The Northman
États-Unis, Chine : 2022
Titre original : –
Réalisation : Robert Eggers
Scénario : Sjón, Robert Eggers
Acteurs : Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Anya Taylor-Joy
Éditeur : Universal Pictures Home Entertainment
Durée : 2h17
Genre : Drame, Action
Date de sortie cinéma : 11 mai 2022
Date de sortie 4K : 25 septembre 2024
Le jeune prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est brutalement assassiné par son oncle qui s’empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserker, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle…
Le film
[4/5]
Après The Witch en 2016 (130.000 entrées) et The Lighthouse en 2019 (76.000 entrées), Robert Eggers est enfin parvenu cette année à attirer le public français dans les salles avec The Northman, qui a enregistré 359.000 entrées au mois de mai dernier, sur un circuit de 351 salles. Voila un succès plus qu’honorable pour le cinéaste américain, qui jusqu’ici avait été unanimement salué par la critique pour ses films indépendants, mais s’avérait un peu boudé par le public.
The Northman est également pour Robert Eggers le film de la reconnaissance par le métier : enfin repéré par les grands studios, il disposerait ici des moyens suffisants afin de mettre en forme sa « vision ». Il passerait donc abruptement des budgets limités du cinéma indépendant (un million de dollars pour The Witch, quatre pour The Lighthouse) à un budget estimé à 60 millions. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambition du cinéaste et son sens de l’image se ressentent clairement à l’écran : The Northman est en effet un immense spectacle visuel. Eggers a un don pour imaginer des cadres qui claquent, et même ses plus fervents détracteurs ne pourront le nier.
Pour le reste, on peut supposer que les amoureux des premiers films du cinéaste seront aux anges. Côté scénario, l’ambitieux récit imaginé par Robert Eggers et Sjón – écrivain islandais et parolier occasionnel pour Björk, qui joue tient d’ailleurs un petit rôle dans le film – convoque les grands classiques de la mythologie, ainsi que Shakespeare (le héros s’appelle Amleth !). Et au final, The Northman revêt certes en bien des points l’ampleur des grandes légendes classiques, mais s’avère malheureusement également très prévisible : aucun des rebondissements de l’intrigue ne provoquera la moindre surprise chez le spectateur.
Seule compte ici la mise en images, et celle-ci s’avère, on l’a déjà dit, absolument grandiose, mais on pourra regretter que l’histoire d’Amleth (Alexander Skarsgård) se déroule un peu en pilote automatique, au détriment de l’émotion, de la « viscéralité », et par conséquent également de l’immersion pour le spectateur. Ainsi, si le rythme de The Northman est globalement bien maîtrisé par Robert Eggers, il y a tout de même de fortes chances pour que les spectateurs s’étant ennuyé ferme devant The Witch et The Lighthouse trouvent à nouveau le temps long. Car en dépit de ses régulières scènes de combat, le film de Robert Eggers est plutôt une œuvre à combustion lente, qui prend le temps de s’attarder sur la psychologie de ses personnages (pas de gentils, pas de méchants), ainsi que sur la relation entre Amleth et Olga (Anya Taylor-Joy), qui permet au personnage principal de gagner un peu en profondeur.
En résumé, The Northman s’avère donc un film de vengeance des plus classiques, solide mais malheureusement un peu trop cousu de fil blanc pour nous scotcher à nos sièges. Cependant, l’intérêt est clairement rehaussé par une direction photo éblouissante, ainsi que par des décors et une reconstitution historique vraiment bluffants dans leur genre. Si la musique prend parfois un peu trop le pas sur ce qui se passe à l’écran, l’ambiance n’en demeure pas moins très bien tenue, et une poignée de scènes devraient logiquement marquer notre mémoire assez durablement. Par ailleurs, et puisque Robert Eggers est désigné comme l’un des chefs de file du sous-genre horrifique appelé « Elevated Horror », on ne pourra que souligner l’influence qu’a pu avoir Ari Aster sur The Northman, en particulier sur les nombreuses scènes de rituels vikings qui émaillent le film – le réalisateur du génial Midsommar est d’ailleurs remercié au générique.
Le Blu-ray 4K Ultra HD – Édition SteelBook limitée
[5/5]
Déjà disponible au format Blu-ray 4K Ultra 4K depuis deux ans, le film-culte The Northman s’offre ce mois-ci une nouvelle édition Combo Blu-ray + 4K, qui s’affiche sous la forme d’un superbe SteelBook en édition limitée. Le film de Robert Eggers nous proposant une palette de couleurs désaturée jouant énormément sur les contrastes de noir et blanc, il va sans dire que The Northman bénéficie d’une amélioration assez considérable en 4K si on le compare à son équivalent Blu-ray. Bien que le Blu-ray soit déjà excellent, il semble évident qu’au petit jeu des comparaisons, le Katka l’emporte absolument dans tous les domaines : profondeur, précision des couleurs, détails des textures netteté globale… L’étalonnage HDR10 est un délice, même si le film s’accroche fermement à sa palette de couleurs intensément grises et sombres. Des éclats de couleurs plus vives auront occasionnellement l’occasion de s’exprimer, et globalement, les rouges et les verts naturels bénéficient d’une profondeur et d’une précision plus éclatantes. Et bien sûr, les contrastes sont magnifiques, avec des noirs intenses et profonds et des blancs brillants, notamment sur la neige. Les niveaux de gris sont également renforcés, affichant une clarté accrue et pleine de nuances. Les textures bénéficient d’une définition et d’une visibilité accrues. Les détails de la peau sont poussés à un niveau légèrement supérieur à celui du Blu-ray, de même que les décors naturels.
Niveau son, la VO s’offre un mixage en Dolby Atmos qui sera, faute de matériel adéquat, décodé dans un Dolby TrueHD 7.1 aux dimensions épiques : l’immersion est optimale pour le spectateur, la spatialisation joue la carte de l’ambiance, de l’efficacité et de la finesse : une pure démo acoustique. De son côté, la VF ne bénéficie « que » d’un mixage Dolby Digital+ 7.1, tonitruant et proposant également une immersion du tonnerre. Dans les deux cas, les spectateurs se sentiront totalement immergés dans le maelström des combats, d’une violence épique. La partition musicale de Robin Carolan et Sebastian Gainsborough est bien servie pas une ampleur acoustique imposante, et les dialogues sont toujours parfaitement clairs pendant toute la durée du film.
Dans la section suppléments, outre un commentaire audio du réalisateur Robert Eggers, l’éditeur nous proposera tout d’abord une belle sélection de scènes coupées ou alternatives (12 minutes). La plus intéressante d’entre elles, très courte, met en scène le fantôme d’Aurvandil (Ethan Hawke). On continuera ensuite avec plusieurs featurettes revenant sur le tournage du film. Le premier sujet fera office de rapide making of (11 minutes) : on y abordera l’intrigue, l’influence de la mythologie viking ou encore l’authenticité des décors et des costumes… On passera ensuite à un sujet consacré aux personnages du film (10 minutes), ainsi qu’aux acteurs qui les incarnent. Le reste des suppléments reviendra sur des « points de détail » de l’intrigue – on commencera avec un retour sur la scène du rite de passage d’Amleth (4 minutes). On reviendra ensuite sur la scène du raid sur le village (4 minutes), une des scènes d’action les plus brutales du film, et on terminera avec un petit topo sur le jeu de Knattleikr (3 minutes), à l’issue duquel se joue un des événements les plus importants du film. Enfin, le dernier sujet sera consacré aux paysages et décors d’Irlande du Nord ayant servi au tournage (5 minutes).