Test Blu-ray : Angel Heart – Aux portes de l’enfer

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Angel Heart – Aux portes de l’enfer

États-Unis, Canada, Royaume-Uni : 1987
Titre original : Angel Heart
Réalisation : Alan Parker
Scénario : Alan Parker
Acteurs : Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h53
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 8 avril 1987
Date de sortie DVD/BR : 1 avril 2021

1955. Harry Angel est un détective privé. Un homme se faisant appeler Louis Cyphre l’engage pour rechercher un certain Johnny Favourite. Son enquête à peine commencée, toutes les personnes qu’il contacte ayant connu Johnny sont tuées dans des circonstances mystérieuses. Au fur et à mesure qu’il apprend des choses sur lui-même et son client, Harry découvre qu’il doit se battre pour sa propre survie…

Le film

[4/5]

Sous l’impulsion de Blade Runner en 1982, une esthétique que l’on pourrait qualifier de Néo-Noir s’est lentement mise à contaminer le cinéma Hollywoodien, et au fil des années 80, on a vu fleurir les films se déroulant dans des univers entretenant volontairement un léger « flou » quant à l’époque où ils se déroulaient. Si l’exemple le plus évident de cette tendance formelle est probablement Les rues de feu (Walter Hill, 1984), il semble difficile de ne pas rattacher également Angel Heart (Alan Parker, 1987) à cette volonté de brouiller les pistes – une façon sans doute pour Alan Parker de plonger le spectateur dans la même confusion que son personnage principal, dont on suit la chute avec une certaine fascination…

L’intrigue d’Angel Heart se déroule donc en 1955 : plusieurs éléments du récit appuient clairement sur cette date, et la Seconde Guerre mondiale a d’ailleurs une certaine importance au cœur de l’intrigue. Pour autant, le film d’Alan Parker est vraiment estampillé « années 80 », et rétroactivement, cette impression sera encore amplifiée par la présence au casting de Mickey Rourke, qui disparaitrait quasiment des écrans radar après Harley Davidson et l’homme aux santiags (1991), n’apparaissant que dans quelques films avant sa renaissance artistique en 2009 avec The wrestler.

Baladant le spectateur de New York jusqu’à la Nouvelle-Orléans, Angel Heart suivra donc la lente descente aux enfers du personnage de détective privé incarné par Mickey Rourke. Ce dernier livrera dans la peau d’Harry Angel une de ses prestations les plus intenses. Au fil des séquences, la bizarrerie de la mise en scène d’Alan Parker augmentera au même rythme que la fébrilité du personnage principal. Dans les premières bobines, le détective apparait comme sûr de lui, séducteur, plein de bagout et développant même un certain cynisme typique des privés de fiction, à la Philip Marlowe pourrait-on dire. Un peu moins de deux heures plus tard, Parker abandonnera un personnage lessivé, complètement perdu, pâle, transpirant, au bord de la crise de nerfs.

Un sentiment de paranoïa grandissante imprègne le film d’Alan Parker, relayé par la musique entêtante de Trevor Jones. Atmosphérique, inquiétant, multipliant les plans symboliques et s’amusant à égarer le spectateur en chemin, Angel Heart conserve en grande partie sa force, plus de trente ans après sa sortie, grâce à la maestria déployée par Alan Parker derrière la caméra. Aux limites de l’expérimental par moments, le film développe une impression étouffante de distorsion du réel, menant à un résultat aussi oppressant que visuellement époustouflant.

Cette maitrise et ce sens de l’image dont fait preuve Alan Parker contribuent clairement à conférer à Angel Heart une atmosphère délétère, quasiment toujours aux frontières du cauchemar, planant au-dessus des images même si l’intrigue en elle-même semble parfois partir dans toutes les directions. L’obsession de Parker pour certains motifs visuel (ventilateur, ascenseur…), alliée à la photo littéralement sublime de son complice de toujours Michael Seresin mais également au montage de Gerry Hambling, font au final d’Angel Heart une expérience certes imparfaite, mais éprouvante et mémorable.

