Test Blu-ray : Abigail

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Abigail

États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Scénario : Guy Busick, Stephen Shields
Acteurs : Melissa Barrera, Dan Stevens, Alisha Weir
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h50
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 29 mai 2024
Date de sortie DVD/BR : 9 octobre 2024

Suite au kidnapping de la fille d’un puissant magnat de la pègre, un groupe de criminels amateurs pensaient simplement devoir enfermer et surveiller cette jeune ballerine afin de pouvoir réclamer une rançon de 50 millions de dollars. Retirés dans un manoir isolé, les ravisseurs commencent mystérieusement à disparaître, les uns après les autres, au fil de la nuit. C’est alors qu’ils découvrent avec horreur, que la fillette avec lesquels ils sont enfermés n’a rien d’ordinaire…

Le film

[4/5]

On avait découvert le collectif « Radio Silence » en 2020 avec l’épatant Wedding Nightmare, qui mettait en scène une jeune mariée aux prises avec une poignée de psychopathes dans un immense manoir de type Victorien. Bien entendu, on retrouvera dans Abigail le même jeu du chat et de la souris dans les couloirs labyrinthiques d’une vaste demeure victorienne. Pour autant, si le film de 2020 n’appartenait pas, à proprement parler, au genre fantastique, les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett établiront d’entrée de jeu un lien entre Abigail et le classique de la Universal Monsters Dracula (Tod Browning, 1931), puisque leur film s’ouvrira, comme le film de 1931, sur un extrait du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. On pourra d’ailleurs noter qu’une partie de l’intrigue d’Abigail se rapproche de celle de La Fille de Dracula (Lambert Hillyer, 1936), un autre film Universal Monsters. Au départ, le film devait d’ailleurs également s’intituler La Fille de Dracula et faire partie du Dark Universe, l’univers partagé basé sur les reboots des classiques de la Universal, mais décision fut finalement prise d’en faire un film totalement indépendant.

Au moment où s’ouvre Abigail, le spectateur sera amené à découvrir, sur la mélodie du Lac des Cygnes, la petite fille (Alisha Weir) dansant sur la scène d’un théâtre vide, répétant ses pointes et ses mouvements avec grâce, ses cheveux impeccablement coiffés. L’image de la pureté et de l’innocence en d’autres termes, même si sa peau pâle et sa tenue blanche contrastent brutalement avec le sol noir de la scène. Lors de certains de ses pas de danse, on pourra avoir l’impression qu’elle vole. Indéniablement doués pour fournir au spectateur des plans puissamment évocateurs, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett annoncent déjà la couleur, et en l’espace de seulement quelques plans, la véritable nature de la jeune fille ne fera pas le moindre doute au fantasticophile éclairé. En parallèle avec sa danse, on découvrira une petite bande de truands se préparant méthodiquement afin de la kidnapper. Bien qu’ils ne connaissent ni l’identité de la jeune fille, ni celle de son père, ils savent qu’elle est la voie d’accès à un pactole de 50 millions de dollars…

L’idée de Lambert (Giancarlo Esposito), qui est à l’initiative de ce plan de kidnapping, est de séquestrer la jeune Abigail dans un manoir, qui s’imposera rapidement comme un endroit sinistre, rempli de couloirs sinueux, de statues bizarres, de peintures lugubres et d’animaux empaillés – on se croirait presque dans La Nuit de tous les mystères de William Castle. La découverte des lieux sera également l’occasion pour le public d’Abigail de faire connaissance avec l’équipe de kidnappeurs, aux personnalités très différentes, et composée de Dan Stevens (The Guest), Melissa Barrera (Scream V, Scream VI), Will Catlett, Kevin Durand (The Strain), Angus Cloud (Euphoria) et Kathryn Newton (Freaky, Lisa Frankenstein). Chacun d’entre eux possède ses qualités et ses défauts, mais tous s’avèrent attachants, leurs personnages étant suffisamment fouillés pour ne pas donner l’impression d’être des « coquilles vides ».

Cette galerie de personnages est assurément une des clés de la réussite d’Abigail, mais elle n’est pas le seul élément qui suscitera l’enthousiasme du spectateur. Le manoir flippant où se déroule la majeure partie du film s’impose en effet comme un personnage à lui-seul. Il ne s’agit pas d’un décor recréé en studio mais d’une vraie maison lugubre irlandaise, susceptible en l’espace d’une séquence de passer du charme désuet d’une attraction type Manoir hanté ou du récit à la Scooby Doo à l’horreur la plus graphique qui soit. La piscine intérieure est notamment brillamment utilisée pour l’une des scènes les plus mémorables du film, et l’utilisation d’une véritable maison comme décor permet assurément aux réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett de nous proposer une mise en scène plus créative, dans le sens où chaque espace dans lequel évoluent les acteurs peut être filmé à 360 degrés.

