Black
Belgique : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Adil El Arbi, Bilall Fallah
Scénario : Adil El Arbi, Bilall Fallah, Nele Meirhaeghe
Acteurs : Sanâa Alaoui, Martha Canga Antonio, Aboubakr Bensaihi
Éditeur : TF1 Vidéo
Durée : 1h36
Genre : Drame
Date de sortie DVD/BR : 25 octobre 2016
Deux gangs des banlieues bruxelloises, les Black Bronx et les 1080, se mènent une lutte sans merci. Mavela, s’éprend de Marwan, membre du gang rival. Les deux amants s’enlisent alors dans une intense passion interdite et dangereuse…
Le film
[3,5/5]
Un temps prévu pour une sortie dans les salles obscures de l’hexagone, puis annulé par le distributeur à cause des « réticences des exploitants de cinéma à le programmer dans le contexte actuel », Black est un film traitant de délinquance juvénile, et plus particulièrement des affrontements entre gangs dans la ville de Bruxelles. Adapté de deux romans signés Dirk Bracke, que les auteurs ont probablement arrangé pour lui donner des airs de tragédie Shakespearienne (impossible de ne pas penser à Roméo et Juliette), le film d’Adil El Arbi et Bilall Fallah rappelle par son ton oscillant entre tendresse et violence des films aussi prestigieux que Kids (Larry Clark, 1995), Pixote, la loi du plus faible (Hector Babenco, 1981) ou encore La cité de Dieu (Fernando Meirelles & Kátia Lund, 2002).
Plongeant le spectateur en pleine immersion auprès de ces gamins paumés (« Tu ne te respectes pas, comment veux-tu que les gens te respectent »), le film fonctionnera probablement à plein régime chez les jeunes gens à qui il s’adresse ; ne proposant aucun repère du monde « adulte », le film se pose en témoin, sans chercher à juger, et s’avère probablement une peinture assez réaliste du désœuvrement qui gangrène ces bandes de jeunes. On pourra néanmoins arguer que ce genre de film nécessite une prise de position « politique » pour marquer durablement les mémoires. En effet, dans Black, si les jeunes n’aiment pas les flics, on se demande finalement pourquoi tant ces derniers ne sont que bienveillance ; il n’y aura aucune voix dissonante parmi la police, aucun parent ou proche se terrant dans une attitude démissionnaire, tous sont finalement là pour protéger et servir, de la même façon que les parents de Marwan / la tante de Mavela sont bel et bien présents pour venir le chercher au commissariat et le serrer dans leurs bras.
La force de films tels que ceux signés par Jean-François Richet dans les années 90 (Etat des lieux en 1995, Ma 6-T va crack-er en 1997) était également de mettre le doigt sur les maux de la société et les dysfonctionnements du système. Même Mathieu Kassovitz, qui pour le coup ne connaissait absolument rien à la banlieue quand il signait La haine en 1995 (et pour cause, dans le documentaire intitulé Sneakers, le culte des baskets, il déclarait avoir déjà fait, adolescent, des allers-retours France-USA juste pour aller se chercher une paire de baskets !) tentait avec un certain succès de donner à son discours une plus large portée sociale. Si la société française –et plus largement européenne– a certes changé en l’espace de vingt ans (la plus belle preuve étant qu’aujourd’hui, le « contexte actuel » a raison de la distribution du film en salles), c’est ce message politique fort qui fait que l’on se souvient encore de ces films aujourd’hui. Avec sa valeur de témoignage, et même s’il s’avère aujourd’hui un bel uppercut cinématographique (impossible de nier la force de certaines scènes), se souviendra-t-on de Black dans 10, 15, 20 ans ? L’avenir nous le dira.
Le Blu-ray
[4/5]
Après un petit passage par la case e-cinema, Black débarque donc aujourd’hui sur support Blu-ray sous les couleurs de TF1 Vidéo. Et voici une galette qui devrait mettre tout le monde d’accord : la photo du film, essentiellement nocturne, est littéralement sublimée par un encodage Blu-ray sans faille (le piqué ne souffre jamais de la basse lumière). Définition et niveau de détail sont au taquet, c’est du très beau travail. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : grosses basses de rap made in Belgium et effets surround très efficaces. Le mixage sonore est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, et passe en un éclair des ambiances discrètes finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants propres à secouer les murs.
Du côté des suppléments, TF1 Vidéo nous propose de découvrir, outre les traditionnelles bandes-annonces en avant-programme, le clip vidéo de la chanson Back to black, célèbre titre d’Amy Winehouse repris pour l’occasion par Oscar and the Wolf feat. Tsar B.