À l’assaut du Fort Clark
États-Unis : 1954
Titre original : War Arrow
Réalisation : George Sherman
Scénario : John Michael Hayes
Acteurs : Jeff Chandler, Maureen O’Hara, John McIntire
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h18
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 15 octobre 1954
Date de sortie DVD/BR : 1 juillet 2022
La tribu indienne des Kiowas lance régulièrement des raids contre les colons installés dans l’Oklahoma. Le major Howell Brady propose d’éradiquer le fléau qu’elle constitue en leur opposant d’autres indiens, les Séminoles. Redoutant que ceux-ci, de farouches guerriers désormais réduits à la misère, ne se retournent contre l’armée américaine, son supérieur refuse. Pourtant, bientôt, il n’aura plus le choix…
Le film
[3,5/5]
Au premier abord, À l’assaut du Fort Clark à vraiment l’air d’un western des plus classiques, comme les studios américains en produisaient en masse dans les années 50. D’ailleurs, tous les clichés du genre sont présents : le fort, la cavalerie, les Indiens et, bien sûr, une pointe de romance. Pourtant, au fur et à mesure que l’intrigue du film avance, on commence à se dire que le film de George Sherman n’est peut-être pas si anecdotique que ce qu’on imaginait à priori. À l’assaut du Fort Clark contient en effet beaucoup d’éléments narratifs très intéressants, qui s’intègrent tous de façon assez remarquable au cœur d’un scénario extrêmement bien pensé, et qui abordera, sans avoir l’air d’y toucher, des thématiques peu abordées dans le genre western, telles que la jalousie, l’entêtement et les faux-semblants.
On reconnaît d’ailleurs bien là le talent de John Michael Hayes, qui deviendrait dès l’année suivante un collaborateur régulier d’Alfred Hitchcock, en signant pour lui les scénarios de films tels que – excusez du peu – Fenêtre sur cour, L’homme qui en savait trop ou encore La main au collet. Ainsi, si l’intrigue de À l’assaut du Fort Clark s’avère globalement assez prévisible, on ne pourra s’empêcher de saluer la richesse du film dans son ensemble, qui réussit à se montrer tout à fait rythmé et divertissant, avec de bonnes prestations de Jeff Chandler et Maureen O’Hara, mais aussi et surtout à combiner et à articuler de façon fluide et passionnante différentes sous-intrigues qui, au final, feront clairement tout le sel et l’originalité du film.
Comme on l’avons déjà indiqué plus haut, À l’assaut du Fort Clark multiplie les clichés du western des années 50, et pendant les dix, quinze premières minutes du film, qui suivent l’arrivée du major Brady au fort, on est clairement en terrain connu. Les premiers soupçons de romance font leur apparition dans les interactions entre le major Brady et la jeune veuve Elaine Corwin, et nous apprenons que le fort est incapable de faire face aux assauts des Indiens Kiowa. On ajoutera à cette mise en place familière une certaine forme de ressentiment, le colonel Jackson Meade (John McIntire) sentant confusément que Brady va le destituer de son commandement, surtout lorsque Brady soulève l’idée de former des Indiens Séminoles pour les aider dans la lutte contre les Kiowas.
Ce mélange de clichés et de surprises se poursuivra tout au long de À l’assaut du Fort Clark : après avoir conclu un accord avec les Séminoles et les avoir entraînés au combat, Brady découvre que le colonel Meade n’a pas respecté son engagement de donner de la nourriture à leurs familles. La romance attendue se contrarie également, lorsque l’on découvre qu’Elaine Corwin est persuadée que a simulé sa propre mort pour déserter le fort. Ces différentes sous-intrigues permettent finalement au film de George Sherman de nous proposer un canevas narratif solide, à la fois tout à fait classique et prévisible, mais ne se plaçant jamais non plus tout à fait là où on l’attend.
En résumé, À l’assaut du Fort Clark s’avère un western qui, à première vue, ressemble à n’importe quel autre western de série B des années 1950, mais qui réussira contre toute attente à associer tous les clichés du western auxquels on s’attend à une intrigue riche et bien ficelée qui, en plus des problèmes avec les Indiens, de l’action et de la romance, comporte également une poignée de thématiques fortes et assez inattendues.
Le Blu-ray
[4/5]
Après une sortie courant 2008 au format DVD chez Universal, À l’assaut du Fort Clark débarque aujourd’hui en Blu-ray, cette fois sous les couleurs de Sidonis Calysta, et vient grossir les rangs de la très riche collection « Western de légende » de l’éditeur. Le master est proposé en 1080p, et le rendu s’avère perfectible mais globalement satisfaisante ; le tout est encodé avec soin, et le film de George Sherman affiche un niveau de détail et des contrastes solides, même si les couleurs pourront parfois paraître un peu étranges (peut-être le problème est-il du à un alignement approximatif des bandes du Technicolor, cela arrive régulièrement sur les films de cette époque). En revanche, l’image ne semble pas avoir subi de filtrage numérique, le grain argentique est globalement respecté. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine), et bénéficie d’un rendu acoustique relativement ouvert et ample, d’une parfaite efficacité malgré un très léger souffle. Les dialogues sont intelligibles, et la piste est globalement très propre, sans effets de saturation intempestifs.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Patrick Brion (9 minutes), qui replacera tout d’abord le film dans son contexte de tournage en évoquant les westerns également sortis en 1954. Il évoquera également rapidement la carrière de George Sherman. On continuera ensuite avec une présentation du film par Jean-François Giré (13 minutes), qui évoquera les autres films pro-indiens tournés George Sherman. Il reviendra ensuite plus précisément sur À l’assaut du Fort Clark, soulignant son originalité mais également ses limites. Enfin, on trouvera également une évocation de la carrière de Jeff Chandler assurée par Patrick Brion (21 minutes). Synthétique mais intéressant. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce du film.