Test Blu-ray : A l’ombre des potences

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A l’ombre des potences

 
États-Unis : 1955
Titre original : Run for cover
Réalisation : Nicholas Ray
Scénario : Winston Miller, Harriet Frank Jr, Irving Ravetch
Acteurs : James Cagney, Viveca Lindfors, John Derek
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h33
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 23 septembre 1955
Date de sortie DVD/BR : 12 avril 2019

 

Matt Dow et Davey Bishop sont devenus des amis mais, à la suite d’une méprise, ils sont soupçonnés d’avoir attaqué un train. Ils sont arrêtés et finissent par se disculper mais Davey a été gravement blessé. Une de ses jambes est définitivement morte. Matt et Davy sont engagés comme shérifs. Une attaque de banque a lieu…

 


 

Le film

[3,5/5]

En 1954, la découverte de Johnny Guitar a littéralement fait exploser la popularité de Nicholas Ray, surtout dans le cercle – pas si fermé – des amateurs de westerns. Le film est d’ailleurs de nos jours toujours considéré comme l’un des plus grands classiques du genre, et constitue souvent même une « date » dans l’esprit des cinéphiles, dans le sens où il s’agissait du tout premier (du seul ?) western à proposer au public un discours ouvertement féministe, et que le film était une œuvre tellement originale et lyrique qu’elle contribuerait largement à faire « bouger les lignes » du genre dans les années qui suivraient. Ainsi, soixante-cinq ans après, on ne pourra que s’étonner à la découverte d’À l’ombre des potences : il s’agit en effet d’un western antérieur à Johnny Guitar, puisque Nicholas Ray l’a tourné en 1955, mais il ne possède aucunement le caractère « révolutionnaire » du long-métrage mettant en scène Joan Crawford et Sterling Hayden. Au contraire, À l’ombre des potences s’impose comme le représentant d’un classicisme absolu, ne débordant jamais réellement du genre qu’il aborde, et ne possédant pas du tout la portée sociale et quasi-politique de son film précédent.

Ainsi, on pourra de nos jours éprouver une certaine déception à la découverte d’À l’ombre des potences : ce sentiment a bien sûr un fond de légitimité (on a toujours du mal à envisager qu’un cinéaste de génie ne nous livre pas une œuvre géniale et novatrice à chaque nouveau film), et on devra donc s’efforcer de juger ce long-métrage pour ce qu’il est, et non en réaction à son film précédent. Ce qui, finalement, n’est peut-être pas si évident que cela…

C’est d’autant moins évident de mettre de côté la carrière de cinéaste de Nicholas Ray que derrière ses allures de western tout à fait traditionnel, À l’ombre des potences semble porter en lui les germes d’un autre chef d’œuvre, que le réalisateur tournerait d’ailleurs la même année, en 1955 : on parle bien sûr de La fureur de vivre. Impossible en effet de ne pas dresser de passerelles mentales entre Davey, le personnage incarné par John Derek dans À l’ombre des potences, et celui de Jim Stark, interprété par James Dean dans La fureur de vivre. Si bien sûr la finalité n’est pas la même, on tient en effet ici deux portraits de jeunes hommes ne parvenant pas à trouver leurs marques dans la société, et qui serviront à illustrer à l’écran le conflit des générations. Cependant, À l’ombre des potences développera un discours moins noir et désespéré que le film ayant immortalisé James Dean, et s’attardera au contraire d’avantage sur des thématiques liées à la transmission et à l’apprentissage, avec en filigrane une touchante relation père / fils de substitution.

Et au final, le film de Nicholas Ray s’impose comme un western profondément empreint de tendresse, véhiculant parallèlement à son récit de « coming of age » des valeurs extrêmement positives : entraide, respect, responsabilités (le titre original du film, Run for cover, est d’ailleurs à double sens, dans le sens où le choix de faire face à ses responsabilités ou de fuir scellera le destin de Davey) et amour bien sûr, puisque la romance entre les personnages de James Cagney et Viveca Lindfors occupe finalement une part importante de l’histoire. Sympathique !

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc aujourd’hui Sidonis Calysta qui a eu l’excellente idée de ressortir À l’ombre des potences en Combo Blu-ray + DVD dans sa collection « Western de légende », et on admettra sans peine que le rendu Haute Définition est de toute beauté. Le master restauré est en effet d’une belle stabilité, la définition est impeccable et les couleurs sont éclatantes, riches de nuances assez magnifiques, et affichant un grain argentique scrupuleusement préservé. Côté son, le film de Nicholas Ray est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 en VF ou VO anglaise, les deux mixages sont clairs et équilibrés, et le film dispose de sous-titres français absolument satisfaisants. Rien à redire donc niveau technique, c’est du très beau travail.

Côté suppléments, comme d’habitude avec les films édités au sein de la collection « Western de légende », on trouvera les traditionnelles présentations du film par François Guérif et Patrick Brion. La présentation de François Guérif en particulier attirera notre attention par sa pertinence, notamment dans le parallèle – très juste – qu’il fait entre À l’ombre des potences et Les ruelles du malheur, tourné par Nicholas Ray en 1949.

 

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