Azrael, l’ange de la mort
États-Unis : 2024
Titre original : Azrael
Réalisation : E.L. Katz
Scénario : Simon Barrett
Acteurs : Samara Weaving, Victoria Carmen Sonne, Katariina Unt
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Genre : Fantastique
Durée : 1h26
Date de sortie DVD/BR : 11 avril 2025
Dans un monde post-apocalyptique, une communauté chrétienne isolée a renoncé à la parole, désormais considérée comme un péché. Afin d’apaiser un mal ancien résidant au cœur de la forêt, Azrael est livrée en offrande à des créatures monstrueuses. Échappant de justesse au sacrifice, elle ne reculera devant rien pour assurer sa survie…
Le film
[4,5/5]
Lors de sa sortie sur les écrans en 2009, on avait déploré le fait que le film de Nicolas Winding Refn Valhalla Rising ne soit pas allé au bout de son concept en nous proposant un film intégralement muet. Il y a quinze ans, Refn n’avait pas osé jouer la carte du « zéro dialogue », ou en avait été empêché par ses producteurs. Pour autant, avec le recul, son film a eu le mérite d’ouvrir la voie à d’autres expérimentations, telles que celles de Iceman (Felix Randau, 2017), une relecture du western spaghetti en mode « Cro-Magnon », puis, plus tard, de Silent Night (John Woo, 2023) qui avait permis au papa de The Killer d’opérer la renaissance artistique la plus intense et la plus spectaculaire qui soit.
C’est aujourd’hui au tour d’E.L. Katz de nous proposer une plongée viscérale au cœur d’un univers sans paroles avec Azrael, l’ange de la mort. A nouveau, il s’agit d’un film qui prend le pari de compter non pas sur ses dialogues mais sur sa mise en scène pour dérouler son récit, et sur ses acteurs pour communiquer physiquement leurs émotions au spectateur. Si le nom d’E.L. Katz vous dit quelque-chose, c’est normal : il s’agit d’un collaborateur régulier d’Adam Wingard, qui était passé à la réalisation en 2013 avec l’impressionnant Cheap Thrills. Depuis, il n’était repassé derrière la caméra que pour un segment de ABC of Death 2 en 2014, puis en 2017 pour le film Small Crimes à destination de Netflix.
Pour Azrael, l’ange de la mort, E.L. Katz s’est adjoint les services d’un autre complice de longue date en confiant le scénario à Simon Barrett, qui avait signé les scripts de A Horrible Way to Die, You’re Next et The Guest pour Adam Wingard avant que ce dernier ne s’en aille filmer les affrontements de gros monstres à Hollywood. Et à n’en point douter, E.L. Katz parvient ici à retrouver la sécheresse et la brutalité des films ayant fait la renommée du duo Simon Barrett / Adam Wingard. Porté par la prestation extrêmement impliquée de Samara Weaving, qui délivre au cœur du récit toute la panique de cette femme muette luttant pour protéger sa vie, Azrael, l’ange de la mort frappe dur et fort, nous délivrant des scènes « gore » tellement horriblement réalistes qu’en termes d’impact sur le spectateur, elles surpassent – et de loin – les frasques dégueulbif de films tels que Terrifier 2 / Terrifier 3, pourtant réputés pour leurs excès sanguinolents.
Azrael, l’ange de la mort emmène le spectateur dans un monde post-apocalyptique assez original, le scénario laissant beaucoup de détails à l’imagination du public. Une poignée de mentions écrites au début du film nous donne cependant quelques bases : un événement nommé « Ravissement » semble avoir décimé le monde. Le « péché de parole » impose aux survivants de rester silencieux, et Azrael (Samara Weaving) est l’une de ces survivantes. La marque qu’elle a sur la gorge semble sous-entendre qu’elle n’est pas muette de naissance, et que sa voix ne lui a pas été prise par choix. Vivant dans une gigantesque forêt, elle file le parfait amour avec Kenan (Nathan Stewart-Jarrett), jusqu’à ce qu’un autre groupe de survivants, appartenant à une espèce de secte dirigée par une étrange prêtresse enceinte (Vic Carmen Sonne), les attaque afin de les livrer en pâture aux créatures de la forêt, des espèces d’humanoïdes aux faciès brûlés qui rôdent dans la forêt, réagissant au moindre son.
La majeure partie d’Azrael, l’ange de la mort prend la forme d’un survival foutrement efficace, plein de suspense, de rebondissements et – comme on l’a déjà dit plus haut – de cruauté graphique. Azrael y est poursuivie par Josephine (Katariina Unt), tandis qu’en parallèle, l’intrigue s’attarde également sur Miriam, qui dirige la communauté depuis une église où elle peint sur les murs une espèce de prophétie. Les décors sont aussi minimalistes que la narration, mais le rythme effréné du film nous propose de constantes montées d’adrénaline est bien présente, ce qui fait que l’absence de dialogues n’est jamais problématique, l’action et les choix d’Azrael permettant de développer suffisamment le personnage et ses motivations. Derrière la caméra, E.L. Katz nous propose un crescendo de gore et de violence au fur et à mesure que la nuit se prolonge, terminant dans un véritable bain de sang, et Samara Weaving porte le film sans effort grâce à une performance d’autant plus impressionnante qu’elle s’avère entièrement physique. Un sacré choc !
Le Blu-ray
[4/5]
Sélectionné au Festival de Gérardmer 2025, Azrael, l’ange de la mort était resté inédit dans les salles françaises, mais bénéficie aujourd’hui d’une deuxième chance au format Haute-Définition. Et côté Blu-ray, il n’y a aucun doute, l’éditeur Metropolitan Vidéo connaît le support Haute-Définition sur le bout des doigts et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Qu’il s’agisse de la définition, du piqué, des couleurs ou de la gestion des contrastes et de la tenue des noirs, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités. Niveau image, ce Blu-ray nous propose donc véritablement un sans-faute, et il faut de plus reconnaître que techniquement, le boulot de l’éditeur rend vraiment hommage à la photo du film signée Mart Taniel. Côté enceintes, la nature du métrage fait que le spectateur n’aura pas de choix entre VF ou VO, mais à une version « unique », mixée en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette dernière impose un dynamisme et une ampleur rarement atteinte : le spectateur sera littéralement transporté au cœur du film de façon très immersive et vraiment spectaculaire. Le rendu acoustique est époustouflant, avec des effets multicanaux constants, puissants, et spatialisés avec une finesse incroyable.
Dans la section suppléments, on commencera avec une featurette amusante consacrée à la scène de combat dans l’église, présentée en split-screen avec et sans effets spéciaux (2 minutes). Une façon originale de saluer le travail des cascadeurs sur le plateau et de mettre en évidence l’importance de la post-production. Ce court sujet sera complété d’un passionnant focus sur les maquillages du film (37 minutes), en compagnie de Dan Martin, fondateur de la boite d’effets spéciaux 13 Finger FX. On y découvrira le travail et les expérimentations de son équipe sur le plateau du film. Au fil des séquences et des effets horribles (mis en boite dans la joie et la bonne humeur), on ne pourra s’empêcher de penser qu’il est rassurant de constater que certains cinéastes font encore de nos jours à de véritables artisans, passionnés par leur boulot, qui réalisent les effets en « live », sans avoir recours au numérique.