Association de malfaiteurs
France : 1987
Titre original : –
Réalisateur : Claude Zidi
Scénario : Claude Zidi, Didier Kaminka, Simon Michaël
Acteurs : François Cluzet, Christophe Malavoy, Claire Nebout
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h44
Genre : Comédie, Policier
Date de sortie cinéma : 11 février 1987
Date de sortie Blu-ray : 6 juillet 2022
Quatre camarades d’HEC se retrouvent. Si trois d’entre eux ont réussi leur vie, Daniel, le quatrième, n’arrive pas à percer. Ses trois amis tentent de lui faire croire qu’il a gagné au Loto, mais l’histoire dégénère et échappe totalement au petit groupe…
Le film
[3/5]
A sa sortie en 1987, Association de malfaiteurs avait tout de même réuni 1,2 millions de français dans les salles – un score qui avec le recul pourra paraître étonnant, dans le sens où, 35 ans plus tard, cette comédie policière ne bénéficie pas de l’aura des « grandes » comédies populaires de Claude Zidi, telles que Les Ripoux ou Les Sous-Doués, souvent considérées comme des classiques du rire hexagonal.
L’oubli relatif dans lequel Association de malfaiteurs est retombé de nos jours s’explique peut-être par le fait que les deux personnages principaux du film, interprétés par François Cluzet et Christophe Malavoy, sont présentés sous un jour plutôt négatif. La description que nous propose Claude Zidi de ces jeunes cadres décomplexés issus de HEC est en effet assez féroce : il s’agit de jeunes gens absolument odieux, des arrivistes ne vivant que par et pour le pognon, et n’hésitant pas à mettre en place des subterfuges aussi coûteux que sophistiqués dans le seul but de nuire à un de leurs camarades de promotion, de l’humilier en lui faisant croire que ce dernier a gagné au loto, plutôt que de l’aider à monter un dossier financier tournant autour de l’installation prochaine de Disneyland à Marne la Vallée.
Ainsi, derrière la pochade de façade, Association de malfaiteurs cache une tonalité un peu plus sombre, tendant à laisser penser que dès qu’il s’agit d’argent, tous les coups – même les plus bas – sont définitivement permis. Dès lors, il nous paraîtra difficile d’éprouver un quelconque attachement pour les deux yuppies dégueulasses incarnés par François Cluzet et Christophe Malavoy, et ce n’est qu’au terme d’un long effort narratif que Claude Zidi et ses deux compères des Ripoux, Didier Kaminka et Simon Michaël, parviendront finalement à conférer une certaine humanité à ce duo de parvenus respirant l’arrogance et l’impunité.
Heureusement, Association de malfaiteurs parvient à retrouver une certaine légèreté à travers une jolie collection de seconds rôles, souvent savoureux : Hubert Deschamps dans la peau du « Tonton », Jean-Pierre Bisson dans un rôle de salopard de la finance, Claire Nebout en amoureuse transie, ou encore Véronique Genest, 31 ans, tout juste sortie de son escapade agitée avec Francis Perrin dans l’excellent Ça n’arrive qu’à moi (1985). Dans le film de Claude Zidi, elle incarne un rôle « prémonitoire » de commissaire de police – cinq ans plus tard, elle retrouverait en effet le grade de commissaire dans la série TV Julie Lescaut, rôle qu’elle tiendrait de 1992 à 2014 dans rien de moins que 101 épisodes.
Pour autant, on mentirait en affirmant que l’on rit beaucoup devant Association de malfaiteurs. Certains gags sont cela dit amusants, et une poignée de punchlines signées Didier Kaminka fonctionne encore une trentaine d’années après. Cela dit, l’intrigue est construite de manière assez rigoureuse, et le rythme est globalement bien tenu, ce qui permet au final à Claude Zidi d’aborder le thème de l’amitié masculine avec une certaine justesse, et ce même si le spectateur mettra un certain temps à s’attacher aux personnages, qui ne révéleront leurs failles ainsi que leur véritable personnalité que dans le dernier tiers du métrage. Par ailleurs, l’obsession de Zidi pour les gadgets et les nouvelles technologies se retrouvera dans certaines séquences, qui s’imposeront avec le recul comme les plus fascinantes du film – comment en effet résister à ces téléphones de voiture 100% vintage ou à ce cours magistral de modification de l’image torché avec un logiciel antique ?
Le Blu-ray
[4/5]
C’est sous les couleurs de Gaumont que débarque aujourd’hui Association de malfaiteurs au format Blu-ray. L’upgrade Haute-Définition du film de Claude Zidi vaut globalement le détour, avec une image très honorable et une granulation argentique d’origine respectée à la lettre, même si cette dernière se voit clairement accentuée dans les passages les plus sombres du film. La définition ne pose pas le moindre problème, les couleurs sont très honnêtes, bref on est assurément en présence de la meilleure copie du film disponible à ce jour sur le marché. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 qui nous restitue les dialogues de façon claire et équilibrée, sans souffle ni parasites.
Coté suppléments, l’éditeur Gaumont nous propose uniquement un intéressant entretien avec Christophe Malavoy (14 minutes). L’acteur reviendra sur sa grande complicité avec François Cluzet à l’époque du tournage, ainsi que sur leur joie de partager enfin un film dont ils constituaient les têtes d’affiche. Pour autant, le plaisir ne fut que de courte durée : d’après les propos de l’acteur, François Cluzet aurait installé une rivalité et une mauvaise ambiance sur le tournage, ce qui eut pour conséquence de le rendre assez pénible pour son partenaire ainsi que pour l’équipe en général. Christophe Malavoy soulignera en revanche le grand professionnalisme de Claude Zidi, qui a su parfaitement gérer la situation et tirer le meilleur de ses deux acteurs en dépit d’une atmosphère de tournage un peu lourde. Il reviendra également sur le film en lui-même, qui déglingue les grandes écoles et les requins de la finance, ainsi que sur les seconds-rôles.