Ascenseur pour l’échafaud
France : 1958
Titre original : –
Réalisateur : Louis Malle
Scénario : Louis Malle, Roger Nimier
Acteurs : Jeanne Moreau, Maurice Ronet, Lino Ventura
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h31
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 29 janvier 1958
Date de sortie DVD/BR : 4 novembre 2015
Un homme assassine son patron avec l’aide de sa femme dont il est l’amant. Voulant supprimer un dernier indice compromettant, il se retrouve bloqué dans l’ascenseur des lieux du crime…
Le film
[5/5]
Le temps qui passe semble n’avoir aucune prise sur le Cinéma de Louis Malle, qui reste encore à ce jour un des cinéastes français dont l’œuvre semble la plus fascinante et la plus riche qui soit. Avec deux nouveaux Blu-ray consacrés au cinéaste sortis en ce début du mois de novembre, Gaumont ne s’y trompe pas et contribue à faire perdurer l’aura du réalisateur d’Ascenseur pour l’échafaud à travers les décennies.
Il est amusant de constater que cet Ascenseur pour l’échafaud signé Louis Malle apparaît aujourd’hui, c’est à dire cinquante-sept ans après sa sortie, plus moderne et novateur que de nombreux films contemporains, qui, sans vouloir forcément verser dans le cliché le plus gerbant et réactionnaire du « c’était mieux avant », s’oublient aussi vite qu’ils sont vus.
Avec son introduction qui pourrait faire office de leçon de cinéma (les vingt premières minutes, limpides, présentent tous les personnages avec maestria, imposant avec pourtant peu de dialogues deux personnages féminins inoubliables), ses formidables inventions graphiques (l’interrogatoire plongé dans le noir, la descente de l’ascenseur), ses pointes d’humour irrésistibles (Felix Marten qui s’exclame « mais… c’est plein de flics ici ? » en rentrant dans le commissariat) ou encore sa bande originale vendue par brouettes aux amateurs de jazz, Ascenseur pour l’échafaud a définitivement de quoi marquer durablement les mémoires.
Mettant en parallèle au cœur de la nuit parisienne des immeubles aussi vides que les âmes qui hantent ses trottoirs, le film de Louis Malle laissait entrevoir cinquante ans de cinéma indépendant international à venir, préfigurant les errances magnifiques filmées par Martin Scorsese ou Mike Leigh dans les décennies qui ont suivi. Un chef d’œuvre, assurément.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Très attendu d’un très grand nombre de cinéphiles, Ascenseur pour l’échafaud débarque donc en Blu-ray sous les couleurs de Gaumont, qui étoffe mois après mois sa collection dédiée à Louis Malle. Et comme avec les livraisons précédentes, l’éditeur a plutôt soigné sa copie côté image, avec un master visiblement restauré et de toute beauté, affichant un grain préservé et un noir et blanc superbe tout en imposant un piqué précis : les contrastes sont fins et affirmés, et le master semble débarrassé de tous les dégâts infligés par le temps. Bref, la restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant, même si tout n’est certes pas encore tout à fait parfait (quelques noirs un peu bouchés, un léger banding visible sur les aplats obscurs par moments…). Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine. Les dialogues sont clairs et bien découpés, et la musique jazz de Miles Davis est superbement mise en avant.
Côté suppléments, on retrouvera l’entretien avec le pianiste René Urtreger, déjà disponible sur l’édition DVD collector de 2005, qui évoque ses souvenirs liés à l’enregistrement de la musique du film aux côtés de Miles Davis. Outre la bande-annonce du film en Haute Définition, Gaumont nous propose également un passionnant making of rétrospectif intitulé « L’espace d’une nuit », revenant également assez longuement sur les débuts fracassants de Louis Malle au cinéma. Également encodé en HD, ce formidable témoignage, dans la parfaite lignée des documentaires proposés par l’éditeur sur tous les Blu-ray des films de Louis Malle, réunit les interventions de Candice Bergen, Jean-Claude Carrière, Philippe Collin, José-Alain Fralon, Jean-Claude Laureux, Jean-Louis Lemarchand, Frédéric Malle, Jean-Claude Moireau, Jean-Paul Rappeneau, Volker Schlöndorff, Aldo Tassone ou encore Ghislain Uhry.