Antebellum
États-Unis : 2020
Titre original : –
Réalisation : Gerard Bush, Christopher Renz
Scénario : Gerard Bush, Christopher Renz
Acteurs : Janelle Monáe, Eric Lange, Jena Malone
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h46
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 9 septembre 2020
Date de sortie DVD/BR : 9 janvier 2021
L’auteure à succès Veronica Henley se retrouve projetée dans le XIXe siècle esclavagiste et doit percer le mystère de ce voyage vers le passé pour s’en échapper avant qu’il ne soit trop tard…
Le film
[4/5]
Black lives matter
Sans vouloir forcément faire preuve de cynisme, la mise en chantier d’un film tel qu’Antebellum n’est malheureusement pas forcément le signe d’une évolution des mentalités à Hollywood. Sans mettre en cause le moins du monde la sincérité des scénaristes / réalisateurs du film Gerard Bush et Christopher Renz, on suppose néanmoins que le montage financier de ce film d’horreur « conscientisé » est d’avantage à mettre au crédit d’un « effet de mode », les producteurs d’Antebellum y ayant vu une façon de profiter de la vague du cinéma fantastique fortement teinté de tensions raciales initiée par Jordan Peele avec Get out (2017) et Us (2019). Malgré quelques différences notables, leur film fait d’ailleurs indéniablement écho au cinéma de Peele, que cela soit dans la structure de son intrigue ou de son sous-texte très politisé.
Pour autant, ni les deux scénaristes / réalisateurs ni la production du film n’auraient pu prévoir l’émotion internationale suscitée par la mort de George Floyd en mai 2020 et l’essor que prendrait le mouvement « Black lives matter » dans les semaines et mois qui suivraient. Ainsi, à l’image de Da 5 Bloods : Frères de sang, le dernier film de Spike Lee, Antebellum prendrait avec l’actualité une dimension politique supplémentaire. Et au final, qu’il soit né – ou pas – d’une tentative de créer une nouvelle Blaxploitation tournant autour du cinéma horrifique n’aura plus aucune importance, dans le sens où on retiendra surtout que le film de Gerard Bush et Christopher Renz pointe du doigt un sujet extrêmement sensible, dans l’air du temps. Si on ignore à vrai dire quelle sera la pérennité du film, on ne peut que saluer cette immédiateté et le sentiment d’urgence sociale qu’il véhicule – ce qui contribue sans aucun doute à en faire un des films américains les plus incontournables de l’année 2020.
Sans spoiler
L’un des points communs les plus évidents entre Antebellum et les deux premiers films de Jordan Peele réside dans le fait qu’il est quasiment impossible d’en proposer une critique un tant soit peu poussée sans tomber dans le [Spoiler]. Pourtant, les surprises que nous réserve le script de Gerard Bush et Christopher Renz vaut le coup – et nécessite peut-être même – de se jeter dans l’expérience Antebellum à l’aveuglette : moins vous en saurez, plus le spectacle sera efficace. Aussi s’efforcera-t-on ici de taire à dessein l’intrigue du film. On indiquera seulement que l’intrigue se dérouler en deux lieux et époques différentes, mais fortement liées l’une à l’autre : la fin de la guerre civile dans une plantation de coton au Sud des États-Unis, et le monde moderne. Au centre de ces deux époques, on retrouvera Janelle Monáe, qui incarne Eden, une esclave, et Veronica, psychologue / sociologue célèbre dévouée à la cause des femmes, et en particulier des femmes de couleur.
L’impact que pourra avoir Antebellum sur le spectateur réside dans la structure du film, et dans la façon dont les deux époques et les deux chronologies s’opposent et se répondent. On s’arrêtera là pour l’intrigue du film. Cependant, on peut tout de même saluer l’intelligence de la mise en scène de Gerard Bush et Christopher Renz, qui nous proposent de plus une poignée de séquences vraiment marquantes, à l’image de l’extraordinaire plan-séquence qui ouvre le film, porté par des images au ralenti et par la musique de Nate Wonder et Roman Gianarthur. On notera également la beauté assez sublime de la photo de Pedro Luque, qui nous offre une poignée de plans vraiment magnifiques et inoubliables (le brûloir, la cavale à cheval…). De la belle ouvrage donc, pour un film à découvrir.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le Blu-ray d’Antebellum édité par Metropolitan Vidéo fait, comme d’habitude avec l’éditeur, vraiment figure de galette de démonstration. L’image est d’une précision et d’une limpidité à toute épreuve, les couleurs en envoient plein les mirettes, et les contrastes sont d’une solidité à toute épreuve. Côté son, la piste VO, mixée en Dolby Atmos fait honneur à l’ampleur et à l’ambition du film. Les scènes les plus agitées comme les scènes où règne le silence s’avèrent gérées d’une main de maître, et bénéficient d’un dynamisme acoustique redoutable. Le final, tout comme les scènes sur lesquelles la musique prend le pas sur les images s’avèrent d’une force et d’une finesse tout simplement bluffantes. La version française bénéficie quant à elle d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 souvent tonitruant, mais un peu en deçà de la version originale, surtout en termes de précision.
Dans la section suppléments, on se régalera dans un premier temps d’un making of en 2 parties (1h05), qui reviendra dans un premier temps sur la genèse du film, ainsi que sur les thématiques, les personnages ou l’ambiance générale du métrage. La deuxième partie est quant à elle d’avantage axée sur la production et le tournage. On continuera avec une petite poignée de scènes coupées (8 minutes). On terminera ensuite avec deux featurettes, la première dédiée aux références et aux clins d’yeux que l’on peut repérer dans le film (6 minutes), l’autre centrée sur la préparation et le tournage de la scène d’ouverture (5 minutes).