Bien sûr, Angel Heart fait également partie de ces films qu’il faut probablement avoir découvert à l’adolescence pour les apprécier à leur pleine saveur, et ce pour tout un tas de raisons : originalité de ce traitement Hollywoodien de l’horreur, attachement à l’esthétique particulière du film ou au jeu de Mickey Rourke, dont la carrière était ici à son sommet… Pour autant, trente-quatre ans après sa sortie dans les salles françaises, grâce à la classe indémodable de sa mise en scène, la découverte d’Angel Heart fait toujours son petit effet !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Déjà sorti en Blu-ray en France en 2010, Angel Heart avait bénéficié en 2020 d’une restauration 4K et d’une nouvelle sortie en Combo Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray. A destination des cinéphiles non-équipés de lecteur 4K, le film d’Alan Parker fait sa réapparition en Haute-Définition le 1er avril 2021, toujours chez StudioCanal. Il s’agit d’une réédition en Blu-ray « simple » reprenant le master restauré 4K déjà exploité dans le Combo sorti l’année dernière.

Une comparaison entre ce master restauré 4K et l’ancienne édition sortie il y a dix ans nous force à nous rendre à l’évidence quant à la supériorité évidente de ce nouveau Blu-ray. Le boulot de restauration a en effet été fait avec soin, et que le bond qualitatif par rapport aux éditions antérieures est vraiment saisissant : le grain d’origine a été préservé, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs sont vraiment explosives, fidèles à la photo de Michael Seresin. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray. Côté son, c’est la classe également : VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine ; la version originale bénéficie également d’un épatant mixage DTS-HD Master Audio 5.1 rajoutant encore à l’immersion au cœur du film tout en préservant l’esprit général du long-métrage d’Alan Parker.

Dans la section bonus, l’éditeur StudioCanal a mis les petits plats dans l’écran (ha ! ha ! ha !) et nous propose une sacrée fournée de suppléments savoureux. On commencera avec une courte introduction au film par Alan Parker (2 minutes), qui sera suivie d’un commentaire audio d’Alan Parker (VOST). Le cinéaste y évoquera ses souvenirs du tournage d’Angel Heart, revenant notamment sur les différents lieux où il a planté sa caméra, sur les changements qu’il a choisi d’opérer par rapport au roman de William Hjortsberg dont il s’inspire, ainsi que, plus largement, sur ses relations avec les acteurs Mickey Rourke et Robert De Niro, et la véritable « bataille d’égos » que se livraient.

On continuera ensuite avec un entretien avec Alan Parker (27 minutes) réalisé en 2015 par Jean-Pierre Lavoignat (Première, Studio Magazine). Le réalisateur de Midnight Express y reviendra sur ses influences américaines, ainsi que sur son travail et l’évolution de sa carrière. Il reviendra ensuite plus spécifiquement sur la conception d’Angel Heart ainsi que sur ses choix de casting. On poursuivra ensuite avec une poignée d’entretiens et portraits d’archives (21 minutes), donnant brièvement la parole à Alan Parker ainsi qu’aux acteurs Lisa Bonet et Mickey Rourke. Alan Parker y évoquera à nouveau les changements qu’il a apporté, aux lieux de tournage ainsi qu’au style visuel qu’il désirait pour le film. On aura également droit à une featurette d’archive (7 minutes) qui nous donnera à voir quelques moments volés sur le tournage entrecoupés d’intervention des membres du casting. Idem pour la featurette dédiée aux coulisses du film (2 minutes), qui nous donnera à voir Alan Parker et son équipe en train de tourner diverses séquences du film.

S’ils s’éloignent volontiers du film en tant que tel, les différents documents que l’on découvrira au cœur de la section « Les vérités du vaudou » (58 minutes) seront en revanche tout à fait passionnants. On y reviendra sur les mythes populaires et les idées reçues entourant la pratique du vaudou (la fameuse « poupée », les cérémonies, etc). Une poignée d’intervenants pratiquant le vaudou reviendront donc sans langue de bois sur sa représentation au cinéma, notamment dans Angel Heart, mais également sur son Histoire ainsi que sur différents aspects du culte : la musique, la danse, les sorts… Les différents mythes et croyances tenaces tournant autour du Vaudou seront démontées de façon tout à fait édifiante.

Enfin, on terminera le tour des suppléments par la traditionnelle bande-annonce, qui s’accompagnera d’une imposante galerie de photos du tournage (15 minutes).

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