enfants australiens des années 80 ce que Les Goonies était pour le reste du monde.
Le Blu-ray
[4/5]
Mieux vaut tard que jamais : Elephant Films vient d’avoir l’excellente idée de sortir BMX Bandits / Le Gang des BMX sur support Haute-Définition. Et dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration a été fait avec soin : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD de 2005 est vraiment saisissant. Le grain d’origine est bien là, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs – et dieu sait s’il y en a dans ce film – sont boostées et renforcent encore l’aspect cartoonesque et sympathique du film. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray, même si on constate un léger bruit vidéo durant les scènes nocturnes ou en basse lumière. Côté son, c’est la classe également : le film est proposé en VO et VF dans d’étonnants mixages DTS-HD Master Audio 2.0 faisant la part belle à la bande originale ainsi qu’aux effets sonores, très ancrés années 80. La version française ravira sans doute les nostalgiques ayant découvert le film pendant leur enfance ou leur adolescence.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Julien Comelli (21 minutes), qui remettra BMX Bandits / Le Gang des BMX dans son contexte de production et fera un parallèle entre le film et les productions « live » des Studios Disney produits dans les années 60/70. Comme d’habitude avec les sujets mis en boite par le duo Julien Comelli / Erwan Le Gac, l’ensemble est complet et sympathique. On continuera ensuite avec une courte interview d’archive avec Nicole Kidman (2 minutes), enregistrée sur l’émission TV australienne « Young Talent Time ». Elle y révélera avoir été doublée pour les cascades en BMX, chose qui n’aura d’ailleurs échappé à quiconque ayant vu le film, tant le cascadeur la doublant est ostensiblement un adulte coiffé d’une perruque rousse. On terminera enfin avec une sélection de bandes-annonces éditeur, avec des films tels que Le Grand saut, Prête à tout ou encore Ça chauffe au lycée Ridgemont.