Les amateurs de cinéma fantastique se réjouiront également à coup sûr des efforts faits par les auteurs d’Abigail pour que les effets spéciaux du film soient essentiellement « old school », à base non pas de CGI mais de prothèses, lentilles, etc. Lors des confrontations avec la petite vampire qui donne son titre au métrage, des litres et des litres de faux sang ont été utilisés afin d’asperger le décor et les acteurs, et le rendu à l’écran n’en est que plus viscéral et efficace : il n’y a rien de plus déprimant que le sang en CGI. On soulignera également le travail effectué par la jeune Alisha Weir afin de donner corps à son personnage : ses mouvements de danseuse, régulièrement soulignés par la mise en scène et les chorégraphies de combats, contribuent de plus à lui conférer un magnétisme éthéré vraiment flippant dans son genre. Par ailleurs, on notera qu’Abigail est dédié à la mémoire de l’acteur Angus Cloud, décédé durant le tournage du film.

Malheureusement, et en dépit de toutes ses qualités, Abigail n’a pas aussi bien fonctionné au box-office que ne l’espéraient ses producteurs. En novembre dernier, la polémique autour des prises de position de Melissa Barrera concernant le conflit israélo-palestinien – qui lui ont d’ailleurs values d’être renvoyée du tournage de Scream 7 – ont incité Universal à réduire la couverture promo du film qui, au final, n’a rapporté que 26 millions de dollars de recettes aux États-Unis. De fait, Abigail a dû batailler afin de rentabiliser un minimum ses 28 millions de budget. Il y parviendrait finalement en atteignant les 40 millions de dollars grâce à son exploitation à l’international, mais en dépit d’une fin ouverte laissant entrevoir la possibilité d’une suite, il y a en réalité peu de chances que cette dernière se concrétise un jour.

Le Blu-ray

[4/5]

Après avoir attiré un peu plus de 155.000 français dans les salles au printemps dernier, Abigail débarque au format Blu-ray sous les couleurs d’Universal Pictures, qui nous propose à cette occasion une expérience Home Cinéma au taquet. Même si l’essentiel du film se déroule de nuit, l’image est absolument superbe, et rend un vibrant hommage à la sublime photo du film signée Aaron Morton, dont le sens de l’images nous avait déjà scotché sur La Malédiction : L’origine. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (sang, couleurs vives…), le master tient toujours parfaitement la route et s’avère un véritable régal. Les différentes pièces du manoir servant de décor au film sont éclairées chaudement, donnant une teinte presque dorée à la plupart des espaces intérieurs ; le niveau de détail est excellent, les cheveux, tissus et autres détails affichent des textures presque palpables, tout comme les diverses portes sculptées ou les murs défraichis de la maison. Du très beau travail ! Côté son, en VO comme en VF, nous aurons droit à des mixages impressionnants et finement spatialisés. La version originale est proposée dans un puissant mixage Dolby Atmos (qui sera décodé en Dolby TrueHD 7.1 par les amplis non compatibles), et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film en imposera au spectateur tant du point de vue visuel qu’acoustique, avec des passages littéralement tonitruants et des effets dynamiques de toutes parts. La version française, disponible en Dolby Digital+ 7.1, saura également tirer son épingle du jeu d’un point de vue sonore : le mixage tape dur, et la spatialisation apportera au spectateur son lot de petites surprises aux quatre coins de la pièce. Un superbe boulot.

Dans la section suppléments, on commencera avec un commentaire audio des réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett et du monteur Michael Shawver (VOST). Comme celui d’Immaculée que nous avons évoqué il y a quelques semaines, ce commentaire a la particularité d’avoir été enregistré avant la sortie du film dans les salles, ce qui implique que les intervenants n’avaient encore aucune idée de l’échec que rencontrerait Abigail au box-office US. Ils évoqueront, entre autres, la spécificité des lieux de tournage, les effets spéciaux, la chorégraphie des combats ou encore sur la performance de la jeune Alisha Weir. On continuera ensuite avec une petite série de scènes coupées (7 minutes), avec notamment l’intégralité de la scène de danse d’Abigail, qui seront complétées par un amusant bêtisier (10 minutes). Le reste des bonus sera composé de featurettes informatives mais orientées promo. La première reviendra sur les effets spéciaux du film (7 minutes), et notamment sur les prothèses utilisées sur le tournage ou sur la mise en boite des scènes « gore », filmées dans la joie et la bonne humeur alors que les réals crient « more blood ! ». La featurette suivante reviendra sur les personnages du film (6 minutes) : les acteurs reviendront sur leur préparation (notamment en ce qui concerne le maniement des armes), tout en revenant sur les caractéristiques de leurs personnages ou ce qu’ils apportent à l’intrigue ou à l’atmosphère du film. On continuera ensuite avec un sujet dédié au personnage d’Abigail (4 minutes) : les deux co-réalisateurs et Alisha Weir y évoqueront les deux facettes du personnage, et on terminera par un focus sur les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (6 minutes), dans lequel le duo évoquera ce qui les a séduits dans le projet, et leur volonté de moderniser le mythe du vampire, notamment par le biais de l’humour.

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