Blade runner 2049
États-Unis, Royaume-Uni, Canada : 2017
Titre original : –
Réalisation : Denis Villeneuve
Scénario : Michael Green, Hampton Fancher
Acteurs : Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 2h44
Genre : Science-fiction
Date de sortie cinéma : 4 octobre 2017
Date de sortie DVD/BR : 14 février 2018
En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bio-ingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies…
Le film
[5/5]
« Que les fans du film matriciel de 1982 se rassurent immédiatement, l’ambiance atmosphérique, si singulière, de celui-ci, qui en faisait tout le charme, est bel et bien maintenue ici, dans une proposition de cinéma totalement à contre-courant de ce à quoi les studios américains ont habitué le public depuis pas mal d’années maintenant. Lorsque l’on peut lire que Denis Villeneuve a eu droit à son director’s cut pour la version salles, c’est totalement perceptible devant le résultat, tant le rythme planant est conservé, pour le plus grand bonheur des fans de science-fiction existentielle, loin des délires pyrotechniques habituels à Hollywood. Si cette ambiance sera donc du goût de ceux ayant érigé le film original en œuvre culte, elle sera peut-être à même de déstabiliser une partie du public, qui s’attendrait à un film au rythme un peu plus nerveux. Autant le dire tout de suite, hormis quelques fulgurantes scènes d’action à la violence sèche et percutante, 99% du film se consacre à ces longues plages atmosphériques hypnotisant le spectateur et le laissant extatique durant toute la projection.
Bien entendu, si Blade runner 2049 fonctionne à ce point, c’est parce que Villeneuve s’est une fois de plus entouré d’une équipe technique particulièrement compétente, à commencer par son fidèle chef opérateur Roger Deakins, accomplissant ici l’un de ses plus grands exploits, en réussissant à ne jamais singer l’esthétique du film de Ridley Scott, avec un travail colorimétrique d’une précision et d’une beauté à nul autre pareil, dont les teintes ocre et orange qu’il affectionne tant chez les frères Coen ont vraiment de quoi sidérer, tant elles sont poussées ici à un degré de perfection qui continue à obséder bien après la projection. La mise en scène élégante fait le reste, avec des plans tranchants comme des lames de rasoir, ou au contraire, des mouvements d’appareils, comme toujours chez ce metteur en scène, à la lenteur permettant d’apprécier réellement les stupéfiantes trouvailles visuelles pullulant à chaque coin de l’écran. (…)
Tout, que ce soit la mise en scène, la photographie, ou les décors et objets, flatte la rétine au-delà de ce que l’on en attendait, provoquant un véritable vertige des sens. Les 2h30 passent toutes seules, malgré quelques passages dialogués paraissant un peu excessivement étirés, notamment les apparitions de Jared Leto qui provoquent certes un véritable trouble, pour ne pas dire malaise, mais dont il n’est pas certain que le film en aurait été diminué sans elles. C’est dans ces moments particulièrement, que l’on voit que le cinéaste a eu carte blanche, et peut-être que dans n’importe quel autre film, ils auraient fait partie des scènes ajoutées sur un futur director’s cut pour la vidéo. Mais on ne se plaindra pas d’avoir, pour une fois, un film tel que son instigateur l’a voulu, en salles. Certains pesteront d’ailleurs sur son aspect un peu verbeux, ce qui n’est pas faux, mais lorsque l’on aime cet univers et ses questionnements si fascinants, les dialogues se montrent passionnants, et ne tombent jamais dans un jargon trop abscons qui aurait tendance à devenir hermétique et pénible.
Au final, Denis Villeneuve a totalement réussi son pari fou, payant son tribut à Sir Ridley Scott, tout en continuant à développer son style, à l’intérieur d’une intrigue à la fois nouvelle et prolongeant parfaitement le film de base. Un grand film qui fera date à n’en pas douter, et que l’on espère voir fonctionner au box office, afin de pouvoir espérer d’autres prises de risques semblables à l’avenir. Car proposer aujourd’hui un blockbuster de 2h30, quasiment dénué de la moindre scène d’action, aux thématiques ne parlant pas forcément au plus grand nombre, et osant parfois une contemplation quasiment suicidaire, c’est ce qui s’appelle un sacré pari. »
Extrait de la critique de notre chroniqueur Sébastien Dard. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.
Le Blu-ray
[5/5]
Unanimement salué par la critique et le public (1,2 million de spectateurs dans les salles françaises), Blade runner 2049 se devait de frapper très fort en Blu-ray. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la galette Haute Définition éditée par Sony Pictures fait, côté image comme côté son, vraiment figure de Blu-ray de démonstration. L’image est d’une précision absolue, d’une limpidité extraordinaire, les couleurs en envoient littéralement plein les yeux, et les contrastes sont d’une finesse et d’une solidité à toute épreuve. La définition est purement et simplement irréprochable, le piqué d’une précision à couper le souffle, malgré de très nombreux éléments généralement problématiques (fumée, pluie, brouillard, éclairages de néons très francs…) on est vraiment en présence d’un Blu-ray somptueux. Côté son, les deux mixages (VF / VO) proposés DTS-HD Master Audio 5.1 s’avèrent immersifs, puissants, et font clairement honneur à l’ambiance et à l’ambition du film de Denis Villeneuve. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes : le confort d’écoute est tout simplement optimal.
La section suppléments contient, en une heure de bonus pour la plupart très intéressant, un aperçu très complet de l’univers imaginé par le film : on commencera avec un making of d’une vingtaine de minutes, qui sera complété par une série de six courtes featurettes revenant sur divers aspects de l’univers de Blade runner 2049 et de la conception du film. Mais le plus intéressant se situe dans les trois prologues du film : trois courts-métrages diffusés en ligne avant la sortie du film, prenant place dans cet univers de SF ré-imaginé et réalisés par Shinichiro Watanabe et Luke Scott. Ces trois courts extrêmement réussis et esthétiques sont introduits par Denis Villeneuve. Un supplément et un Blu-ray indispensables pour tous ceux s’étant laissé séduire par cette nouvelle incursion dans l’univers Blade runner.
Vous avez raison : c’est vraiment un blockbuster étrange, tant il ne se préoccupe pas de mettre en place des péripéties qui maintiendraient l’attention du spectateur. Il faut être réceptif à l’ambiance du film pour accrocher. Ou alors, il faut s’intéresser à la richesse thématique : on est tout de même dans un film d’anticipation qui pose de nombreuses questions quant l’avenir de l’humanité. Dans le film, la terre est de moins en moins habitable et il va falloir quitter la terre et aller se réfugier dans des colonies. Je ne sais pas si on pourra dans le futur vivre sur d’autres planètes, mais vu les catastrophes écologiques qui nous attendent, dues à la pollution et au réchauffement climatique, il est clair qu’on est bien mal parti, et sur ce point le film me paraît assez prophétique…